Avis d'expert

Premier essai : Volkswagen Jetta 2019

DURHAM, Caroline du Nord – Pendant de nombreuses années, la Jetta était l’une des voitures les plus faciles à reconnaître sur la route. Son style un peu carré a plu à plusieurs générations de conducteurs, même si la qualité générale et surtout la fiabilité n’étaient pas toujours au rendez-vous. Or, si cette voiture a su plaire sous nos cieux, il n’en fut rien aux États-Unis où la marque Volkswagen avait peine à trouver preneurs. La maison mère a donc entrepris une campagne de charme.

La première étape il y a quelques années a été d’inverser les rôles des modèles d’entrée de gamme. Alors qu’autrefois la Golf jouait ce rôle, Volkswagen a décidé de mettre la Jetta comme modèle d’entrée de gamme, car les Américains boudaient la Golf à hayon. Ce petit geste a rapidement fait augmenter les chiffres de ventes de la Jetta, mais plusieurs avaient encore un problème avec la ligne un peu particulière de cette Allemande à bon prix.

Qu’à cela ne tienne, voilà que Volkswagen décide de donner un air on ne peut plus anodin à sa Jetta 2019 qui ressemble maintenant à 90 pour cent des autres berlines de sa catégorie. Je sais que cela n’enlève rien aux compétences de la voiture, mais vous en conviendrez avec moi que le charme a complètement disparu. Sachez que du côté de Volkswagen États-Unis, les responsables accueillent cela comme une bonne nouvelle, enfin !

Un style sans saveur

Pour le meilleur ou pour le pire, le style se démarque radicalement de l’ancienne génération qui était sur nos routes depuis maintenant huit ans. Cette nouvelle Jetta est plus longue de 35 mm et atteint une longueur totale de 4,7 m, se rapprochant dangereusement d’une berline de classe intermédiaire. La Jetta est également plus large, plus haute et dans l’ensemble plus imposante. En la regardant, on voit des contours de Hyundai Sonata, de Ford Fusion ou de tout autre compact de cette catégorie.

Volkswagen a vendu son âme pour plaire au public au sud de la frontière. À ce chapitre, je m’ennuie beaucoup de ma Jetta Pacifica 90 que l’on pouvait distinguer à des kilomètres à la ronde. Pour ceux qui veulent sortir du style pain blanc tranché, Volks offre l’ensemble R-line pour 1 700 $. Cela comprend des jantes uniques à cette version, une suspension sport, une calandre noire lustrée, des pare-chocs arrière avec échappement double, les phares antibrouillards, les emblèmes R-Line à l’extérieur et à l’intérieur (avec sièges noir et gris et surpiqûres contrastantes en option) et un différentiel électronique. C’est peu, mais vous ajoutez un brin de personnalité à l’ensemble.

Un habitacle moderne

Vous aurez compris que le style ne m’a pas attiré, mais heureusement, il n’y a pas que la silhouette à considérer quand vient le moment de faire l’achat d’une voiture. En prenant place à l’intérieur, il faut se rappeler que l’habitacle de l’actuelle génération remonte à 2011. C’est donc tout un changement avec cette mouture 2019. Volkswagen arrive enfin au 21e siècle. La qualité des matériaux utilisés est à la hausse, mais Volkswagen a voulu garder les choses simples.

Il y a seulement trois versions de disponibles. Le tout débute avec la version Comfortline qui offre de série une caméra de recul, des sièges avant chauffants, un écran tactile de 6,5 pouces et Apple CarPlay ou Android Auto.

L’écran tactile passe à huit pouces dans la version Highline avec climatisation automatique et quelques aides à la conduite comme la détection des angles morts et alerte de circulation arrière.

À bord de la version Execline, Volks est allé voir Audi pour intégrer l’écran numérique modulable de 10,3 po devant le conducteur. Beats audio s’associe à cette version pour offrir une chaîne audio de 400 watts, fabriquée pour la Jetta. Pour tous les modèles, vous avez aussi un groupe d’assistance à la conduite qui comprend le régulateur de vitesse adaptatif, le freinage d’urgence autonome, le système de suivi de voie et l’éclairage d’appoint pour 995 $. Le confort des sièges typique aux Allemandes qui offre à la fois fermeté et soutien demeure dans la nouvelle Jetta, tandis que le dégagement pour les jambes et la tête est plus généreux à l’arrière.

Un seul moteur (pour le moment)

Sous le capot, Volks fait aussi dans la simplicité. Il y a une seule mécanique au programme. Il s’agit d’un quatre-cylindres turbo 1,4 litre de 147 chevaux qui offre 184 lb-pi de couple. Contrairement à nos voisins américains qui peuvent uniquement obtenir une boîte manuelle dans la version de base, chez nous toutes les versions viennent avec boîte manuelle à six rapports ou automatique à huit vitesses. À noter aussi que la Jetta se contente d’essence à indice d’octane de 87 pour fonctionner. Ce qui est une bonne nouvelle. Pour ceux qui veulent plus de performance, Volkswagen a laissé savoir que d’ici la fin de l’année 2018, une version GLI avec le moteur 2,0 litres turbo de 220 ch de la GTI allait s’ajouter à la famille.

Toujours plaisante à conduire

Derrière le siège du conducteur, le tableau de bord est bas et le pilier A étroit, ce qui permet une vue non obstruée de la route. De même, la caméra de recul de série facilite la vie. En ce qui concerne le confort, les sièges avant sont maintenant plus confortables que les sièges de l’actuelle génération et il y a une tonne d’espace pour les sièges arrière capables d’accueillir trois adultes avec une relative aisance. Au volant, on ressent aussi une grande évolution dans la conduite. La rigidité de la plateforme MQB donne de l’aplomb à la conduite. Malgré son format modeste, le moteur ne manque pas de cœur et les boîtes de vitesses tirent le meilleur parti de la mécanique avec une excellente économie de carburant qui s’est terminé à 6,7 litres de moyenne lors de notre journée d’essai.

Il faut noter aussi le grand silence de roulement et une certaine autorité accordée généralement à des modèles de voitures plus imposantes. Malgré un certain embourgeoisement, la Jetta conserve un réel plaisir de conduire. Dans la version Execline, vous aurez le choix de différents modes de conduite : Eco, Normal, Sport et Custom. Dans tous les modes sauf Sport, la direction est un peu légère (comme les aiment les Américains), ce qui confère un peu de flou dans la direction. En mode Sport, le volant se raffermit, offrant une sensation et une rétroaction plus dynamique. Le mode Custom permet de mettre le moteur et la transmission en mode Normal et choisir Sport pour la direction sans pénaliser la consommation de carburant.

Conclusion

Même si au premier coup d’œil cette nouvelle Jetta ne m’a pas excité, une séance d’essai sur la route m’a convaincu du sérieux de l’opération. Je trouve seulement triste que le Canada soit toujours à la traîne des États-Unis pour les voitures. Il est très difficile de choisir ce qui nous plaît vraiment et nous dépendons d’une culture très différente de la nôtre, tellement différente que cette Jetta est une version uniquement disponible en Amérique du Nord. Gageons que les Européens la trouvaient trop laide; je les comprends.

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