Avis d'expert

Premier essai : Hyundai Nexo 2019

L’hydrogène fait rêver l’imaginaire collectif depuis les années 50. Des constructeurs européens ont tenté l’aventure dans les années 90, comme BMW avec la Série 7, mais sans jamais commercialiser les modèles mis à l’essai.

Une technologie intéressante

À première vue, l’hydrogène est attirant. L’hydrogène est l’élément le plus abondant sur la planète et sa combustion n’entraîne que de la vapeur d’eau. Cela explique sans doute pourquoi BMW, Honda, Toyota et quelques géants automobiles se sont déjà essayés aux voitures consommant de l’hydrogène. Il existe en réalité deux manières d’utiliser l’hydrogène. La première consiste à envoyer sous forme liquide l’hydrogène directement dans un moteur à combustion.

C’est ce que BMW a utilisé comme méthode dans les années 90 avec la Hydrogen 7. Vous avez besoin d’un réservoir qui conserve l’hydrogène à une température sous la barre des -259,2 degrés. En plus de mettre beaucoup de stress sur le moteur, l’hydrogène moins volatile que l’essence n’offre pas la même puissance. Sur le V12 de BMW qui produisait 445 chevaux avec un plein d’essence, cette puissance était réduite à 260 chevaux avec de l’hydrogène qui coûte aussi plus que l’essence.

L’autre méthode qui est aujourd’hui largement répandue est la pile à combustible. Ces autos sont mues par un moteur électrique qui est alimenté par de l’électricité produite par cette fameuse pile qui fonctionne à l’hydrogène. Cette dernière s’alimente d’hydrogène pour fonctionner. La Honda Clarity FCX en 2008 a été la première voiture commercialisée avec cette technologie. Depuis, Hyundai et Toyota ont suivi respectivement avec un Tucson et la Mirai. Le Nexo est donc le deuxième véhicule à hydrogène chez Hyundai.

Un style peu inspiré

Physiquement, le Nexo a l’air d’un utilitaire assez banal qui prend son inspiration un peu partout dans le monde des utilitaires. Ironiquement, ce modèle était présenté côte à côte avec le Kona électrique et, ne serait-ce de la calandre très différente, les deux modèles offrent à peu de choses près le même gabarit et une approche assez semblable. Pourtant il semble facile de comprendre qu’un modèle avec une technologie transcendante mérite un style particulier. Honda l’a fait avec la Clarity qui est laide, mais distinctive. Un Nexo unique et joli, cela semble possible. Mais bon, disons qu’il n’est pas laid, c’est déjà ça de gagné!

Un intérieur propre et sans bavure

Sans être inspirant, l’habitacle est agréable à l’œil, mais ne dévoile pas de surprises technologiques. Nous pensons ici à la première génération de Nissan Leaf et son écran central sorti tout droit d’un film de science-fiction ou encore la première génération de Volt chez Chevrolet. Rien de cela dans le Nexo qui semble avoir empruntée la tablette à un modèle Mercedes en l’installant au centre du tableau de bord. Les teintes de gris clairs des cuirs végétaux et différentes surfaces ont toutefois un côté apaisant. La qualité générale est moyenne. Les plastiques sont durs et l’habillage peu convaincant.

Toutefois, Hyundai a travaillé fort pour conserver le plus d’espace possible pour les passagers. L’hydrogène requis est placé sous pression dans trois petits réservoirs qui se glissent sous le véhicule conservant ainsi 839 litres de chargement dans l’espace cargo et plus de 1 600 en rabaissant les sièges 1/3–2/3. Pour ce qui est de l’équipement, il n’y a pas de choix à faire. Il existe une seule version, sans option. Votre seul choix sera parmi les cinq teintes offertes. Vous avez droit aux projecteurs aux DEL à l’avant comme à l’arrière, au régulateur de vitesse adaptatif, à la surveillance des angles morts et au maintien en ligne. À cela s’ajoute une sellerie en cuir « vegan » , des sièges avant électriques, chauffants et climatisés, une chaîne audio Krell, un toit ouvrant panoramique en plus des compteurs digitaux et du chargeur de téléphone à induction, bref, il ne manque de rien.

Une conduite tout en souplesse

Avec ses 1 867 kilos, le Nexo n’a rien d’une ballerine sur la route. La calibration de la suspension a été faite pour plaire aux États-Unis et à la Chine qui seront les principaux acheteurs. Elle est donc souple et confortable avec peu de rendus de la direction. Un véhicule qui sera donc plus agréable en situation urbaine. L’habitacle est d’ailleurs très silencieux. Les gens de Hyundai ont précisé que le Nexo profitait de verre acoustique qui élimine pratiquement tous les bruits parasites. Ce serait une excellente idée de l’utiliser aussi pour le Kona. Les 156,6 litres de réserve d’hydrogène offrent une autonomie de 600 km au Nexo. La puissance annoncée est cotée à 161 chevaux et le couple à 291 lb-pi. Ces chiffres doivent prendre en compte le poids conséquent du véhicule. Malgré tout cela, la consommation d’hydrogène a tourné autour d’une équivalence de 57 milles au gallon américain ce qui se traduit par environ 4,1 litres aux 100 km.

Disponible au Québec en janvier 2019

À la manière de Toyota qui a lancé un véhicule hybride à une période où personne ne connaissait la technologie, Hyundai va mettre en marché un véhicule à hydrogène. Pour le moment, le problème majeur réside dans l’approvisionnement en hydrogène. La ville de Québec aura quelque part en 2019 une station Shell munie d’une pompe à hydrogène. Montréal devrait suivre au début de 2020. Le seul endroit au Canada qui possède actuellement une station à hydrogène est Vancouver. Toronto en espère aussi une pour 2020. Hyundai souhaite qu’en mettant la technologie disponible, cela force la main à l’industrie pour rendre l’hydrogène plus facilement accessible. Aucun prix n’a encore été annoncé pour le Nexo. En Europe, le modèle se négocie à environ 72 000 euros. Ce ne sera pas à la portée de toutes les bourses, mais cela demeure pour le moment une curiosité automobile.