Avis d'expert

Honda Clarity Touring 2020 : essai routier

7,8
10
SCORE AutoHebdo
Ce score est attribué par notre équipe d’experts après des tests approfondis de la voiture
  • DESIGN
    8/10
  • Sécurité
    7/10
  • HABITABILITÉ
    8/10
  • CONVIVIALITÉ
    8/10
  • CARACTÉRISTIQUES
    7/10
  • PUISSANCE
    7/10
  • CONFORT
    8/10
  • AGRÉMENT DE CONDUITE
    7/10
  • CONSOMMATION DE CARBURANT
    9/10
  • VALEUR
    9/10

Encore de nos jours, il se trouve moult détracteurs des hybrides rechargeables, des véhicules réunis sous l’acronyme PHEV (pour Plug-in Hybrid Electric Vehicle). Pour les plus ardents électromobilistes, les PHEV cachent sous leurs plaques vertes moteurs thermiques et réservoirs d’essence, et ces verts purs et durs de crier alors à l’écoblanchiment face à cette impureté. Hérétiques!, vont-ils crier.

Pour le consommateur moyen, moins passionné, il est difficile de bien apprivoiser cette étrange bête qu’est le PHEV, un véhicule ou l’hybridation prend tout son sens, sis à mi-chemin entre hier et demain. Le prix des batteries empêche la démocratisation de l’électromobilité, le refrain est connu. Alors le PHEV offre donc juste ce qu’il faut de « jus » pour accomplir le quotidien en propulsion électrique, et ce, à prix digestible. À mon humble avis, la reine des PHEV, celle qui siège sur le Trône de Fer (peint en vert) et à laquelle obéissent les dragons de la rigueur budgétaire, c’est la Honda Clarity. Une bête étrange, certes, mais qu’on gagne à apprivoiser.

Design : 8/10

Selon mes observations, 50 % d’entre vous viennent de balancer leur gorgée de café à l’écran en voyant cette note. La Clarity ne passe pas inaperçue, certes, et Honda a voulu que sa ligne soit distinctive, une signature de la technologie électrique embarquée. Sachez que l’arrière relevé de la voiture vient habiller le réservoir d’hydrogène de la version à pile combustible, vendue ailleurs. Voilà le responsable de ce coffre caverneux, si haut que des glaces inusitées permettent de voir à travers via le rétroviseur central. Ingénieux.

Pour la Clarity PHEV, cet arrière-train relevé garde ses atouts aérodynamiques, la voiture ayant un excellent coefficient de pénétration dans l’air d’environ 0,25 selon les rumeurs (Honda ne le publie pas). Avec ce profil, ces tôles qui recouvrent en partie les roues arrière et ces porte-à-faux importants, cette grande berline n’est pas sans rappeler la fabuleuse Citroën CX. Comme le Merlot tout aussi français que rappelle la robe du véhicule d’essai, tous les palais ne sauront apprécier ses subtilités, mais cette semaine, je n’ai reçu que des compliments pour l’élégance de cette Clarity. Le museau serti d’éclairage DEL se fait futuriste et moins surfait que sur d’autres Honda récentes, et les jantes façon turbine semblent être faites pour fendre l’air.

Dans l’habitacle, les cuirs crème perforés respirent le luxe douillet d’une française, tandis que les empiètements façon suède réchauffent portières et planche de bord, alors que de fausses boiseries sombres d’une qualité irréprochable viennent situer la Clarity dans l’école contemporaine, tout comme l’écran tactile flottant en surface du tableau de bord. Royal.

Puissance : 7,5/10

Certaines PHEV vous forcent à jouer au cône orange afin de laisser somnoler le moteur à combustion. Rien de tel ici. Le groupe hybride de la Clarity gravite autour d’un 4-cylindres atmosphérique de 1,5-litre à doubles arbres à cames, emprunté à la Fit, mais modifié pour fonctionner sur le cycle Atkinson, plus frugal. Ses 103 chevaux sont épaulés par un moteur électrique synchrone de 181 équidés, alimenté par une batterie de 17 kWh et via lequel toute la puissance – 212 chevaux maximum au combiné – est transmise aux roues avant.

Le groupe hybride de Honda ne possède pas de transmission au titre propre, des engrenages planétaires reliant le moteur électrique aux arbres de roues. Avec un couple maximal de 232 lb-pi disponible de 0 à 2 000 tours, la Clarity peut faire patiner ses roues avant sans franchir la détente de l’accélérateur, un point de résistance très net au-delà duquel le moteur à essence vient à la rescousse.

En propulsion électrique et sous le mode Eco, la Clarity n’est pas à la traîne et se dépatouille fort bien dans la circulation. Pour les plus pressés, le mode Sport réveille le moteur thermique, question que toute la cavalerie affiche « présent! ».

Agrément de conduite : 7,5/10

La Clarity se pilote avec aisance et bien qu’elle puisse attaquer les courbes au besoin avec ses larges pneus 235/45R18, l’ambiance feutrée incite surtout à la conduite en douceur, tout indiquée pour maximiser son autonomie électrique. Reste qu’avec tout ce couple disponible instantanément, cette berline peut se déplacer avec « Authority » si le cœur vous en dit et en la poussant un peu on se surprend de l’aplomb affiché dans les virages, comme dans cet échangeur en trèfle où les flancs rigides des pneus anticrevaison n’ont point contesté le sourire malin du conducteur.

Convivialité : 8/10

Tout hybride rechargeable possède sa propre « recette secrète » quant à son modus operandi. La Clarity se place par défaut en mode « véhicule électrique », le plus simplement du monde, sans qu’on ait à potasser les plus de 500 pages du manuel du propriétaire pour savoir comment éviter de brûler de l’essence. Et c’est exactement ce qu’on souhaite dans une PHEV : se retrouver le plus simplement du monde en mode électrique, et ne pas en déroger. On remercie ici la brillante idée du point de résistance conçu dans la pédale de droite – si on garde le pied sous ce point, avec charge suffisante évidemment, le moteur thermique ne démarre pas.

Le mode hybride classique vient de lui-même une fois la charge trop basse, ou via un bouton si on souhaite étirer cette charge le plus longtemps possible. Le mode Sport recourt évidemment plus souvent au moteur à essence, mais à moins de jouer les James Bond, il sert moins l’ambiance « confo-silence » de la Clarity. Le mode ECO vient optimiser les ressources sans pour autant brimer l’usager – on l’a donc privilégié cette semaine.

Comme toujours chez Honda, on retranche quelques points pour les menus épars et lents de l’infodivertissement, qui malheureusement ici n’a pas été mis à jour comme chez le reste de la gamme, les frangins et frangines ayant maintenant droit à quelques bons vieux « pitons ».

Sécurité : 7/10

Généralement, les produits Honda se tirent très bien d’affaire dans les essais passifs de l’institut des assureurs américains et ceux de la NHTSA. Toutefois, depuis son lancement en 2018, la Clarity n’a pas encore été soumise à leurs essais de laboratoire. Sur ce point, on lui accorde donc la moyenne, ne pouvant ni la punir, ni l’encenser.

La suite Honda Sensing quant à elle comporte ici l’aide au maintien de voie, un avertisseur de collision imminente (qui « apprécie » beaucoup ces fameux panneaux indicateurs de piétons, boulonnés au centre des rues résidentielles), le freinage automatique et l’avertissement de départ de voie. Dans une voiture aussi longue, on apprécierait le sonar de circulation transversale lors des manœuvres de recul, et un radar de stationnement, vu les importants porte-à-faux.

Caractéristiques : 7/10

La Clarity n’est livrable qu’en deux versions, base et Touring. La seconde, mise à l’essai cette semaine, gagne cuirs véritables, navigation embarquée et chaîne audio relevée. Allez savoir si la caisse de berline avec vaste coffre fermé vient aider les basses, mais le rendu audio, sans casser la baraque, était nettement mieux ici que dans la plus récente version Premium qui équipait ma Civic de la semaine dernière.

La suite d’aides à la conduite Honda Sensing fait évidemment partie de la liste d’équipements de série, mais il lui semble manquer d’adresse par rapport aux générations plus récentes. Par exemple, lorsque roulant voie du centre sur autoroute, le régulateur de vitesse adaptatif a réagi en retard quand un véhicule est passé devant moi de la voie de gauche à celle de droite. La Clarity a freiné un peu fort une fois que le kamikaze a bien terminé sa manœuvre – gênant.

Rien à redire pour la climatisation thermostatique bizone, efficace, et la qualité des cuirs, plus souples et riches qu’anticipés pour une marque non-luxe. Trois omissions importantes suivent toutefois la Clarity depuis son lancement en 2018 : sièges électriques, toit ouvrant et essuie-glaces automatiques. On ne s’attend point à fouiller sous le siège pour une poignée à ressort dans une voiture de ce prix!

Habitabilité : 8/10

Légèrement plus longue que l’Accord, mais néanmoins dotée d’un empattement plus court, la Clarity dispose d’une cabine intermédiaire très logeable où les passagers arrière se croiront en limousine. L’absence de toit ouvrant, même en option, et cette ligne arrière rehaussée libèrent tout ce qu’il faut d’espace pour la tête.

À l’avant, la console flottante se fait un peu haute pour les conducteurs moins verticalement nantis, mais autrement on note un bon positionnement des accoudoirs et aucune interférence pour jambes et genoux. Tout à l’arrière, le coffre est légèrement moins volumineux que celui de l’Accord, mais reste très logeable. Notez que le passage ouvert par le rabattement de la banquette 60/40 est de faible hauteur vu cette fameuse lunette inférieure.

Confort : 8/10

On pourrait prendre à tort la Clarity pour une « Accord climatique », mais il n’en est rien. Dotée de sa propre plateforme, la Clarity offre plus de confort que l’Accord, une berline qui se veut plus sportive. Sans valser sur les ondulations, la Clarity offre un amortissement moins sec, plus feutré, sans pour autant tanguer sur les bosses ou rouler en virage. Un bel équilibre donc, mais avec un petit penchant confort.

Lors de mon essai d’une Accord hybride, la fermeté des dossiers me donnait toujours un certain inconfort. Rien de tel ici, les généreux baquets de cuir souple ventilé de la Clarity rappellent Peugeot, voire Citroën. Et c’est heureux que leur galbe et dessin soient si à point, car un support lombaire réglable, vous ne trouverez point! Malgré cette omission, les sièges de la Clarity sont d’un grand confort, et on note des accoudoirs bien disposés pour quatre passagers.

Économie de carburant : 9/10

Carburant? Quel carburant? En cette semaine de mi-septembre, au terme de tous mes déplacements, incluant le franchissement de la région métropolitaine pour retourner la Clarity à son manufacturier, j’ai utilisé zéro litre d’essence. Pas une goutte. 0,0 l/100 km. Le moteur à essence n’a jamais démarré.

Honda affiche une autonomie électrique de 76 km à pleine charge, et par cette température idéale de fin d’été, ni froide, ni chaude, nos recharges livraient 83 km. Et la voiture utilise ses électrons avec tellement de parcimonie en ville qu’on devrait pouvoir atteindre les 90 km des anciennes Volt sans problème en ajustant un peu sa conduite.

Malgré la grande capacité de sa batterie, la Clarity ne met que deux heures et demie pour effectuer une recharge complète sur une borne Niveau 2 (prévoyez 12 heures avec le chargeur 120V portatif inclus avec l’auto). La recharge rapide n’est pas offerte ici.

Ayant évalué la Clarity à fond pour notre magazine anglophone en 2018, nous pouvons donc vous rapporter qu’un parcours Ottawa – Montréal, avec pleine charge au départ, s’était soldé par une moyenne de 3,5 l/100 km. Notez que si vous souhaitez recharger en roulant, le mode « Charge » transforme le moteur en génératrice, remplissant la batterie jusqu’à 60 % de charge, au prix d’environ 2 l/100 km de plus sur le même parcours.

Bonne nouvelle : le réservoir de la Clarity se contente d’essence régulière, mais il n’en accepte que 26,5 litres, un peu coincé par sa voisine, la batterie.

Valeur : 9/10

Même s’ils s’en trouvent qui vont refermer tout discours sec à la seule vue de sa ligne, tous s’accordent sur l’argument de vente massue de l’unique PHEV de Honda, soit sa valeur, et ce, particulièrement au Québec. Vu son imposante batterie de 17 kWh, la Clarity est l’une des rares hybrides rechargeables à avoir droit aux mêmes subventions qu’un véhicule totalement électrique, et pour cause : son autonomie suffit amplement aux besoins quotidiens de l’automobiliste moyen. Au moment d’écrire ces lignes, elle a donc droit à un rabais de 8 000 $ au Québec en sus du rabais fédéral de 5 000 $. Pour une bagnole qui débute à 41 000 $, 13 000 $ d’incitatifs, ce n’est pas rien! Et que dire de ses coûts d’opération, très bas même si on la roule à l’essence.

Conclusion

La Clarity est à la fois une berline polarisée, et polarisante. On apprécie son grand confort, sa simplicité d’usage et la facilité avec lesquels on passe ses journées à se déplacer en silence tout électrique. On peut se demander pourquoi son succès n’est pas plus établi, malgré une offre budgétaire impeccable.

Outre sa bouille qui ne plaît pas à tous, comme le marché le démontre, la Clarity souffre que sa technologie PHEV de pointe soit embarquée dans une berline intermédiaire, une catégorie en décote chez le consommateur, qui n’en a que pour les VUS. La liste d’attente d’un an pour mettre la main sur un RAV4 Prime le confirme. À défaut d’être montée sur les échasses d’un CR-V, la Clarity présente néanmoins une affaire plus qu’intéressante, et présente une excellente option pour apprivoiser la vie en VÉ tout en profitant au maximum des subventions. Il faut évidement l’accepter pour sa beauté intérieure, un grand pas à faire pour plusieurs.

Les concurrents
Caractéristiques
Cylindrée 1,5L
Nb. de cylindres L4
Puissance 212 ch @ 5 500 tr/min
Couple 232 lb-pi
Consommation de carburant 5,3 / 5,9 / 5,6 Le/100 km ville/route/comb
Volume de chargement 439 L
Modèle à l'essai Honda Clarity Touring 2020
Prix de base 44 990 $
Taxe climatiseur 100 $
Frais transport et préparation 1 670 $
Prix tel qu’essayé 47 321 $
Équipement en option
561 $ – peinture Rouge rubis nacré, 300 $; Tapis de plancher toutes saisons, 261 $