Avis d'expert

Mazda3 GT Turbo AWD 2024 : essai hivernal

7,7
10
SCORE AutoHebdo
Ce score est attribué par notre équipe d’experts après des tests approfondis de la voiture
  • DESIGN
    9/10
  • Sécurité
    8/10
  • HABITABILITÉ
    6/10
  • CONVIVIALITÉ
    8/10
  • CARACTÉRISTIQUES
    9/10
  • PUISSANCE
    8/10
  • CONFORT
    7/10
  • AGRÉMENT DE CONDUITE
    8/10
  • CONSOMMATION DE CARBURANT
    6/10
  • VALEUR
    8/10

Si j’étais un titan de l’industrie, je donnerais comme énoncé de mission à mes équipes de concevoir du beau, car en automobile, dessiner une belle carrosserie ne coûte pas plus cher qu’en livrer une banale. Mazda l’a compris et a pris tout un virage « design » à la fin de la précédente décennie, le petit manufacturier d’Hiroshima aspirant à gravir des échelons au rayon du prestige. Sa berline Mazda3, enfin disponible en flotte de presse, est à mes yeux la plus belle berline au monde – rien de moins! Plus italienne qu’une Giula, plus éternelle qu’une coréenne et plus émotionnelle qu’une Civic, cette séduisante compacte entame déjà sa sixième saison et n’a pas pris une ride. Après plusieurs essais des versions Sport à hayon, nous mettons enfin la main sur la classique trois volumes pour un flirt de sept jours en plein hiver.

Design : 9,5/10

On le sait, de nos jours les berlines traditionnelles ne sont pas dans le collimateur de l’acheteur moyen, mais alors que les petits utilitaires deviennent de plus en plus génériques, Mazda a su donner à son modèle d’entrée de gamme une volumétrie de bagnole de prestige (et ça marche, car 2023 a vu une hausse des ventes de 35% – et la tendance se maintient au moment d’écrire ces lignes). La disposition particulière des mécaniques Skyactiv-G engendre de longs capots plongeants, donnant un élan visuel à la Mazda3 qui rappelle les BMW logeant au même numéro. Avec un pare-brise couché dans le vent et un seuil de coffre relevé, la petite berline est racée et ne jurerait pas lovée entre une A4 et une 330i. Comme pour un vêtement griffé, les accessoires raffinés que sont les blocs optiques à DEL, les chromes subtils et les jantes viennent surligner avec grâce la facture « haut de gamme » de cette carrosserie. L’ambiance se poursuit à l’intérieur, avec une planche de bord capitonnée centrée sur le conducteur, un volant sport à trois branches au coussin gonflable incroyablement compact, lequel donne pleine vue sur une instrumentation électronique qui singe élégamment l’analogue, sans « bébellisme ». Les agencements de matériaux de l’habitacle rappellent une fois de plus les belles allemandes, les cuirs rouges n’étant pas criards et s’agençant à merveille avec le noir et le métal brossé. Bellissima!

Puissance : 8,5/10

C’est sous le capot que se cachent les grandes nouveautés 2024 de la Mazda3. D’abord, le moteur 2,0-litres des GX et GS passe à l’histoire, ces livrées étant de facto surclassées au 2,5-litres, un moulin pas piqué des vers qui affiche 191 chevaux à son bulletin. On peut toujours associer ce moteur à la traction intégrale chez les GS et GT, mais seulement avec l’automatique, la boîte manuelle ne s’offre dorénavant qu’avec la seule hatchback GT à traction avant. La hiérarchie mécanique culmine avec notre modèle d’essai, une GT Turbo munie du 2,5-litres turbocompressé, offert qu’avec la traction intégrale. Avec 250 chevaux sous régime super et 227 avec de l’essence ordinaire, ce moulin s’illustre surtout pour son couple, un impressionnant 320 ou 310 lb-pi selon le carburant utilisé – une statistique à faire rougir un V8! Cette fois, j’ai la nette impression que le collègue précédent avait ravitaillé avec de la super, car notre GT était bien en verve et atteignait des vitesses supralégales en un rien de temps (une bride – que nous n’avons pas explorée – plafonne vos élans à 216 km/h). Le régulateur de vitesse sera de mise, ce moteur – conçu pour remplacer un V6 – étant d’une périlleuse discrétion, surtout sur autoroute.

Agrément de conduite : 8,5/10

Main de fer dans un gant de velours, la Turbo est aux Mazda3 ce que la M340i est aux BMW de Série 3. Discrètement rapide, elle présente une note d’échappement d’un staccato guttural qui rappelle les Subaru WRX, avant de s’assagir à vitesse constante. Cette berline n’est pas adepte des départs-canons, et on sent nettement une pause aux changements de rapport de la boîte automatique, probablement par instinct de préservation. Cette dernière gère ses six rapports si bien qu’on en oublie les palonniers logeant derrière le volant; le mode Sport affute les réflexes et garde le régime moteur plus élevé, prêt à réagir. La direction est d’une précision admirable et de lest très juste, contrairement aux freins dont la pédale demande un effort inattendu pour limer les km/h en trop – la puissance est là, mais il faut insister. La Turbo profite toujours de ressorts avant 50% plus fermes que ceux des GT atmosphériques, ainsi que d’amortisseurs de poigne légèrement plus solide. Sportive, mais flegmatique, la Mazda3 Turbo est une grand tourisme avec laquelle l’amateur de conduite relevée trouvera plaisir, à condition de ne pas l’amener sur un circuit, car bombinette extrovertie elle n’est point.

Convivialité : 8/10

Comme ingénieur, je supporte pleinement le choix de mes pairs chez Mazda d’employer un écran discret, de hauteur idéale, dont on navigue les menus avec des molettes rotatives qui tombent idéalement sous la main. C’est à la fois plus ergonomique, moins distrayant … et ça reste propre. Si vous tenez à y laisser vos empreintes digitales, il devient tactile quand on y projette son appareil intelligent. Les menus sont simples, peu nombreux, et on laisse le droit au conducteur de piger dans sa sélection musicale en mouvement. L’ergonomie des autres commandes reste merveilleusement logique, avec deux molettes rotatives pour la climatisation et des touches mécaniques aux rétroactions suaves pour sièges et volant chauffants. On apprécie toujours les petits plus d’un habitacle Mazda, comme cette ligne rouge qui apparaît à l’indicateur de vitesse, vous rappelant la limite en vigueur pour la route où vous circulez. Parmi les autres astuces, on retrouve l’ouvre-coffre camouflé sous le logo Mazda à l’arrière, là où il demeure propre en hiver.

Sécurité : 8,5/10

Le millésime 2023 s’est mérité une palme « Top Safety Pick + » de l’IIHS, et comme la mouture 2024 est identique, on devrait voir un autre trophée apparaître dans le lobby de Mazda Canada. Le nouveau test d’impact latéral dont le bélier simule un VUS fait apparaître un peu de jaune au bulletin, mais rien n’est au rouge. La Mazda3 est solide, comme en témoignent les cinq étoiles accordées par la NHTSA. De série, la berline offre la surveillance des angles morts et l’alerte de circulation transversale arrière. Une suite complète d’aides à la conduite apparaît avec la GS, alors que montent à bord la détection des piétons avec aide au freinage, le suivi de voie avec avertissement de sortie, la reconnaissance de distance et une alerte d’attention du conducteur. Les GT gagnent en plus la reconnaissance des panneaux, l’aide au freinage en marche arrière et des sonars de stationnement. Nous avons particulièrement apprécié le régulateur de vitesse adaptatif avec capacité d’arrêt, très habile en circulation dense, et la précision de la direction pilotée, un gadget plutôt rare chez Mazda.

Caractéristiques : 9/10

Pour 2024, les habitués de la marque devront prendre note que la préparation pour navigation a été retirée des GX et GS (sans groupe luxe), et que la prise 12V – pratique pour les pompes à air – est supprimée de toutes les versions. La GX perd aussi ses essuie-glaces à détection de pluie, mais conserve ses jantes en alliage de 16 po, le régulateur de vitesse, l’éclairage tout DEL, les rétroviseurs électriques, les sièges avant chauffants à sellerie en tissu, la climatisation manuelle et un écran de 8,8 po à projection câblée. Outre le rehaussement des aides à la conduite, la GS conserve la détection de pluie pour les essuie-glaces intermittents, des rétroviseurs et volant chauffants et la climatisation automatique double zone. Le groupe Luxe optionnel ajoute cette année l’écran de 10,25 po jadis réservé aux GT, et conserve la sellerie similicuir, un siège conducteur à réglages électriques avec mémoires et le toit ouvrant. Les GT gagnent pour 2024 la projection et recharge sans fil d’appareil intelligent ainsi que des ports USB-C, en plus de la clé intelligente, le cuir véritable, la navigation et, surtout, cette excellente chaîne audio Bose à 12 haut-parleurs.

Habitabilité : 6,5/10

Il suffit de monter à l’arrière pour découvrir le talon d’Achille de la Mazda3. Avec son architecture élancée façon berline à propulsion, la banquette arrière s’avère plutôt intimiste. En casant mes 1,80m derrière moi-même, mes genoux sont en contact avec le dossier du siège – la Mazda3 berline a beau être légèrement plus spacieuse que la Sport à hayon, il reste que des adultes ne seront pas heureux à l’arrière, tandis que caser un siège d’appoint laissera des traces de petits pieds dans les sièges avant. Pilote et passager avant seront cependant bien à leur aise devant, même si la volumétrie y est plus enveloppante que chez la concurrence, sportivité oblige. Côté coffre, la berline met en valeur ses 7,9 po de longueur supplémentaires face à la Sport avec une capacité correcte qu’on peut augmenter grâce à la banquette 60/40. Notez qu’il faudra un peu relever les dossiers des sièges avant pour agrandir le coffre, un autre signe indéniable que le compartiment arrière est à l’étroit.

Confort : 7,5/10

Malgré qu’elle soit limitée à six rapports, la boîte automatique tire profit du couple prodigieux du moteur turbo, car il ne lui faut que 1 800 tours/minute pour naviguer à 100 km/h, et tout juste 2 200 tours pour les 119 km/h généralement « tolérés ». En conduite douce ou à vitesse de croisière, l’échappement exclusif de la Turbo peut se faire discret, et la Mazda3 offre encore une fois la dégaine d’une belle allemande, avec des éléments suspenseurs fermes, mais corrects, et un bon contrôle des bruits éoliens. Les ingénieurs de Mazda utilisent moult raffinements pour atteindre leurs objectifs, comme l’absence de gros haut-parleurs aux portières pour ne pas offrir un point d’entrée aux bruits de route. Les sièges avant de conception avancée pour le support pelvien sont par ailleurs exquis et dignes de figurer dans une Volvo. Et comme on est en hiver, soulignons tant la puissance que l’uniformité du chauffage.

Économie de carburant : 6,5/10

Avoir autant de réserve de couple sous le pied donne envie d’y puiser, et combinant le tout avec une bonne cylindrée, l’absence totale d’aides à la consommation (pas d’arrêt-départ ni de mode « éco » avec la Turbo) et une semaine d’hiver froid, mais sans neige, notre conduite mixte urbaine s’est soldée par une moyenne de 10,8 L/100 km, soit plus que la cote Ville de RNCanada. La prise en main s’est faite pendant les heures creuses des autoroutes urbaines, d’où une moyenne dans les huit litres pour la première journée. La Mazda3 Turbo sera frugale sur de longs parcours, mais en ville, il faut hélas s’attendre à ce qu’elle trinque un peu. Le ravitaillement à l’essence ordinaire fera mieux passer la pilule, surtout que les équidés livrés en bonus avec la super n’arrivent qu’au-delà de 4 000 tours.

Valeur : 8/10

Malgré son degré de raffinement élevé et sa ligne exquise, la Mazda3 berline présente un budget fort intéressant, le tarif d’entrée étant de 26 195 $ pour la GX. Le contenu rehaussé de la GS se facture à 28 695 $, somme à laquelle il faut ajouter 2 200 $ pour le groupe luxe. La GS à traction intégrale s’offre à 32 895 $, mais comprend d’office le groupe luxe, et représentant à notre avis la meilleure affaire de la gamme. À 34 995 $, le raffinement de la GT se paie, d’autant plus qu’il faut ajouter 2 000 $ pour la traction intégrale. Notre GT Turbo à traction intégrale coiffe la gamme avec une note de 39 395 $ (tous ces tarifs incluent les incompressibles frais de transport et préparation de 1 995 $). Si ce tarif est plus élevé que celui d’une Civic Touring (traction avant, 36 450 $) ou d’une Corolla XSE hybride intégrale (36 610 $), bien moins puissantes, il y fera certainement penser à deux fois avant de monter à bord d’une Audi A3 (43 715 $ pour débuter), sans doute la bagnole qui se compare le plus directement à notre GT Turbo d’essai.

Conclusion

Plus rapide que feu la Mazdaspeed3 tout en étant considérablement plus raffinée, la berline Mazda3 GT Turbo s’adresse à une clientèle qui cherche le rendu d’une belle allemande, mais sans en supporter le prix comme les caprices. Diablement belle et dotée d’un intérieur « classe », cette petite berline s’avère le parfait vaisseau exécutif pour qui apprécie la discrétion. D’accord, la banquette arrière est exigüe, la boîte automatique est un peu vintage et sa soif urbaine témoigne du monstre qui sommeille sous le capot, mais alors que le marché s’enfonce dans l’hégémonie des utilitaires, la GT Turbo offre charme, personnalité et gratification, le tout avec la paix d’esprit qui accompagne les Japonaises. Et la progression des ventes témoigne que la clientèle a bien vu les atouts de la gamme Mazda3!

Les concurrents
Caractéristiques
Cylindrée 2,5L
Nb. de cylindres L4
Puissance 250 ch @ 5 000 tr/min
Couple 320 lb-pi @ 2 500 tr/min
Consommation de carburant 10,1 / 7,3 / 8,8 L/100 km ville/route/comb
Volume de chargement 374 L
Modèle à l'essai Mazda3 GT AWD Turbo 2024
Prix de base 37 400 $
Taxe climatiseur 100 $
Frais transport et préparation 1 995 $
Prix tel qu’essayé 39 795 $
Équipement en option
300 $ – Peinture Blanc neige nacré, 300 $