Avis d'expert

Cadillac CT5-V Blackwing 2022 : muscle car ou berline musclée?

8,3
10
SCORE AutoHebdo
Ce score est attribué par notre équipe d’experts après des tests approfondis de la voiture
  • DESIGN
    8/10
  • Sécurité
    8/10
  • HABITABILITÉ
    8/10
  • CONVIVIALITÉ
    8/10
  • CARACTÉRISTIQUES
    9/10
  • PUISSANCE
    10/10
  • CONFORT
    8/10
  • AGRÉMENT DE CONDUITE
    9/10
  • CONSOMMATION DE CARBURANT
    6/10
  • VALEUR
    9/10

Le Cadillac Lyriq, lorsqu’il arrivera enfin au nord du 49e parallèle, sera le premier véhicule électrique basé sur la plateforme Ultium. Il sera suivi de près par les deux variantes du GMC Hummer EV ainsi que par une poignée de véhicules électriques Chevrolet, notamment la camionnette Silverado EV.

Pendant ce temps, les motorisations thermiques font toujours partie du plan de match de GM, le géant américain qui se doit de poursuivre son aventure du côté des véhicules traditionnels, ne serait-ce que pour garder la majorité de ses usines fonctionnelles. Oui, le virage électrique s’en vient, mais au moment d’écrire ces lignes, les irréductibles de la voiture qui rugit lorsqu’elle démarre sont encore bien nombreux.

C’est d’ailleurs le cas de cette Cadillac CT5-V Blackwing 2022, la berline intermédiaire qui a certaines pointures allemandes dans sa mire, grâce notamment à son V8 suralimenté de 6,2-litres de 668 chevaux. Je pense à la BMW M5 ou à l’Audi RS 7, ainsi qu’à la Mercedes-AMG E 63 S parmi ces berlines « hyperformantes ».

C’est bien beau la guerre des chiffres, mais qu’est-ce que la Cadillac CT5-V Blackwing a à offrir de si exclusif pour convaincre les acheteurs qui lorgnent souvent du côté des marques germaniques? Ceux et celles qui suivent l’actualité automobile un tant soit peu vous diront : la boîte manuelle!

Eh oui, ce monstre venu directement de Détroit propose une formule éprouvée auprès des amateurs de sensations fortes : un gros moteur hurlant, une bonne boîte de vitesses manuelle, deux roues motrices arrière et un large sourire accroché au visage du conducteur.

Portrait d’un muscle car déguisé en berline de luxe.

Design : 8.5/10

Les ingénieurs affectés au projet Blackwing n’ont pas cherché à réinventer la roue ici. La CT5-V Blackwing est exactement ce qu’elle doit être, c’est-à-dire une version légèrement plus pimentée que les livrées « régulières » de la berline. Le bouclier avant par exemple a droit à une grille de calandre unique, un répartiteur d’air avant à la base du pare-chocs, des déflecteurs de passages de roues, une traverse de calandre en fibre de carbone, des moulures de bas de caisse, un diffuseur de carénage ainsi qu’un becquet au bout du coffre, tous réalisés en fibre de carbone.

Les pots d’échappement trapézoïdaux à l’arrière ne sont pas sans rappeler ceux installés derrière les modèles AMG de Mercedes, mais ces jantes bronze Tech de 19 pouces détonnent avec le design de Stuttgart. Ah oui, une telle berline ne serait pas complète sans son obligatoire écusson placé du côté droit du coffre.

Puissance : 10/10

Il est rare que j’accorde une note parfaite à une voiture, mais dans ce cas-ci, la puissance du V8 coiffé de ce compresseur volumétrique est tout simplement ahurissante. De plus, le châssis de cette berline est tout à fait capable de composer avec cette mécanique « hand crafted in USA ». Les 360 chevaux de la CT5-V « sans le Blackwing » sont déjà amplement suffisants pour mouvoir cette grande berline américaine, mais avec 668 chevaux et 659 lb-pi de couple, l’édition Blackwing est dans une classe à part. En fait, la voiture qui s’approche le plus de ce cap de 668 chevaux est la BMW M5 Competition avec 625 chevaux. C’est vrai que la Porsche Panamera Turbo S E-Hybrid sort de l’usine avec 690 chevaux, mais elle a recours à l’assistance électrique pour arriver à ce niveau et son prix de base de 227 000 $ et des poussières est deux fois plus salé que celui de la Cadillac musclée.

Agrément de conduite : 9,5/10

Il est également très rare que j’accorde une note aussi haute à un véhicule, et ce, même si de nos jours, la qualité générale des modèles à travers l’industrie est très élevée. Dans ce cas-ci, c’est le caractère musclé de la CT5-V Blackwing qui séduit plus que tout. Une CT5-V munie du moteur V6 ne tremble pas comme cette variante à moteur V8 qui a plus de points en commun avec les muscle car de la belle époque.

Aussitôt qu’on appuie sur le bouton-démarreur, le V8 rugi comme seuls les bolides de Détroit peuvent le faire, l’expérience Blackwing qui débute dès les premiers instants. Et ce n’est pas seulement une affaire de sonorité. Le châssis de l’intermédiaire montrait déjà de belles choses à bord de la CT5-V – celle qui vient avec le moteur V6 corporatif de l’empire –, mais avec une puissance motrice qui a plus que doublé, le squelette de la CT5 a intérêt à être rigide dans cette application aux « ailes noires ».

Malgré les vibrations ressenties aux intersections mentionnées plus haut, la plateforme de la voiture est rigide à souhait, elle qui peut également compter sur la suspension MagneRide, qui fait appel à des électro-aimants associés à un fluide magnétorhéologique à l’intérieur des amortisseurs pour varier le taux d’amortissement, et ce, jusqu’à concurrence de 1 000 fois par seconde.

Et c’est quand on ajuste les multiples paramètres de conduite que l’on comprend à quel point la CT5-V Blackwing a plusieurs personnalités, de la grande berline idéale pour les boulevards jusqu’au monstre d’accélération capable de se défendre sur un tracé sinueux de circuit fermé. Sur les chemins malmenés de la grande région de Montréal, la CT5-V Blackwing est un peu ferme lorsque la suspension est à son ajustement le plus aiguisé. À l’exception d’une utilisation sur piste, la suspension molle m’apparaît comme l’option la plus logique en ville ou sur une route secondaire en mauvais état.

Même la direction à son ajustement le plus lourd est peut-être un peu trop pour le quotidien, mais il est rassurant de savoir que ce mode existe… pour les instants de folie! En revanche, le maniement de la boîte de vitesses est un vrai charme, surtout lorsque le grondement de chaque changement de rapport se fait entendre sous le capot. Ce V8 coiffé d’un compresseur volumétrique appartient peut-être à la « vieille école », ça ne l’empêche pas de séduire chaque fois que le pied droit se montre plus insistant.

Confort : 8/10

Et la beauté de la chose, c’est que malgré toute cette injection d’adrénaline, la grande berline de Cadillac demeure un endroit où il fait bon de passer quelques heures. Les sièges baquets très enveloppants ne sont clairement pas pour « monsieur-madame-tout-le-monde », mais lorsqu’on pousse un peu plus fort, le support additionnel de ces sièges – similaires à ceux utilisés à bord d’une certaine Corvette – est tout à fait bienvenu. Oui, les paramètres sportifs raidissent la caisse – merci à la suspension adaptative – et avec les routes usées par le temps, la CT5-V Blackwing frappe fort, mais grâce à ces jantes de 19 pouces (il aurait été facile de boulonner des jantes de 20 ou 21 pouces, mais les ingénieurs ne sont pas tombés dans le piège) et, la merveilleuse suspension et la mollesse des sièges, les passagers arrivent à bon port en un morceau.

Habitabilité : 8/10

Appartenant à la catégorie des berlines intermédiaires, la Cadillac CT5 respecte les dimensions moyennes du segment. Que dire de plus, à part peut-être que le coffre n’offre pas une très grande ouverture et que la batterie logée dans le plancher de ce dernier gruge de l’espace, mais disons que la mission première de cette berline surpuissante n’est pas de remporter des concours de volume intérieur.

Sécurité : 8/10

Comme la très grande majorité des véhicules de nos jours, la CT5-V regorge de dispositifs de sécurité, que ce soit au niveau de l’assistance de conduite, l’alerte de présence dans les angles morts, les phares intelligents et j’en passe. Remarquez, à bord d’une telle fusée sur roues qui, rappelons-le, limite la motricité aux deux seules roues motrices arrière, le principal système de sécurité se trouve entre le dossier du siège du conducteur et le volant. On ne devrait pas confier 668 chevaux à n’importe quel conducteur novice, si vous voyez ce que je veux dire!

Convivialité : 8/10

Les plus sévères seraient tentés de critiquer l’apparence de la planche de bord et il est vrai que Cadillac aurait pu redessiner la sienne surtout face aux super berlines allemandes, mais dans les faits, l’approche de la marque américaine est « pratico-pratique » avec son système d’infodivertissement très facile à vire et son armée de boutons installés sous les buses de ventilation centrales. Certes, ceux-ci sont nombreux et petits, ce qui porte à confusion à l’occasion. Quant aux nombreuses fonctions intégrées au volant, elles sont déjà bien connues du public, ces commandes qui se retrouvent ailleurs dans la gamme de General Motors.

En revanche, grâce à cet excellent siège enveloppant – et à l’ajustement électrique –, la position de conduite est très facile à trouver.

Économie de carburant : 6/10

L’ÉnerGuide canadien annonce une moyenne de 18,3 L/100 km en ville et de 11,4 L/100 km sur route avec la boîte de vitesses manuelle à six rapports, tandis que l’unité automatique à 10 rapports fait descendre un brin la moyenne à 18,1 L/100 km en ville et 10,7 L/100 km sur route. Bref, comme vous pouvez le constater, la CT5-V Blackwing n’est pas une voiture que l’on achète pour sa consommation de carburant exemplaire. D’ailleurs, ai-je besoin de préciser que ces chiffres ont été surpassés pendant ma semaine d’essai? Je dois l’avouer, j’ai abusé du bouton « V », ce qui augmente les capacités de la voiture… et les montées en adrénaline!

Caractéristiques : 9/10

La CT5 est déjà à la base une voiture très bien nantie en matière d’équipement, mais avec plus de 22 000 $ d’options ajoutées, le contenu de cette Blackwing est franchement plus alléchant. L’ajout du toit ouvrant, les deux ensembles de fibre de carbone (1 et 2), la sellerie de cuir deux tons, les étriers de freins peints en bronze, les jantes spéciales en bronze ou même l’ensemble d’aide au stationnement, toutes ces options cochées viennent complimenter une voiture déjà très luxueuse à la base, et ce, à un prix inférieur de ce qui est offert ailleurs dans le créneau très pointu des super berlines à moteur V8.

Valeur : 9/10

À un prix de départ de 87 798 $, la CT5-V Blackwing n’est pas ce qu’on appelle une voiture abordable. Mais, c’est le prix à payer pour profiter de l’un des derniers véritables V8 américains. D’ailleurs, malgré plus de 22 000 $ en options, la Cadillac la plus rapide de l’alignement demeure moins onéreuse que ses rivales allemandes, ce qui démontre à quel point cette Blackwing est une bonne affaire pour le consommateur qui recherche un peu d’exclusivité, mais surtout des performances ahurissantes.

Conclusion

Voilà un autre segment en voie de disparition. Dans plusieurs années, le virage électrique sera beaucoup plus avancé et on se rappellera qu’au tournant des années 20, les constructeurs produisaient toujours de superbes créations équipées de grosses cylindrées. La CT5-V Blackwing fait partie de ces formidables machines de la « dernière chance », la dernière chance de profiter d’une configuration de la belle époque des muscle cars.

Les concurrents
Caractéristiques
Cylindrée 6,2L
Nb. de cylindres V8
Puissance 668 ch
Couple 659 lb-pi
Consommation de carburant 18,3 / 11,4 / 15,2 L/100 km ville/route/comb
Volume de chargement 337 L
Modèle à l'essai Cadillac CT5-V Blackwing 2022
Prix de base 87 798 $
Taxe climatiseur 100 $
Frais transport et préparation 2 300 $
Prix tel qu’essayé 112 753 $
Équipement en option
22 555 $ – Toit ouvrant, 1 685 $; Ensemble carbone 1, 6 020 $; Ensemble carbone 2, 4 720 $; Intérieur deux tons, 7 000 $; Étriers peints en bronze, 685 $; Jantes bronze, 1 725 $; Ensemble aide au stationnement, 720 $