Avis d'expert

Cadillac Escalade 2021 : essai hivernal

7,5
10
SCORE AutoHebdo
Ce score est attribué par notre équipe d’experts après des tests approfondis de la voiture
  • DESIGN
    7/10
  • Sécurité
    8/10
  • HABITABILITÉ
    8/10
  • CONVIVIALITÉ
    8/10
  • CARACTÉRISTIQUES
    10/10
  • PUISSANCE
    8/10
  • CONFORT
    8/10
  • AGRÉMENT DE CONDUITE
    7/10
  • CONSOMMATION DE CARBURANT
    5/10
  • VALEUR
    6/10

Quand Cadillac a apposé son blason sur la calandre chromée d’un GMC Yukon dans les années 90, plusieurs ont souri. Ces sceptiques furent confondus, l’Escalade étant devenu le grand VUS de luxe le plus emblématique de l’histoire. Car, c’est bien le flamboyant Escalade qui trône au-dessus des berlines sportives de la marque, tant par son gabarit que par ses ventes – il est, après tout, le produit Cadillac le plus vendu sur ce continent.

Si par le passé cuirs fins, boiseries et insonorisation poussée levaient le sourcil face aux origines ouvrières de l’essieu rigide de l’ancien modèle, voilà que General Motors renouvelle en tout et partout ses grands VUS sur châssis-échelle pour 2021 et leur apporte l’ingrédient manquant : une suspension arrière indépendante. Avec cette génétique améliorée, le produit phare de la marque jadis connue comme étant le « Standard du Monde » accède-t-il enfin de plein droit à la monarchie?

C’est ce qu’on découvre cette semaine, au volant d’un Escalade tout neuf et tout noir aux airs de truand de haute société.

Design : 7,5/10

Impossible d’ignorer cette immense masse noire à la présence indéniable. La livrée Sport – dont le nom peut faire sourire sur un tel mastodonte – remplace les chromes des autres livrées par du noir lustré, ici parfaitement assorti à la peinture « noir jais » de la carrosserie. Ajoutons à cela les jantes monochromes noires optionnelles du véhicule d’essai et les glaces teintes de série et on se retrouve avec un VUS des plus intimidants, qui irait fort bien à Darth Vador.

Mais avec autant de tôles à habiller, on se serait attendu à plus de gestes marquants des stylistes. La calandre très verticale, qui rappelle ici le casque de Boba Fett, pour poursuivre les références à la Guerre des Étoiles, est du plus bel effet en personne, sinon en photos. Et c’est là le seul geste « architectural » sur cette carrosserie, qui reprend autrement les formes équarries des cousins Tahoe et Yukon. Évidemment, les feux arrière élancés et verticaux – hauts de 914 mm – viennent apporter une signature « Cadillac » et leur composition en blocs optiques de couleurs distinctes ajoute un peu de ludique à un ensemble très sérieux. Vrai que l’Escalade assume souvent le rôle de limousine, ce qui demande une certaine retenue.

Le tableau de bord est dessiné avec élan et finesse, ce qui camoufle son immense largeur. L’assemblage de trois écrans DELO (DEL organiques), totalisant 38,3 pouces de largeur, retient l’œil, tout comme cette teinte « dark auburn » qui semble empruntée à de la lingerie fine griffée. Ajoutons à cela les cuirs matelassés des trônes à l’avant et l’effet est royal. Et si le modèle d’essai n’est pas votre tasse de thé, sachez que neuf aménagements intérieurs sont disponibles, ainsi que plusieurs autres teintes extérieures.

Puissance : 8,5/10

Notre Escalade était équipé du moteur de série, à savoir un V8 à culbuteurs de 6,2 litres à injection directe, bon pour 420 chevaux et 460 lb-pi de couple, et doté de la désactivation des cylindres et d’un système arrêt-départ. Ce V8 déplace littéralement des montagnes, amenant toute cette masse à 100 km/h en à peine six secondes. On se surprend d’entendre des rugissements de « muscle car » surgir d’une telle limousine, et évidemment le plaisir de titiller l’accélérateur croît avec l’usage. Un groupe performance optionnel ajoute une admission d’air et un système d’échappement à moindres restrictions, pour qui voudrait plus d’équidés … et de sonorité.

Ce costaud transmet sa puissance aux quatre roues via une boîte automatique à dix rapports, qui accomplit bien son boulot, mais passe frénétiquement ses rapports en ville. Le boîtier de transfert à contrôle électronique permet de forcer les modes deux ou quatre roues motrices, en plus du mode automatique. Quant au mode Sport du véhicule, il semble équivalent au mode Touring mais notons que des modes « remorquage » et « tout terrain » – on est en VUS quand même! – sont aussi offerts.

Dépourvu du groupe remorquage optionnel, notre Escalade d’essai affichait une capacité de remorquage de 3 402 kg (7 500 lb) seulement, mais elle peut atteindre 3 629 kg (8 000 lb) avec les bonnes options. Le contrôleur de freins de remorque est néanmoins de série.

Agrément de conduite : 7,5/10

Ayant parcouru quelques centaines de kilomètres au volant d’un Escalade de génération précédente, nous avions apprécié son confort sur autoroute, mais toute mauvaise route trahissait la présence de l’essieu rigide arrière. Nos attentes envers le nouveau châssis et sa suspension arrière indépendante étaient donc élevées.

La nouvelle suspension arrière, combinée ici à des amortisseurs magnétorhéologiques et des ressorts pneumatiques autonivellant, livre enfin le roulement attendu d’un véhicule vendu dans les six chiffres. La mécanique et l’électronique du châssis s’unissent pour livrer un comportement routier avec plus de poigne qu’attendu, mais sans pour autant nous secouer. C’est en suivant un pickup tout neuf que la supériorité de la suspension indépendante s’est manifestée : malgré son chargement, la camionnette a effectué toute une ruade latérale en passant sur un joint d’expansion mal en point, alors que l’Escalade, lui, est demeuré imperturbable. Les massives jantes de 22 po – de série pour tous les modèles – ne livrent pas la lourdeur indue qu’on avait perçue dans la direction du Silverado plus tôt cette année. Les ingénieurs de châssis ont vraiment accompli du bon boulot ici!

La confiance nous gagnant, on oublie rapidement que l’on conduit un boudoir sur roues et on adopte un rythme adapté à un véhicule plus svelte, l’envoûtante piste sonore du V8 aidant la cause. Même en plein centre-ville, l’Escalade nouveau semble plus agile que son prédécesseur et il ne devient pas un fardeau dans nos déplacements. Et cet aristocrate au cœur de matamore se plaît à faire déraper son train arrière dans la neige, le contrôle de stabilité restant discret.

Convivialité : 8/10

Les véhicules de grand luxe sont généralement les moins conviviaux, leur armada technologique réinventant sans cesse la bonne vieille logique de ce qui fait interface avec le conducteur. Fidèle à l’approche grand public de General Motors, Cadillac a réussi à exploiter la grande surface du tableau de bord de l’Escalade pour y insérer trois écrans distincts, chacun avec des contrôles bien en vue, intuitifs et de bonnes dimensions, supplémentés par des molettes intuitives empruntées à Audi

Et il en va ainsi de tous les contrôles. Malgré les très nombreux gadgets disséminés dans cet habitacle digne d’un club privé, on s’y retrouve assez rapidement, et les contrôles plus complexes – comme ceux des sièges massant multi réglages – sont doublés d’instructions visuelles qui apparaissent automatiquement à l’écran central.

Sécurité : 8/10

On accorde ici la note en fonction des aides à la conduite embarqués et du sentiment subjectif de sécurité qu’un tel mastodonte offre en matière de sécurité passive. Vu que l’Escalade et ses cousins Tahoe et Yukon arrivent tout juste sur le marché, aucun des trois n’a encore subi les analyses de l’IIHS ou de la NHTSA – et avec ce tout nouveau châssis, on ne peut extrapoler des résultats des anciens modèles.

Grâce à un piéton plus préoccupé par son téléphone intelligent que par les 5 800 livres de l’Escalade, nous avons pu vérifier l’efficacité du système de détection de piétons jumelé au freinage automatique en marche arrière. Un système similaire est en place pour la marche avant, avec en plus le freinage automatique d’urgence. S’ajoutent la vision périphérique 360 degrés et l’option de vision nocturne, qui vous pointe tout être vivant au-delà du champ d’action des phares avec ses caméras infrarouges – drôlement pratique quand les chevreuils (ou piétons imprudents) pullulent!

Caractéristiques : 10/10

Énumérer toutes les caractéristiques embarquées dans cette limousine prendrait tout cet article, mais soulignons par exemple l’excellente chaîne Studio AKG qui dispose de série de 19 haut-parleurs. Vous trouvez qu’il en manque? La version Studio Reference à 36 haut-parleurs du modèle d’essai saura vous combler. Notre Sport Platinum possède également un système de divertissement avec deux écrans de 12,6 po aux places arrière. Des microphones disséminés dans l’habitacle s’intègrent à la chaîne audio pour faciliter les conversations dans ce grand salon.

Les trônes avant sont à 16 réglages électriques et offrent chauffage, ventilation mécanique et massages à trois fonctions. La détente vous donne soif? La console centrale réfrigérée peut garder vos breuvages bien au frais, ou même les congeler. Le tableau de bord tire profit de la première application automobile de la technologie des DEL organiques par des graphismes à haute définition. Un système de réalité virtuelle y projette un visuel de la route dans la nacelle d’instruments et l’agrémente de signalisation « flottante » ou autres indications pour faciliter la compréhension des directives du système de navigation.

La nuit, on remarque l’éclairage d’accueil à DEL qui s’étire sous ces essentiels marchepieds à déploiement automatique, un joli écusson Cadillac illuminé derrière le tableau de bord et une projection au sol de ce même blason, derrière le véhicule, au point exact où il faut passer le pied pour commander l’ouverture électrique du hayon arrière. Feux et phares s’illuminent aussi à votre approche, et ce véhicule tout noir alors d’éclairer la nuit.

Habitabilité : 8,5/10

Le nouveau châssis et sa suspension arrière indépendante ont enfin libéré l’espace tant attendu à bord d’un véhicule aussi encombrant. Des adultes peuvent maintenant s’asseoir en troisième rangée dans un confort raisonnable, grâce au plancher abaissé de 5,3 pouces, et on bénéficie enfin d’un coffre à bagages utilisable tous sièges relevés, au volume accru de 66% par rapport à l’ancien Escalade.

Au centre, l’abaissement du plancher est venu retirer cette désagréable sensation d’avoir les genoux sous le menton. N’empêche que beaucoup d’espace semble se perdre dans la forte largeur de l’Escalade, et au final une bonne vieille minifourgonnette offre beaucoup plus d’espace utilisable. Notons qu’une jolie banquette 60/40 est livrable sans frais en seconde rangée et cette dernière transforme l’Escalade en véritable cinq places avec coffre énorme, ou véhicule 8 places avec coffre raisonnable.

Parlant coffre, on peut facilement l’agrandir depuis l’arrière sans effort grâce aux contrôles qui permettent d’abaisser et de relever tous les sièges de seconde et troisième rangée, et ce électriquement.

Confort : 8,5/10

Évidemment, avec un véhicule qui se retrouve aussi fréquemment dans les flottes de limousine, on y ressent le grand confort anticipé, surtout aux places avant. Le cuir semi-aniline ultrafin, qui se retrouve aux places avant et centrales, est souple et doux et comme le veut la tendance d’aujourd’hui les sièges sont relativement fermes. On peut reprocher aux étroits baquets de seconde rangée un dessin et confort quelconque, en retrait sur ceux des fameux « sièges capitaines » des minifourgonnettes, ce qui déçoit et réduit leur attrait face à la banquette disponible sans frais.

Le V8 est d’une grande discrétion sur autoroute, voir inaudible, ronronnant à 1 400 tours/min à 100 km/h et à peine à 1 600 tours à 120 km/h – on voit là le travail de la boîte à dix rapports. En ville par contre, l’arrachement de cette masse depuis l’arrêt fait ressortir la trame sonore sportive du V8, qui détonne un peu de l’atmosphère générale de l’Escalade.

Économie de carburant : 5/10

Pandémie oblige, nos déplacements cette semaine ont été plus irréguliers, voire souvent courts et, surtout, urbains. Notre truand de haute société a donc commis des crimes environnementaux avec un score final de 17,3 l/100 km, supérieur à la cote « ville » de l’Énerguide. La cerise : ce moteur demande de l’essence Super… Avec un poids s’approchant des 6 000 livres, pas étonnant que la consommation grimpe en flèche quand de nombreux panneaux d’arrêts balisent nos parcours.

Mais le faible effort requis pour maintenir cette masse en mouvement peut étonner sur autoroute : les premiers 50 km d’autoroute lors de la prise en main initiale se sont soldés par une moyenne affichée de 9,8 l/100 km. Prenez note que l’excellent 6-cylindres en ligne 3,0-litres turbodiesel de GM est livrable en option, s’il vous faut diminuer le budget carburant.

Valeur : 6,5/10

Comme pour tout véhicule de grand luxe, le Cadillac Escalade fait face à une dépréciation importante les premières années qui peut en réduire l’attrait pour plusieurs. Mais il reste que le pragmatisme ne domine pas vraiment les choix de l’acheteur de produits de luxe…

Ici, cet acheteur cherche la robustesse accrue d’un VUS élaboré sur une base « camion », sa capacité à franchir des chemins difficiles, son grand volume habitable et sa capacité de remorquage. L’Escalade a toujours été aussi costaud que ses cousins de la famille des grands utilitaires de GM, et le nouveau châssis lui permet de livrer l’espace qui manquait à ses prédécesseurs, tout en lui assurant un comportement routier enfin digne de son prix.

Toutefois la capacité de remorquage relativement modeste déçoit pour un véhicule de ce gabarit. Un Lincoln Navigator tire 700 livres de plus, un Dodge Durango 1 200! Un Silverado 1500 muni du même V8 6,2-litres pouvant tracter jusqu’à 13 300 livres, on ne s’étonnera pas de la popularité des pickups de grand luxe chez les plaisanciers.

Conclusion

Avec sa suspension arrière indépendante, son habitabilité accrue, son comportement routier moins balourd et son turbodiesel moderne offert en option, l’Escalade 2021 est finalement arrivé à son statut de Roi de la catégorie des grands VUS de luxe, au lieu d’y être simplement…parvenu. Son V8 de camion a beau être moins sophistiqué que les mécaniques de la concurrence, il livre tout de même la marchandise, et ce, avec la fiabilité accrue d’un groupe propulseur conçu pour des bêtes de trait. Il faut néanmoins accepter une soif conséquente aux attentes, attentes qu’il faudra modérer quant aux activités de remorquage plus sérieuses. Après tout, un roi, ça délègue les « jobs de bras »!

Les concurrents
Caractéristiques
Cylindrée 6,2L
Nb. de cylindres V8
Puissance 420 ch @ 5 600 tr/min
Couple 460 lb-pi @ 4 100 tr/min
Consommation de carburant 16,8 / 12,4 / 14,8 L/100 km ville/route/comb
Volume de chargement 722 L / 2 064 L / 3 426 L derrière la 3e/2e/1re rangée
Modèle à l'essai Cadillac Escalade Sport Platinum 2021
Prix de base 117 798 $
Taxe climatiseur 100 $
Frais transport et préparation 2 100 $
Prix tel qu’essayé 127 268 $
Équipement en option
7 270 $ – Réfrigérateur de console, 805 $; jantes noires à 12 rayons, 4 165 $, vision nocturne, 2 300 $