Avis d'expert

BMW M240i xDrive 2022 : essai hivernal

7,5
10
SCORE AutoHebdo
Ce score est attribué par notre équipe d’experts après des tests approfondis de la voiture
  • DESIGN
    7/10
  • Sécurité
    7/10
  • HABITABILITÉ
    6/10
  • CONVIVIALITÉ
    8/10
  • CARACTÉRISTIQUES
    7/10
  • PUISSANCE
    10/10
  • CONFORT
    7/10
  • AGRÉMENT DE CONDUITE
    9/10
  • CONSOMMATION DE CARBURANT
    7/10
  • VALEUR
    7/10

Introduite en 2008, la Série 1 était un coupé compact à propulsion arrière élaboré sur des éléments mécaniques d’une Série 3 précédente, dont la mission était de rappeler la simplicité des premières compactes sportives de la marque à l’hélice. Gagnant du volume à sa refonte de 2014, le coupé grimpe en prestige pour devenir Série 2, mais voilà qu’en 2020 s’ajoute une Série 2 Gran Coupé à quatre portières sur plateforme traction d’origine MINI. Vous me suivez toujours? Eh bien pour 2022, le Coupé Série 2, le vrai coupé deux portes sur architecture à propulsion, est entièrement renouvelé. Et c’est dans sa robe mauve emblématique qu’on le lance sur des routes glacées. Prêts pour le décollage?

Design : 7,5/10

Couleur la plus extrovertie de la palette, cette robe « Thundernight metallic » sied à merveille à ce coupé, comme un hommage aux couleurs vives des « muscle cars » du tournant des années 70. Et la M240i rappelle cette époque, avec son long capot avant, un court coffre, des ailes rebondies et un habitacle plutôt équarri, des proportions faisant écho aux premières Camaro, ou, outre-Atlantique, à la toute première M3. Avec la disparition du cabriolet pour 2022, la Série 2 nouvelle reçoit une injection de testostérone, avec ces boucliers agressifs aux prises d’air triangulaires, des porte-à-faux courts, un plateau qui s’élève du capot et ces ailes évasées. Exit la grâce féminine de l’ancien coupé. La plus petite des béhèmes prend des airs de matamore, plus menaçante que jolie, le design annonçant la poigne de fer de cette bagnole sur le bitume. L’élégant tableau de bord rappelle néanmoins qu’on est en présence d’une petite brute raffinée, quoique les empiètements colorés et illuminés dans les portières, optionnels, font un peu juvénile.

Puissance : 10/10

La recette est classique : prenez un coupé relativement compact, puis gavez-le avec l’un de vos moteurs les plus gonflés. Et quel moteur! Ce « six en ligne » avec turbocompresseur double-vanne est officiellement crédité de 382 chevaux (lire : on en ressent davantage). Dans une Série 2 plus légère que les autres bénéficiaires de ce moteur, il vous plaque au baquet et vous tabasse à chaque changement de rapport si le mode Sport est enclenché, que votre pied droit reste scotché au tapis et que vous vous trouvez, évidemment, sur chaussée à la fois non publique et sécuritaire. En 3,6 secondes, vous serez au-delà des 100 km/h et parions que la bride qui s’invite à 250 km/h est atteinte le temps de le dire, pour autant qu’on roule sur un autobahn, ces autoroutes allemandes aux tronçons sans limites de vitesse. Même en mode « Comfort » la piste sonore de cette mécanique est gutturale et virile, sa puissance venant corrompre toute sagesse. La boîte automatique à huit rapports est complice de vos plaisirs, avec des changements tranchés nets, commandés à l’instant par les solides palonniers métalliques qui cintrent le volant. Oui, il y a des bagnoles encore plus puissantes, mais en M240i, on se sent maître du monde, d’où ma note parfaite.

Agrément de conduite : 9/10

L’éveil du moteur donne le ton à l’expérience qui suivra. La M240i pousse un vroum de bariton très audible, et on quitte notre espace de stationnement avec une prestance de prédateur. L’assistance de la direction est ferme, la pédale de freins sensible, l’accélérateur heureusement progressif. Une fois sortis de la ville, on passe le mode Sport et l’échappement se débride. On laisse derrière notre gêne urbaine, la boîte automatique ZF à huit rapports répondant alors aux palonniers aussi rapidement que nos doigts peuvent la commander, aboiements et pétarades à l’appui. Imperturbable, la M240i reste de glace peu importe l’état de la chaussée et évolue tel un avion de chasse, en domination totale sur son milieu. La rigidité extrême de ce châssis se moque des petites bosses et crevasses, et on enfile les virages sans roulis ou plaintes des pneumatiques. La M240i répond au doigt et à l’œil, comme si elle était directement branchée sur notre cerveau, machine et esprit en communion totale. Les limites de la M240i sont bien au-delà de ce que nos mornes voies publiques québécoises nous autorisent d’explorer, et l’affichage tête haute de rappeler les excès droit devant dans notre champ de vision. Heureusement, la puissance des freins s’avère à la hauteur. Si vous n’éprouvez aucun plaisir coupable en M240i, prenez votre pouls, ça urge!

Convivialité : 8/10

Bien qu’il s’agisse d’une voiture d’assise basse, la M240i est facile d’accès grâce à des portières bien dimensionnées et un toit plus relevé que celui d’une Camaro ou Mustang. Un coupé ne sera jamais aussi pratique qu’une berline, mais les deux baquets avant s’avancent électriquement d’eux-mêmes quand on rabat les dossiers pour rejoindre la banquette (pas simple comme une lettre à la poste, mais la hauteur du toit aide un peu). Ce toit peu fuyant permet aussi d’offrir une bonne ouverture au coffre, assez logeable et profond pour la catégorie. Au poste de pilotage, le conducteur fait face à des interfaces léchées partagées avec les autres véhicules de la marque, et on apprécie la molette iDrive qui permet de naviguer l’infodivertissement aux menus clairs sans étirer le bras ou imprégner l’écran de nos empreintes digitales. Tout est disposé de façon limpide et logique, et on apprécie la part belle faite aux boutons classiques, notamment ceux des commandes climat.

Sécurité : 7,5/10

Le coupé Série 2 étant tout nouveau pour 2022, ni l’IIHS ou la NHTSA ne l’ont encore soumis à leurs batteries d’essais de collision. Et comme pour toute voiture de luxe qui se respecte, plusieurs aides à la conduite sont facturées en supplément. Pas de régulateur de vitesse dynamique sur notre bolide d’essai ni de direction « mains libres ». On retrouve par contre de série des avertisseurs de départ de voie, de présence dans les angles morts et de collision frontale imminente avec freinage automatique. Et sur chaussée glissante, la motricité et la stabilité de la M240i sont épatantes grâce au travail d’équipe de la traction intégrale, du différentiel arrière M Sport et du contrôle dynamique de la stabilité, tous livrés de série, comme le très puissant jeu de freins.

Caractéristiques : 7,5/10

La M240i offre de série la traction intégrale, le différentiel arrière à verrouillage électronique, la boîte automatique à huit rapports et ce fabuleux moteur de 382 équidés. Notre voiture d’essai disposait de la suspension adaptative optionnelle (750 $), qui apporte les amortisseurs électroniques ajustables à divers modes de conduite, manuellement ou automatiquement, la voiture usant des données GPS pour préparer le châssis aux conditions de la route. Hormis la mécanique, beaucoup de contenu qu’on s’attendrait à retrouver de série n’est offert qu’en option, tels le cuir, le plateau de recharge sans fil, le toit ouvrant ou le régulateur de vitesse dynamique. Parmi la longue liste d’équipements optionnels de notre fusée mauve, reconnaissons l’excellence des phares DEL adaptatifs, la chaîne Harmon/Kardon aux reliefs sonores exquis et cette suspension intelligente fort efficace. Mais toutes ces additions rejoignent les cinq chiffres un peu trop rapidement…

Habitabilité : 6.5/10

On n’achète pas un coupé sport à des fins d’usage familial, la Série 2 se destinant davantage à célibataires et couples vu la capacité limitée de ses deux places arrière. Reste que la M240i est avant tout une « 2+2 », une appellation jadis en vogue pour désigner les sportives offrant deux places de secours. En fait, l’espace n’y est pas si mal pour la tête, mais pour les jambes, tout dépend de la carrure des passagers avant! Impossible de me caser derrière mes 1,80m, malgré quelques acrobaties peu élégantes… La diminution de cet espace face au modèle 2021 est quelque peu paradoxale, vu que l’empattement est allongé de 50 mm pour la nouvelle mouture 2022. À l’avant, conducteur et co-pilote sont rois, sans ressentir de perte de volume ou d’expérience face au coupé de Série 4, plus volumineux. Quant au coffre, sa capacité d’environ les deux tiers de celui d’une berline intermédiaire est fort raisonnable compte tenu du faible encombrement du coupé, et son ouverture à charnières pneumatiques libère un maximum d’espace.

Confort : 7,5/10

Malgré le magnétisme liant cette bagnole au bitume, on s’étonne de s’y sentir aussi serein, les suspensions limant les petits irritants du quotidien. C’est sur de plus gros irritants que la M240i accuse sa génétique de sportive relevée, la voiture passant sec sans aucun flou les dos d’âne du dégel ou les dépressions soudaines de chaussée. Mais, encore une fois, la grande rigidité de l’ensemble assure une couche de flegme à l’expérience, la fermeté s’exprimant sans aucune vulgarité, rien à voir avec une Mustang GT. Ajoutons une insonorisation poussée face aux bruits de roulement et des sièges dont on apprécie le confort et le support, une fois qu’on en maîtrise les nombreux réglages. Dans la circulation dense, le mode « Eco Pro » vient assagir la mécanique, la rendant plus discrète et engourdissant quelque peu l’accélérateur, donnant à la M240i une douceur insoupçonnée.

Économie de carburant : 7,5/10

BMW greffe progressivement une hybridation légère à 48 volts sur ses mécaniques, l’objectif étant d’adoucir le système arrêt-départ et de couper parfois le moteur thermique, tout en l’assistant à l’occasion. Mais la M240i en est dépourvue pour l’instant, et face à nos résultats vous nous en voyez étonnés. Ce moteur ne cesse de me fasciner, alliant puissance de grand fauve à l’appétit d’un chat domestique. Lors du trajet de prise en main, la consommation s’est maintenue dans les 7 L/100 km, et au terme de nombreuses sorties « thérapeutiques » sur routes secondaires, nous terminons la semaine à 10,4 L/100 km, malgré le froid, la glace et les massifs pneus d’hiver Pirelli Sottozero. Avoir sous la main toute la puissance du monde et un châssis aussi imperturbable, tout en consommant moins qu’un banal VUS compact, démontre l’indéniable supériorité énergétique d’une génétique d’automobile face aux utilitaires en vogue. Évidemment, à tout seigneur tout honneur : un tel moteur exige de l’essence super.

Valeur : 7,5/10

Pour qui apprécie l’efficacité et la rigidité de la nouvelle M240i, mais trouve son écurie trop fournie, sachez que seule cette version du nouveau coupé Série 2 n’est offerte au Canada. BMW offre bien une variante 230i munie d’un 4-cylindres turbocompressé chez nos voisins du sud, mais au moment d’écrire ces lignes, elle n’a pas encore traversé la frontière. L’offre débute donc à 56 950 $, soit 3 300 $ de plus qu’un coupé de Série 4, ou encore 4 250 $ de plus que la berline Série 2 Gran Coupé, dont la mission est tout à fait différente. Mais l’expression de la valeur de notre bolide mauve vient quand on la compare à ses rivales, soit moins puissantes, soit moins raffinées. Pour autant que l’on conserve une certaine modération au sein du volumineux catalogue des options, la M240i offre une performance tout climat que les « pony cars » américains ne peuvent égaler, voire même oser, et ce, à prix correct.

Conclusion

Alors que le printemps sort son museau du banc de neige et que les routes s’assèchent, prendre le volant d’une telle voiture rappelle à quel point conduire est un plaisir des plus profonds qui transcende le simple déplacement. Si le VUS de masse s’apparente à un banal « tout compris » dans le sud, la M240i xDrive est un voyage où la découverte s’invite à chaque virage, un changement de rapport à la fois. Le tout offert à un prix de base qui serait une aubaine attachée à une camionnette, avec confort louable et aptitudes hivernales épatantes en prime. Mais un coupé reste un coupé, et la M240i n’aura jamais la flexibilité d’une M340i par exemple. Elle demeure une offre unique, logeant entre pragmatisme et plaisir.

Les concurrents
Caractéristiques
Cylindrée 3,0L
Nb. de cylindres L6
Puissance 382 ch @ 5 800–6 500 tr/min
Couple 369 lb-pi @ 1 800–5 000 tr/min
Consommation de carburant 10,4 / 7,5 / 9,1 L/100 km ville/route/comb
Volume de chargement 283 L
Modèle à l'essai BMW M240i xDrive 2022
Prix de base 56 950 $
Taxe climatiseur 100 $
Frais transport et préparation 2 480 $
Prix tel qu’essayé 71 175 $
Équipement en option
11 645 $ – Groupe premium amélioré (accès confort, toit ouvrant, support lombaire, feux LED adaptatifs, affichage tête haute, sonorisation Harman/Kardon), 5 000 $; ouvre-porte de garage universel, 300 $; suspension M adaptative, 750 $; phares Shadowline, 500 $; appliques « M » illuminées, 250 $; éléments extérieurs noir brillant, 350 $; instruments Live Cockpit Professional, 1 000 $; recharge sans fil, 350 $; peinture Thundernight métallisée, 895 $; garnitures aluminium Tetragon, 250 $; cuir noir Vernasca avec coutures bleues, 1 500 $; jantes 19 po avec pneus performance, 500 $