Avis d'expert

Cadillac XT5 AWD Sport 2023 : essai routier

7,2
10
SCORE AutoHebdo
Ce score est attribué par notre équipe d’experts après des tests approfondis de la voiture
  • DESIGN
    7/10
  • Sécurité
    8/10
  • HABITABILITÉ
    7/10
  • CONVIVIALITÉ
    7/10
  • CARACTÉRISTIQUES
    8/10
  • PUISSANCE
    7/10
  • CONFORT
    8/10
  • AGRÉMENT DE CONDUITE
    7/10
  • CONSOMMATION DE CARBURANT
    6/10
  • VALEUR
    7/10

Cadillac a introduit son premier multisgement, le SRX, en 2004. Ce véhicule innovait avec ses trois rangées de sièges, son style distinctif issu de l’école « Arts et Science » des designers maison et de sa plateforme sportive à propulsion, empruntée à la CTS. Les journalistes automobiles ont adoré, le public … pas vraiment. Le second SRX, lancé en 2010, n’en garde que le nom pour devenir un utilitaire plus classique sur base traction avant et cinq places assises. La presse spécialisée a fait « Bof! », mais le public a adoré, sa ligne le démarquant de la concurrence et son budget étant raisonnable. Pour 2017, le SRX se renouvelle en XT5 et emprunte la plateforme C1XX des Acadia, Terrain, Blazer et Equinox. Alors que les multisegments singent tous le style des autres, le XT5 offre une ligne résolument Cadillac, avec un habitacle spacieux et des suspensions qui n’ont que faire des penchants sportifs de l’industrie. Le succès est à nouveau au rendez-vous, tellement que sept ans plus tard, ce même XT5 est toujours en salle de montre. Et il le sera une dernière fois pour 2024 avant son renouvellement complet. Notre premier contact avec le XT5 était un an après son arrivée, on le revisite un an avant le rideau pour en extirper le secret de sa longévité.

Design : 7,5/10

Après sept ans sur le marché, le populaire XT5 ne présente plus l’effet de surprise de la nouveauté et mes voisins ont dû croire que j’avais une voiture usagée cette semaine, surtout que la classique peinture blanc nacré, quoique indémodable, n’exprime pas la dernière tendance, pas plus que le dessin façon « tulipe » des jantes de 20 po optionnelles de notre sujet. Comme pour ces bouteilles qui ne changent jamais le design de leur étiquette, Cadillac sert ici cet ancien bastion des inconditionnels de la marque, ceux qui n’ont rien à cirer des berlines de performance Blackwing et qui lamentent la disparition de la berline XTS. Le design était frais en 2017, avec ces ailettes aux feux arrière, des porte-à-faux contenus et un hayon tronqué, et il a bénéficié d’un rafraîchissement en 2020. Il reste bien né, à la fois distinctif et élégant, et avouons qu’il vieillit plutôt bien. À l’intérieur, c’est autre chose et l’assemblage semble toujours aussi épars qu’au premier jour, malgré l’ajout de certaines technologies et l’absence notable d’autres. Face à la concurrence, l’habitacle fait un peut démodé, mais ses boiseries, boutons surdimensionnés et ce cuir vintage optionnel façon « cowboy » vont plaire aux inconditionnels de ce que la marque était.

Puissance : 7,5/10

En 2018, je lamentais le caractère un peut roturier du V6 corporatif de 3,6-litres et souhaitais que Cadillac nous offre le moderne 4-cylindres turbo de 2,0-litres offert sur le marché chinois. Sans oser m’en attribuer la paternité, Cadillac a finalement boulonné ce moteur de 235 chevaux et 258 lb-pi de couple au XT5 nord-américain dès 2020; les XT5 munis de ce moteur portent un écusson « 350T » sur le hayon. Le vénérable V6 optionnel développe toujours les mêmes 310 chevaux qu’au premier jour, soit 20 de plus que le MDX, et la boîte automatique à huit rapports a été remisée au profit d’une nouvelle unité qui en compte neuf. J’aurais bien aimé mettre la main sur un deux litres, mais le V6 de notre XT5 Sport était en pleine forme et assurait des accélérations franches et musclées, comme si l’écusson « 400 » sur le hayon voulait dire « 400 pouces cubes ». Le V6 donne cette sensation un peu vintage de grosse cylindrée, avec une sonorité grave à bas régime, assaisonnée de quelques vibrations (intentionnelles?) de la tubulure d’échappement mais atténuée par l’insonorisation poussée, tandis que son architecture moderne livre un crescendo mécanique bien (trop?) audible quand on sollicite une forte accélération. Les reprises du XT5 à moteur V6 sont impressionnantes et en font un véhicule bien adapté aux routes rurales et à leurs zones de dépassement, rappelant les classiques berlines à huit cylindres de la marque, mais la mécanique manque un peu de raffinement. La traction intégrale est désormais livrée de série, sauf pour le modèle de base « Luxury » où elle est optionnelle. La livrée Sport dispose en exclusivité d’une version plus raffinée de l’intégrale munie d’un double embrayage. La capacité de remorquage n’est que de 1 000 livres, mais grimpe à 3 500 livres avec le groupe remorquage optionnel des modèles à moteur V6.

Agrément de conduite : 7,5/10

Le penchant confort du XT5 est immédiatement perçu dès les premiers mètres, mais à l’usage on découvre ici un véhicule étonnamment « planté » pour sa mission. Certes, les pneus de 20 po, optionnels, ajoutent un peu de sécheresse au passage de fissures de chaussées, mais contrairement à plusieurs rivaux ici on ne sent pas la masse de ces roues. Les ingénieurs de Cadillac ont une maîtrise pointue des éléments suspenseurs, et sans être un bolide à la Blackwing, on sent ici un bon travail, le XT5 pouvant s’agripper au bitume d’une courbe serrée sans s’écraser sur ses suspensions extérieures. Parions que la suspension auto-adaptative de la livrée Sport y est pour quelque chose. Ça ne fait pas du XT5 un sportif, loin de là, mais toute sensation nautique est éliminée, ce qui ajoute à la sérénité à bord, tant pour le conducteur que pour les passagers. La boîte répond aussi promptement aux sollicitations de l’accélérateur, mais elle peut être prise « entre deux rapports » quand on doit relancer les gaz après un quasi-arrêt, ou quand justement, on doit s’arrêter sitôt après le passage à un rapport supérieur. Côté freins, une fois habitué à la sensibilité de la pédale en ville, on découvre que les Brembo du modèle Sport sont puissants. Dommage que l’assistance électrique de la direction soit aussi bruyante et dénuée de toute sensation, car le surclassement châssis du Sport élève l’expérience de conduite du XT5 suffisamment pour qu’on s’y amuse un peu.

Convivialité : 7,5/10

Alors que les manufacturiers de luxe ont un penchant pour l’hyper technologie et la complexité à outrance qui l’accompagne, Cadillac conserve une interface plus grand public qui témoigne sans doute de la moyenne d’âge de sa clientèle. Plusieurs commandes sont donc munies de touches mécaniques de bonnes dimensions, et l’infodivertissement est simple d’usage, que ce soit par la molette rotative de la console ou ses touches tactiles. L’interface du levier de vitesses pourrait être plus intuitive – il est facile de rater son passage de « R » à « D » même si le levier a bougé – mais, au moins, on a encore un levier. On peut aussi reprocher aux touches des rayons inférieurs du volant leur installation en dehors du champ de vision du conducteur, et l’usage d’un mécanisme « caché » pour activer le régulateur de vitesse adaptatif, mais autrement, on se sent presque dans une Chevrolet tant l’approche est généralement simple, ce qui détonne un peu avec les attentes dans un véhicule de luxe. Et on remarque l’absence de petites gâteries offertes par la concurrence, comme des rétroviseurs qui s’abaissent automatiquement en marche arrière. Cependant, on ne recherche pas le capteur du hayon mains libres, indiqué par une projection lumineuse au sol du blason Cadillac. Et comme le XT5 est un multisegment, tous mes passagers ont apprécié la hauteur juste des sièges et du seuil du coffre.

Sécurité : 8/10

Le Cadillac XT5 2023 se mérite cinq étoiles aux essais dynamiques de la NHTSA, ses résultats étant quasi-parfaits, signe que la conception initiale de 2017 est saine. L’IIHS ne lui accorde pas de palme particulière, la faute aux phares, jugés « marginaux » en mode croisement. C’est là sa seule faute, car la suite d’aides à la conduite optionnelle de notre véhicule d’essai obtient la note supérieure, le XT5 évitant une collision à 19 km/h et réduisant la vitesse à 1,6 km/h dans l’essai fait à 40 km/h. La suite « Cadillac Smart System » offerte de série comprend le freinage d’urgence avec détection des piétons à l’avant, des alertes de prévention des collisions avec vibrations au siège du conducteur, la surveillance des jeunes conducteurs, l’aide au maintien de voie, les radars de stationnement et le fameux service OnStar est compris pour trois ans. En surclassement, on obtient la surveillance de la circulation transversale et des piétons à l’arrière, l’aide au stationnement automatique avec freinage, l’alerte de changement de voie avec détection d’obstacles et le freinage automatique en marche arrière. En pratique, cette armada de capteurs s’affole facilement en circulation urbaine et sans pour autant avoir risqué la belle peinture de notre XT5, les vibrations du siège et les alertes visuelles de collision étaient fréquentes, particulièrement dans la circulation « élastique » de l’autoroute Décarie.

Caractéristiques : 8,5/10

Le XT5 trahit un peu son âge avec l’absence de quelques caractéristiques attendues dans cette catégorie, mais en revanche, Cadillac a su répondre aux attentes de l’acheteur d’aujourd’hui avec la projection et la recharge sans fil pour appareil intelligent. La navigation embarquée jouit d’un graphisme 3D bien réussi, mais il reste que toutes les fonctions de l’infodivertissement logent dans un (relativement) petit écran tactile de huit pouces et le graphisme de l’ordinateur de bord fait un peu simpliste. Reste que le tout est d’utilisation aisée, que la chaîne audio griffée Bose est puissante et présente un fort joli relief sonore. Notre « p’tit vieux » de sept ans se paie aussi des surprises, comme ce lave-caméra de recul, un hayon mains libres, un rétroviseur numérique qui vous « efface » les passagers arrière et, joie en ce début d’été ensoleillé, la plus vaste ouverture de toit panoramique qu’il m’ait été donné d’essayer.

Habitabilité : 7,5/10

Bien que classé « compact » par l’EPA, en pratique le XT5 loge plutôt chez les intermédiaires. De cette fratrie, on retient sa nette supériorité en mode cargo, la banquette 60/40 se repliant bien à plat en tirant sur des manettes facilement accessibles depuis l’arrière du véhicule. Banquette relevée, l’espace reste généreux et personne ne se sentira à l’étroit dans un XT5, sauf peut-être un cinquième adulte qu’on voudra tenter de loger au centre. À quatre adultes, l’habitacle est dégagé, lumineux, et tous disposent d’un bon volume pour têtes, jambes et hanches. La ligne équarrie du XT5 offre aussi une belle luminosité à l’habitacle en plus d’y optimiser la perception d’espace, un bémol fréquent chez des concurrents plus rondouillards. Dans les faits, le Lincoln Nautilus reste un peu plus logeable, mais le XT5 est plus habitable qu’un Audi Q5 ou un Volvo XC60.

Confort : 8/10

Les nostalgiques de la Cadillac XTS se sentiront chez eux à bord d’un XT5. Le gros V6 somnole à 1 500 tours à 100 km/h, et grimpe à peine en régime à vitesse de croisière, affichant 1 750 tours à 119 km/h. Les sièges sont moelleux, avec juste assez de support, tandis que la suspension techniquement évoluée de notre Sport fait un bon limage du bitume, malgré les pneumatiques de 20 pouces. Même l’immense ouverture du toit contribue à la sérénité de l’habitacle, ne créant pas de perturbations d’air indues. Avec son grand réservoir d’essence, le XT5 peut franchir de longues distances en tout confort, le moteur ne venant perturber la quiétude des occupants que lors de montées ou d’accélérations franches, montrant toujours un peu son côté rustre.

Économie de carburant : 6,5/10

Avec son autonomie autoroutière estimée à 900 km, le XT5 est une valeur intéressante pour les bouffeurs de kilomètres, tels nos « snowbirds » qui migrent vers des cieux plus cléments pour l’hiver. Ceux qui restent à Balconville, comme votre auteur, vont observer une consommation urbaine mixte de 13,1 L/100 km, et ce, en plein été. C’est un peu élevé pour un multisegment intermédiaire à cinq places, mais on se console quelque peu par le fait que le V6 s’abreuve d’essence ordinaire, une rareté chez les marques de luxe, et que l’énorme réservoir de 83,2 litres espace vos passages à la pompe. Et, de plus, à quelques dixièmes près, il s’agit de la cote combinée de RNC. Le 2 litres promet une moyenne combinée inférieure de 1,7 L/100 km, avis aux urbains!

Valeur : 7,5/10

Le XT5 d’entrée de gamme se nomme Luxe et dispose de la traction avant. Pour 49 097 $, frais inclus, on y retrouve du similicuir chauffant à l’avant, le moteur 2 litres, des phares à DEL, le hayon électrique, la projection et recharge sans fil de votre appareil intelligent et une sonorisation Bose à huit haut-parleurs. La traction intégrale est livrable en sus à 2 500 $. On passe au Haut de Gamme Luxe pour 57 197 $ et on y gagne le cuir véritable, le toit panoramique, la fonction mains libres au hayon, la navigation embarquée, un surclassement Bose à 14 haut-parleurs et des caractéristiques de sécurité supplémentaires. Pour obtenir le moteur V6 et sa capacité de remorquage accrue, il faut allonger 1 100 $. Notre Sport d’essai l’offre de série pour 62 197 $ et comprend aussi la suspension adaptative, les freins Brembo et des jantes de 20 pouces. L’aubaine loge chez le Luxe à traction intégrale, tarifé à parité avec le dernier Honda CR-V essayé…et il est à peine plus glouton.

Conclusion

Après sept ans sur le marché, le XT5 vieillit face à sa concurrence, mais il vieillit tout de même bien. Sa ligne affûtée l’identifie immédiatement à Cadillac et le distingue de ses pairs, tout en le dotant d’un volume cargo hors-pair. Certes, son intérieur fait un peu vieillot, et son V6, un peu prolétaire, mais tous deux livrent la marchandise et le coup de volant de l’américain n’est pas si mal du tout en livrée Sport. Mais je retiens la proposition valeur que forme le tandem modèle de base + intégrale, offert à un prix qui rejoint les VUS compacts plus relevés des marques populaires. Reste à voir comment le 2 litres turbo se débrouille dans ce châssis – dernier appel en 2024 pour l’éprouver!

Les concurrents
Caractéristiques
Cylindrée 3,6L
Nb. de cylindres V6
Puissance 310 ch @ 6 600 tr/min
Couple 271 lb-pi @ 5 000 tr/min
Consommation de carburant 12,9 / 9,3 / 11,3 L/100 km ville/route/comb
Volume de chargement 850 L / 1 784 L sièges rabattus
Modèle à l'essai Cadillac XT5 AWD Sport 2023
Prix de base 59 098 $
Taxe climatiseur 100 $
Frais transport et préparation 2 300 $
Prix tel qu’essayé 67 588 $
Équipement en option
6 090 $ – Peinture Blanc Crystal triple couche, 1 395 $; Cuir perforé Brun Kona sauvage, 1 145 $; jantes Diamant 20 po, 690 $; Insignes Cadillac monochrome, 240 $; Groupe technologie (Affichage tête haute, nacelle d’instruments numérique, caméras périphériques, rétroviseur numérique, lave-caméra de recul, alerte de circulation transversale arrière, stationnement automatisé), 2 620 $