Avis d'expert

Mercedes-EQS 580 4MATIC 2022 : essai routier

8,2
10
SCORE AutoHebdo
Ce score est attribué par notre équipe d’experts après des tests approfondis de la voiture
  • DESIGN
    6/10
  • Sécurité
    9/10
  • HABITABILITÉ
    8/10
  • CONVIVIALITÉ
    8/10
  • CARACTÉRISTIQUES
    9/10
  • PUISSANCE
    9/10
  • CONFORT
    8/10
  • AGRÉMENT DE CONDUITE
    8/10
  • CONSOMMATION DE CARBURANT
    9/10
  • VALEUR
    8/10

Officiellement, la première voiture électrique commercialisée par le groupe Mercedes-Benz est apparue en 2018 sous la forme d’une smart fortwo électrique. Mais, comme vous le savez peut-être, la division smart n’a plus pignon sur rue en Amérique du Nord, l’appétit des consommateurs nord-américains qui est plus grand que celui d’une minuscule citadine à deux sièges. L’introduction de la gamme électrique EQ aurait normalement dû faire ses débuts avec le multisegment EQC, mais la conjoncture en a décidé autrement.

C’est donc avec cette réincarnation électrique de la Classe S que l’étoile d’argent fait ses premiers pas de ce côté-ci de l’Atlantique dans le créneau des grandes berlines… électriques! Au moment d’écrire ces lignes, une seule version de la limousine silencieuse est offerte chez nous, l’EQS 580 4MATIC qui n’a pas à rougir devant les autres berlines électriques de prestige présentes sur nos routes. L’EQS se mesure notamment à la Tesla Model S, mais aussi à la Porsche Taycan et à l’Audi e-tron GT, sans oublier la future BMW i7 ou même la Lucid Air.

J’ai pu prendre le volant de la nouvelle grande dame de la marque de Stuttgart, l’instant de quelques jours, question de voir si cette « Classe S du futur » était aussi impressionnante que la « Classe S du passé », Mercedes-Benz qui offre encore une version équipée d’un moteur thermique, ne l’oublions pas.

Design : 6/10

Les véhicules électriques ont intérêt à être aérodynamiques pour arriver à offrir des autonomies acceptables. Jetez un coup d’œil à l’alignement de Tesla; les quatre modèles de la marque américaine ont tous une silhouette de goutte d’eau. Et on peut dire sensiblement la même chose du design de l’EQS, la berline qui s’éloigne de la robe classique de la Classe S à essence.

On remarque que le format en trois boîtes de la berline traditionnelle est délaissé au profit de cette forme de « jelly bean ». Le coefficient d’aérodynamisme de 0.20 est d’ailleurs la nouvelle référence dans l’industrie. La position des piliers A et C y est assurément pour quelque chose. Le résultat est davantage futuriste que grandiose, notamment avec ce bouclier lisse… comme une goutte d’eau, du moins au centre où l’habituelle calandre est remplacée par ce panneau noir et où trône la célèbre étoile d’argent. Le reste de la devanture est plus en ligne avec les autres berlines de la marque avec ces ouvertures latérales, une gracieuseté de l’ensemble optionnel Nuit qui intègre l’ensemble aérodynamique AMG, mais également les superbes jantes multibranches de 21 pouces.

Derrière, la présence de cet unique feu de position montre ce à quoi il faut s’attendre des futures créations de Mercedes, l’EQS qui se distingue également de son ancêtre à essence par la présence d’un hayon, au lieu du coffre classique. Disons seulement que la forme de la voiture aurait compliqué le chargement des objets plus longs dans ce cas-ci.

Sécurité : 9/10

L’EQS est une berline de prestige et la présence d’un arsenal complet au niveau de la sécurité n’a rien d’étonnant. La berline en question était tout d’abord équipée de la direction aux roues arrière, l’EQS qui vient d’office avec un angle de rotation des pneus de 4,5 degrés, mais dans ce cas-ci, la berline électrique profitait de l’ensemble optionnel qui donne plutôt un angle de rotation de 10 degrés, ce qui facilite les manœuvres à faible vitesse ou celles à vitesse d’autoroute. Cette caractéristique n’apporte peut-être rien au chapitre de la sécurité, mais une tenue de route exemplaire peut aussi être considérée comme un élément de sécurité.

Il y a aussi l’aide au stationnement, le régulateur de vitesse intelligent avec aide à la conduite et maintien dans la voie, l’aide au changement de voie automatisée, la surveillance des angles morts, le freinage automatique avec détection des piétons et des cyclistes, la surveillance de l’attention du conducteur et bien plus encore.

Habitabilité : 8/10

Ici, le format de berline défavorise l’EQS face à son futur équivalent utilitaire – Mercedes-Benz a déjà présenté la variante utilitaire –, mais la présence du hayon est un bénéfice pour le rangement des valises ou d’une commande d’épicerie, qui sait? Prendre place à bord de la voiture ne pose aucunement problème, l’ouverture des portières qui est suffisamment large pour ne pas se cogner la tête sur la ligne de toit par exemple. L’espace est également très généreux aux deux rangées de sièges, et ce, même si la berline prêtée pour l’occasion n’était pas équipée de l’ensemble optionnel Premium (3 000 $) ou de l’ensemble Exécutif (7 000 $).

Convivialité : 8,5/10

Elle est assez difficile à manquer celle-là; je veux bien entendu parler de l’impressionnante planche de bord recouverte de l’hyper écran MBUX qui consiste en un trio d’écrans regroupés sous un seul panneau vitré qui traverse la voiture d’une portière à l’autre. Seules les buses de ventilation circulaires – et les deux autres au centre – nous rappellent qu’on a affaire à un tableau de bord. Si l’EQS s’active à l’aide du bon vieux levier de vitesses installé sur la colonne de direction, la très grande majorité des commandes de la voiture est disponible via l’écran central tactile, tandis que l’écran de droite – également tactile – donne la possibilité au passager de s’impliquer pendant que le conducteur garde sa concentration sur la route devant la voiture.

Les graphismes qui s’y retrouvent sont d’une grande précision, un commentaire qui s’applique aussi à la réactivité de l’écran lorsque les doigts pointent l’une des innombrables applications disponibles devant les passagers de la première rangée. Je dois tout de même mentionner que le minuscule rectangle tactile logé au centre de la console peut à l’occasion causer des changements imprévus à l’écran si l’un des occupants accroche ce dernier avec son coude ou son avant-bras. Mais, règle générale, la portion tactile de la première rangée n’est vraiment pas un obstacle au maniement de cette Classe S du XXIe siècle, malgré toute sa complexité.

Confort : 8/10

En authentique berline pleine grandeur, la Mercedes-Benz EQS 580 4MATIC 2022 n’est pas à la recherche du dernier record autour du célèbre circuit du Nürburgring. L’EQS est une berline confortable, notamment par sa suspension pneumatique, mais aussi par le silence de roulement qui règne à bord. Là où l’EQS n’est pas l’égale de la Classe S toutefois, c’est dans la réaction de sa suspension aux irrégularités du bitume. En effet, on sent que la voiture est lourde, plus lourde que la S à essence du moins. Et cette pesanteur additionnelle a une incidence sur la fermeté des amortisseurs. En effet, ça tape un peu plus que prévu, et ce, même en mode Confort. Mais, n’allez pas croire un seul instant que l’EQS est inconfortable! Peut-être que l’EQS fait mieux avec ses jantes de 20 pouces, la plus petite taille disponible pour la berline électrique.

Puissance : 9/10

La Mercedes-Benz EQS 580 4MATIC 2022 sort de l’usine avec une paire de moteurs électriques développant une puissance de 516 chevaux et un couple optimal de 630 lb-pi. Et on parle ici de la livrée médiane, le constructeur qui commercialise aussi une livrée EQS 450+ ailleurs dans le monde, ainsi qu’une version EQS 53 AMG livrant 658 chevaux. Ce qu’il faut comprendre, c’est que malgré le poids important de la berline électrique (2 585 kg), ses concepteurs lui ont greffé un groupe motopropulseur capable de propulser le paquebot à 100 km/h en moins de temps qu’il n’en faut pour prononcer le nom de la voiture au complet.

Agrément de conduite : 8/10

Le constructeur allemand est surtout reconnu pour le confort de ses grandes berlines. La Classe E et la Classe S, notamment, sont des salons roulants et l’EQS poursuit dans cette veine, sans surprise d’ailleurs. Il ne faut pas s’attendre à la brutalité d’un muscle car en prenant place derrière le volant de cette berline conçue pour rouler à une cadence effrénée sur le réseau d’autoroutes allemande (mieux connu sous l’appellation Autobahn), mais surtout pour garder ses occupants dans le plus grand confort.

C’est vrai que l’habitacle est accueillant avec ses boiseries véritables, l’aluminium brossé, le cuir Nappa et cet écran de 56 pouces, mais qu’en est-il de l’expérience de conduite? Comme toute bonne voiture moderne connectée et « techno au possible », l’EQS propose plusieurs modes de conduite, ceux-ci qui ont évidemment un effet sur l’autonomie de la voiture. En mode Sport, l’EQS aiguise ses réflexes, la direction qui se raidit, tout comme le rebond de la suspension pneumatique et les réactions du groupe motopropulseur sont beaucoup plus vives.

La présence de cette direction arrière fait en sorte que les virages en ville sont très directs. En revanche, sur l’autoroute, l’EQS file le parfait bonheur lorsque la route n’est pas trop bosselée. Le poids de la voiture semble pénaliser la berline toutefois, la suspension qui se montre plus sèche que prévu. Quant à la puissance et au couple des deux moteurs, disons seulement qu’il est permis de se demander pourquoi Mercedes-Benz a osé développer une version AMG quand la livrée régulière livre autant la marchandise, mais bon, l’être humain ne sera jamais satisfait avec les performances

Économie de carburant : 9/10

Dans son calcul de consommation, l’ÉnerGuide canadien annonce une moyenne de 22,4 kWh/100 km. Pour ma part, en prenant soin de rouler un peu plus sur l’autoroute, ma moyenne s’est plutôt arrêtée à 24,6 kWh/100 km, une statistique que je dois aux accélérations répétées durant cette semaine d’essai.

Caractéristiques : 9,5/10

La Mercedes-Benz EQS est déjà à la base une voiture hyper bien équipée, mais pour qu’elle soit complète, son constructeur oblige sa clientèle à faire des choix avec quelques groupes optionnelles très intéressants et des options individuelles. Dans ce créneau réservé aux mieux nantis, le constructeur a le beau jeu de procéder ainsi. La berline prêtée pour ces quelques jours d’essai profitait du groupe Nuit (5 000 $), du groupe Premium (7 000 $), de la caméra de planche de bord (300 $), du groupe Cuir Nappa Exclusif (2 000 $), du système ENERGIZING AIR CONTROL PLUS (650 $) qui s’occupe de capter toutes les particules, les virus et autres bactéries dans l’air avant d’atteindre l’habitacle, l’éclairage ambiant (700 $). Avec tout l’équipement standard et ces quelques options, disons que l’EQS 580 4MATIC fait plutôt bien en matière d’équipement!

Valeur : 8,5/10

Depuis quelques mois, la valeur des voitures électriques grimpe en flèche. Le prix de l’essence en est la cause principale, mais l’opinion publique se veut de plus en plus favorable à l’électricité comme source d’énergie à bord de l’automobile. Avec un prix de base de 146 500 $, la berline électrique de Mercedes-Benz ne s’adresse vraiment pas à un public cible élargi en revanche. L’EQS est destinée aux quartiers huppés où les consommateurs n’ont pas besoin des rabais gouvernementaux pour rouler en électrique.

Conclusion

L’entrée en scène de l’EQS en sol canadien se fera en douceur, le nombre d’élus qui demeure limité, et ce, même si Tesla a démontré qu’il y avait des gens fortunés intéressés à l’énergie alternative. Premièrement, la crise de la chaîne d’approvisionnement n’est pas réglée, mais en plus, on parle ici d’une voiture de luxe dispendieuse à acquérir. À ce niveau, la berline EQE pourrait connaître plus de succès grâce à un prix d’entrée plus raisonnable.

En revanche, cette première véritable électrique commercialisée sur notre continent s’avère tout un tour de force, par l’exécution certes, mais aussi sur le plan technique.

Les concurrents
Caractéristiques
Cylindrée 385 kW
Nb. de cylindres n/d
Puissance 516 ch
Couple 630 lb-pi
Consommation de carburant 2.6 / 2.4 / 2.5 Le/100 km, 23.0 / 21.1 / 22.4 kWh/100 km ville/route/comb; 547 km autonomie
Volume de chargement n/d
Modèle à l'essai Mercedes-Benz EQS 580 4MATIC 2022
Prix de base 146 500 $
Taxe climatiseur 100 $
Frais transport et préparation 2 995 $
Prix tel qu’essayé 165 245 $
Équipement en option
15 650 $ – Groupe Nuit, 5 000 $; Groupe Premium, 7 000 $; Caméra de planche de bord, 300 $; Groupe Cuir Nappa Exclusif, 2 000 $; Système ENERGIZING AIR CONTROL PLUS, 650 $; Éclairage ambiant, 700 $