Avis d'expert

Volkswagen Jetta Highline 2022 : essai routier

7,3
10
SCORE AutoHebdo
Ce score est attribué par notre équipe d’experts après des tests approfondis de la voiture
  • DESIGN
    6/10
  • Sécurité
    7/10
  • HABITABILITÉ
    8/10
  • CONVIVIALITÉ
    8/10
  • CARACTÉRISTIQUES
    8/10
  • PUISSANCE
    7/10
  • CONFORT
    8/10
  • AGRÉMENT DE CONDUITE
    6/10
  • CONSOMMATION DE CARBURANT
    8/10
  • VALEUR
    7/10

Le mot « générique » prend deux définitions dans la vie de tous les jours. Au cinéma, il s’agit de la fiche technique de l’œuvre qui défile à la fin, avec l’interminable liste de tous les individus, lieux et entités ayant contribué à l’œuvre. Générique signifie aussi la version banalisée, anonyme d’un bien renommé, tel un produit sans nom qui se substitue à un autre de grande marque. La Jetta rassemble ces deux définitions. D’abord, en version Highline, son contenu est tel qu’il semble sans fin. Ensuite, elle accomplit bien son boulot, mais sans saveur particulière. Mais est-ce là un défaut, ou un atout? C’est ce qu’on découvre cette semaine.

Design : 6,5/10

Vendue sous le vocable Bora ailleurs dans le monde, la Jetta demeure néanmoins un produit essentiellement destiné à l’Amérique du Nord, un marché qui préfère les berlines aux modèles à hayon, et ce, depuis son lancement en 1979. Il aura fallu attendre 2019 pour que la berline rattrape le reste de la gamme et passe enfin à la plateforme MQB, mais une fois de plus, la perception qu’a Volkswagen du marché américain a pris le dessus sur les désirs des fanatiques de la marque. Après une Dodge Grand Caravan maquillée en Routan et une Passat simplifiée émule des Impala, voilà que VW nous offre une berline aux lignes inoffensives au possible avec châssis dénudé. Remarquez que la discrétion n’est pas un défaut en soi, mais il manque à cette Jetta le « je-ne-sais-quoi de germanicité » qui transpirait des anciennes moutures. C’est idem dans l’habitacle tout noir dont les formes équarries, sans fioritures, visent la fonction et non l’émotion, un design aux antipodes de celui de l’extravagante Elantra. Les passagers arrière se croiront en classe économique, les panneaux de portières moulés en « dur » étant dépourvus des garnitures des panneaux avant – une économie du manufacturier qui ne passe pas inaperçu. Remarquez que le style sobre façon complet-cravate grande surface de l’allemande vieillira sans doute mieux que celui de sa rivale coréenne très « tendance du jour », mais on aurait aimé un zeste de quelque chose pour assaisonner cet océan de plastiques durs et de noir piano bon marché.

Puissance : 7/10

Lancée avec un 4-cylindres turbocompressé de 1,4 litre, sobre, mais un peu juste, la Jetta bénéficie depuis l’an dernier du nouveau moteur de 1,5 litre introduit sous le capot du VUS sous-compact Taos. Avec 158 chevaux et 184 lb-pi de couple offert à bas régime, ce moulin ajoute une belle souplesse à la Jetta. Exclusivement livrable avec la traction avant, la Jetta offre le choix d’une bonne vieille boîte de vitesses manuelle à six rapports dans les livrées Trendline et Comfortline, alors que notre Highline d’essai offre de série l’automatique à huit rapports (optionnelle sur les deux autres). Ainsi mue, la Jetta offre des prestations très honnêtes pour la catégorie, à la hauteur des Civic turbocompressées et nettement au-devant des Corolla, des Civic 2,0-litres ou du tandem Forte/Elantra. Pour encore plus de verve, il y a évidemment la GLI avec son 2,0-litres turbo emprunté à la GTI! Notez que les Jetta « tranquilles » s’abreuvent d’essence ordinaire, alors que la GLI préfère l’essence super.

Agrément de conduite : 6/10

La Jetta emploie une boîte automatique conventionnelle au lieu des CVT ou boîtes à double embrayage de la concurrence. Curieusement, son comportement ressemble à ces dernières pour qui porte attention au passage des rapports, mais parfois, elle semble s’empêtrer dans ses huit choix et peut marquer des hésitations ou allonger deux rapports d’affilée avec une sensation de CVT… Les rétrogradations vers l’arrêt sont aussi saccadées à l’occasion. Les modes Eco, Normal et Sport influent la réponse de l’accélérateur et la programmation de la boîte sans trop affecter les performances, quoiqu’elle semblait moins malhabile sous les modes Eco et Sport. Contrairement à la GLI, la Jetta régulière est suspendue à l’arrière par une simple poutre de torsion, et les tarages vraiment très souples visent le confort, la Jetta rebondissant comme une américaine d’autrefois – attention au mal des transports! Les pneumatiques de 17 pouces ont beau avoir un profil plus bas que les 16 pouces de base, ils ont tôt fait de protester dans une bretelle serrée d’autoroute et on devine rapidement que les gènes sportifs de la Jetta sont profondément refoulés, voire oubliés sur une tablette. Avis aux puristes de VW : une Corolla possède un meilleur coup de volant…

Convivialité : 8/10

Maintenant bien ancrée au sein des flottes de location, la Jetta vise une conformité face aux attentes du conducteur et rien ici n’est déroutant. On apprécie le levier de vitesse conventionnel, le commutateur des phares au tableau de bord, les commandes simples bien disposées sur le volant, les molettes rotatives et touches physiques de la climatisation ainsi que les bons vieux « pitons » de l’infodivertissement pour la mise en marche, le volume et la syntonisation. Parlant de cette dernière, la remise en route de la radio satellite au démarrage de l’auto pouvait mettre un certain temps, tandis que l’écran pouvait chercher son affichage pendant de longues minutes, voir un trajet complet. Au moins, la disposition des menus est claire et l’écran est tourné vers le conducteur ce qui en facilite l’usage. L’assise haute des Jetta sera appréciée par notre population statistiquement vieillissante, qui se tourne souvent vers les VUS ou multisegments pour des questions ergonomiques. Tous vont apprécier la grande surface vitrée qui facilite beaucoup les manœuvres en ville.

Sécurité : 7/10

La Jetta ne se mérite aucune mention particulière de l’IIHS, la voiture ne répondant que de façon acceptable aux nouveaux essais de collision latéraux de l’institut des assureurs américains. Ces derniers notent également des phares cotés de marginaux à pauvres selon la version, mais lors d’essais conduits en 2021, la suite d’aides à la conduite s’était méritée la note « supérieure » pour sa capacité à éviter une collision avec un autre véhicule. Cette dernière comprend un avertisseur de présence dans les angles morts, une alerte de circulation transversale arrière, le régulateur de vitesse adaptatif, une aide au maintien de voie (de capacité modeste) et le freinage d’urgence automatisé. Pour qui n’aime pas les intrusions de ces systèmes dans la conduite urbaine, la suite de la Jetta s’est avérée très discrète pendant notre essai. Enfin, la voiture a reçu une note cinq étoiles aux essais de collision de la NHTSA.

Caractéristiques : 8/10

Comme son nom l’indique, la livrée Highline occupe le haut du pavé, mais le cockpit numérique s’invite maintenant dès le modèle de base Trendline depuis la révision de la gamme l’an dernier, tout comme une trousse hivernale comprenant buses d’essuie-glace, volant et sièges avant chauffants, les jantes en alliage et les phares et feux arrière à DEL. Les jantes passent à 17 pouces avec la Comfortline, qui gagne aussi des services connectés avec démarrage à distance, Apple CarPlay et recharge sans fil, la clé intelligente, la climatisation bizone et les aides à la conduite. La Highline ajoute un différentiel autobloquant électronique, le toit ouvrant panoramique, la ventilation mécanique des sièges avant, le chauffage des sièges arrière, le cuir, l’éclairage ambiant, une chaîne BeatsAudio, la navigation intégrée et des jantes de 17 pouces. Et ceci n’est qu’un extrait… La Jetta Highline offre un contenu archicomplet, mais nous avons trouvé la chaîne Beats plus portée sur les basses que la qualité sonore absolue, et le régulateur adaptatif trop conservateur est lent à accélérer, même à son réglage pour suivi de près. Autre surprise : que des ports USB-C à bord, impossible de brancher nos appareils.

Habitabilité : 8/10

La forme équarrie et le profil haut de la Jetta annoncent une bonne habitabilité que la voiture livre haut la main. De sa forme simple, les ingénieurs en ont tiré un habitacle très logeable, aux portes de la catégorie des intermédiaires. Le toit ouvrant de type panoramique s’ouvre vers l’extérieur et n’ampute donc pas le dégagement pour la tête. Conducteur et passager avant logent dans un espace dégagé où la console se fait discrète, tout comme la planche de bord. Derrière, la banquette à trois places ne peut évidemment offrir la largeur d’une vraie intermédiaire, mais il est très facile de caser mes six pieds derrière « moi-même », et ce, sans que les genoux fassent contact avec le dossier avant. Trois adultes pourront y passer quelques courts trajets, deux seront plus à l’aise. Outre l’accoudoir central et deux prises USB-C, l’habillage est plus modeste à l’arrière et même en version Highline, il n’y a pas de buses de ventilation pour les passagers de la « classe économique ». Une tradition Jetta est bien intacte toutefois : le coffre est immense à souhait et peut s’agrandir en abaissant le dossier 60/40 de la banquette.

Confort : 8/10

Si la Jetta laisse toute aspiration sportive à la GLI, elle offre en retour un confort général très louable pour la catégorie des compactes. Libérée de ses faux pas urbains, la boîte automatique à huit rapports accomplit du bon boulot en écoulement libre, abaissant le régime moteur à 1 800 tours/minute à 100 km/h et 2 100 tours seulement à 119 km/h. À vitesse de croisière, l’habitacle de la Jetta est donc serein, les bruits tant mécaniques qu’éoliens étant bien contenus. Les suspensions très souples affrontent sans problème les balafres du bitume, mais provoquent d’inquiétants rebonds quand des dépressions sont franchies à vitesse soutenue. Et parlant soutient, les sièges avant, eux, respectent les traditions germaniques et s’avèrent aussi fermes que confortables, évitant toute fatigue indue.

Économie de carburant : 8/10

La génération actuelle de la Jetta était suivie d’une réputation enviable de frugalité grâce à son moteur 1,4 litre. Le nouveau moulin à la cylindrée accrue de 100 cc maintient cette tradition, notre cote globale pour cette semaine étant de 7,7 L/100 km en conduite mixte urbaine, soit exactement la cote « Ville » de l’Énerguide. Et pendant nos deux premiers jours à son volant, essentiellement composés de déplacements sur autoroutes urbaines, notre moyenne d’étape était de 6,2 L/100 km, soit à peine plus que l’ancienne Golf TDI de votre auteur. Chapeau à VW, surtout que ce moteur turbocompressé se contente d’essence ordinaire. Une Elantra ou Forte pourra faire un peu mieux, mais avec des prestations plus modestes.

Valeur : 7,5/10

La Jetta ouvre les enchères à 22 895 $ pour la Trendline à boîte manuelle, alors que la Comfortline exige 3 000 $ de plus. La transmission automatique ajoute 1 400 $ à ces deux livrées alors qu’elle est offerte de série dans notre Highline d’essai (29 895 $). Nouveau pour 2022, l’ensemble Sport (1 400 $) offert sur la Comfortline ajoute des garnitures noires, le toit panoramique, le différentiel XDS de la Highline et, surtout, une suspension plus sportive. Avec ce groupe et la boîte manuelle, la Comfortline présente le meilleur équilibre dans la gamme. Par ailleurs, la Highline tout équipée est moins chère qu’une Civic ou Mazda3 comparable, à parité avec les versions plus relevées des Corolla et Sentra, mais plus cher que ses rivales coréennes.

Conclusion

Jadis, la Jetta permettait d’accéder au monde des berlines allemandes à bon prix, tout en profitant de la qualité et du comportement routier de ces dernières. Mais d’une génération à l’autre, Volkswagen retire une partie de cette génétique et nous offre aujourd’hui une émule des intermédiaires américaines d’autrefois, spacieuse et logeable, puissante, mais aux suspensions guimauve. De la concurrence coréenne elle emprunte l’aspect valeur, avec un contenu très poussé et une économie d’essence appréciable à la pompe. Le résultat est un peu paradoxal, surtout que la légendaire qualité d’assemblage des produits VW souffre ici de la piètre qualité des plastiques. Son design sobre, son côté pratique et sa frugalité vont plaire. L’amateur de conduite sera mieux servi ailleurs, mais les acheteurs qui lamentent la sportivité excessive de la production d’aujourd’hui trouveront leur compte ici.

Les concurrents
Caractéristiques
Cylindrée 1,5L
Nb. de cylindres L4
Puissance 158 ch @ 5 500 tr/min
Couple 184 lb-pi @ 1 750 tr/min
Consommation de carburant 7,7 / 5,7 / 6,8 L/100 km ville/route/comb
Volume de chargement 399 L
Modèle à l'essai Volkswagen Jetta Highline 2022
Prix de base 29 895 $
Taxe climatiseur 100 $
Frais transport et préparation 1 750 $
Prix tel qu’essayé 32 040 $
Équipement en option
295 $ – Peinture Rouge royal métallisé, 295 $