Avis d'expert

Nissan Versa SR 2023 : essai routier

6,9
10
SCORE AutoHebdo
Ce score est attribué par notre équipe d’experts après des tests approfondis de la voiture
  • DESIGN
    7/10
  • Sécurité
    8/10
  • HABITABILITÉ
    6/10
  • CONVIVIALITÉ
    7/10
  • CARACTÉRISTIQUES
    9/10
  • PUISSANCE
    6/10
  • CONFORT
    6/10
  • AGRÉMENT DE CONDUITE
    5/10
  • CONSOMMATION DE CARBURANT
    8/10
  • VALEUR
    7/10

Les trois dernières années ont été éprouvantes pour les consommateurs qui rêvaient de se procurer un nouveau véhicule… neuf ou même usagé. Les restrictions reliées à la pandémie, les troubles de la chaîne d’approvisionnement et même l’inflation ont eu une incidence négative sur le prix et la disponibilité des nouveaux modèles sur le marché.

Tellement en fait que les constructeurs y ont pris goût… à cette manière de limiter les stocks, une méthode que ne détestent pas les concessionnaires non plus, il faut l’avouer. Tout ceci a même fait gonfler les prix à un niveau jamais vu. Prenez cette berline Nissan Versa SR 2023 par exemple. La sous-compacte – et porte d’entrée de la marque – du constructeur nippon commande un prix de 22 798 $ (dans sa version la plus équipée) avant les frais de préparation et les taxes en vigueur. En 2019, l’année qui a précédé la pandémie, une Nissan Versa Note (dans sa version la plus équipée également) – la version cinq portes qui étant commercialisée avant cette berline Versa – se vendait 19 798 $ avant les taxes et autres frais. Entre 2019 et 2023, la Nissan Versa a donc gagné 13 % dans sa version la plus habillée.

Et c’est encore plus important lorsque les versions de base de la sous-compacte sont comparés entre 2019 et 2023. La Versa Note S en 2019 se vendait 14 698 $, une somme moins salée que les 17 298 $ requis pour repartir au volant de la berline la plus abordable de la gamme 2023. On parle ici d’une inflation d’environ 15 %. Certes, à côté des véhicules utilitaires compacts qui se vendent souvent plus de 40 000 $, la sous-compacte est toute une aubaine, mais pour les premiers acheteurs, le prix demandé pour l’une des portes d’entrée de l’automobile nord-américaine est plus élevé qu’à une époque pas si lointaine où la Nissan Micra se battait avec la Mitsubishi Mirage pour le titre de la voiture la plus abordable au pays, une période où même Chevrolet se mêlait au trio des voitures économiques vendues aux alentours des 10 000 $.

Mais que s’est-il passé avec la catégorie des sous-compactes? C’est ce que j’ai tenté de découvrir pendant quelques jours plus tôt cet hiver.

Design : 7/10

Abordons tout de suite la question du design, la berline Versa qui se montre plus attrayante avec l’ensemble SR en 2023. À l’avant, le bouclier est un peu plus chargé avec ce grillage plus large de couleur noir lustré et ces bandes argentées qui montent vers les blocs optiques. La portion inférieure du museau est elle aussi plus « sportive » avec ce pseudoaileron à sa base. Sur les flancs, les jantes de 17 pouces de nouvelle facture sont également très chargées dans leur approche stylistique, un design qui rappelle certaines créations Pontiac des années 90 et 2000, rien de moins.

Les designers de Nissan croient encore à cette illusion de « toit flottant » au niveau du pilier C vers l’arrière, quoique dans ce cas-ci, le contraste est à son minimum avec le noir lustré/noir mat. Finalement, derrière, la Versa SR s’habille d’un becquet au bout du coffre, avec des feux de position assombris et même un « diffuseur » installé à la base de la coquille du pare-chocs arrière. Installée au sommet de la gamme, la Versa SR offre un look plus élégant que celui des livrées de base, mais disons que nous sommes très loin des courbes classiques de la nouvelle Nissan Z, vous en conviendrez. Remarquez, à ce niveau plus basique de l’automobile, les acheteurs ne s’attendent pas nécessairement à conduire une voiture qui attire les regards.

Puissance : 6/10

Sous le capot, la berline Versa fait confiance au même moteur 4-cylindres d’une cylindrée de 1,6-litre qu’à ses débuts en 2007, quoique la puissance de 122 chevaux et le couple de 114 lb-pi sont un peu plus élevés que dans les années 2000. Et même si la boîte de vitesses à variation continue est mieux calibrée qu’au début du siècle, on ne parle pas d’un monstre de puissance ici. La Versa est beaucoup plus à sa place lorsqu’elle circule en ville. Sur l’autoroute, il faut planifier les dépassements, parce que les reprises ne sont pas très impressionnantes.

Malgré tout, ce n’est pas une faute grave, puisque la Versa est justement ça : une voiture de base qui répond aux besoins des gens qui n’ont pas nécessairement besoin de conduire un véhicule dynamique, puissant et racé. Pour ceux et celles qui n’ont pas besoin d’un bolide, la Nissan Versa peut très bien jouer ce rôle.

Agrément de conduite : 5/10

Un peu pour les mêmes raisons, la berline Versa n’est pas la voiture la plus excitante à conduire au quotidien, quoique son centre de gravité plus bas que certains multisegments la rend plus connectée au bitume. Mais, avec cette unité CVT et ce poussif moteur, les accélérations sont pénibles et riches en décibels, tandis que la direction est plutôt floue. Les ingénieurs ont privilégié une direction très légère qui est parfaite pour affronter la jungle urbaine, mais pour les tracés plus sinueux, la Versa ne serait pas mon premier choix, disons-le.

Les suspensions sont elles aussi conçues pour le confort et non pour la performance. La présence d’une barre de torsion au deuxième essieu rend toutefois les rebonds plus rigides que si la voiture était équipée d’une suspension indépendante. En revanche, n’oublions pas le caractère bon marché de cette berline, la Versa SR qui doit aussi se contenter de freins à tambour à l’arrière.

Confort : 6/10

Malgré la présence de jantes de 17 pouces, la Versa SR ne souffre pas trop des nids-de-poule présents sur les routes de Montréal à ce temps-ci de l’année. Et même si la suspension pourrait être plus moderne, la voiture ne brasse pas trop ses occupants lorsque la route est plus lisse. En revanche, l’insonorisation montre ses limites lorsque le pied droit s’enfonce dans le plancher, tandis que l’assise des sièges pourrait être plus longue.

Bref, pour une expérience très satisfaisante et confortable, il ne serait pas bête de considérer une Sentra, une compacte qui s’est grandement améliorée lors de sa dernière refonte.

Consommation de carburant : 8,5/10

Là où la combinaison petit moteur 4-cylindres/boîte CVT prend tout son sens, c’est lorsqu’est venu le temps de calculer la moyenne de consommation de carburant. L’ÉnerGuide canadien annonce une moyenne en ville de 7,4 L/100 km et 5,9 L/100 km sur route, pour une moyenne de 6,7 L/100 km. Et à ce compte, la plus petite des Nissan d’Amérique du Nord livre la marchandise… du moins presque, car après quelques jours de conduite « régulière », l’ordinateur de bord de la berline affichait 7,5 L/100 km, soit 0,8 litre par tranche de 100 km de plus que prévu. C’est vrai que deux ou trois entrées sur l’autoroute ont fait grimper l’aiguille du compte-tours, mais pour le reste, j’ai conduit cette Versa comme il se doit., c’est-à-dire sans trop la brusquer. Il s’agit donc d’un résultat raisonnable.

Habitabilité : 6/10

Le format berline a perdu plusieurs adeptes depuis 2010, mais Nissan a eu une bonne idée en ramenant cette silhouette, un choix certes moins pratique que les multisegments de la marque, mais qui ne vient pas « cannibaliser » les ventes des Kicks, Qashqai et Rogue, pour ne nommer que ceux-là.

À la première rangée, malgré les sièges moins confortables, l’espace est raisonnable pour deux adultes, un commentaire qui s’applique aussi à la deuxième rangée. Vous voulez asseoir trois adultes derrière? Ce n’est pas une très bonne idée, et ce, même si c’est possible! Mais la Versa impressionne malgré tout au niveau de l’espace pour les jambes ou même au dégagement pour la tête. On parle d’une sous-compacte tout de même, ne l’oublions pas. Le coffre est également assez volumineux pour une berline, mais à ce compte, le Kicks est plus « pratico-pratique » avec tout ce volume libéré lorsque la banquette est abaissée.

Sécurité : 8/10

Peu importe la livrée retenue, la Nissan Versa sort de l’usine avec le bouclier de sécurité à 360° de la marque, ce dernier qui comprend tous ces dispositifs : système de freinage d’urgence intelligent avec détection de piétons, système de détection de sortie de voie, système de freinage d’urgence automatique arrière et l’assistance aux feux de route.

Pour avoir droit aux autres technologies de sécurité disponibles en option, il faut viser cette Versa SR. Dans ce cas-ci, le système d’avertissement sur l’angle mort et le système d’alerte de trafic transversal s’ajoutent à la liste de systèmes qui veillent sur les occupants de la voiture.

Convivialité : 7/10

Face à l’ancienne Versa, la dernière du nom a troqué sa vieillissante planche de bord pour une qui n’est pas sans rappeler celle intégrée à l’habitacle du Kicks. Après tout, les deux véhicules sont basés sur la même plateforme; il est donc normal que des composantes soient partagées, comme cet écran tactile central à l’intérieur duquel on retrouve la plus récente version du système d’infodivertissement de la marque.

Les graphiques sont donc plus clairs et la réactivité, plus instantanée. Mais, ce n’est pas aussi étoffé comme choix d’applications, tandis que la navigation à travers les menus demande encore une période pour s’acclimater. Cependant, j’aime bien ces boutons-raccourcis logés de part et d’autre de l’écran, tout comme ces deux molettes installées plus bas. L’autre détail qui me plaît sur cette planche de bord, c’est la présence de commandes traditionnelles pour la climatisation, le bouton-démarreur ou même ce bon levier de vitesses. Même le volant à base aplatie est agréable à tenir en main ou à utiliser (les multiples commandes sur les branches supérieures de ce dernier). Bref, la Versa n’est pas encore arrivée à cette philosophie du « presque tout tactile ».

Caractéristiques : 9/10

La Versa SR trône au sommet de la gamme. Son équipement est donc le plus complet de toutes les livrées disponibles au Canada. Sur la Versa S à boîte manuelle (lire la plus abordable), il y a des roues d’acier recouvertes d’enjoliveurs, une assistance de départ en pente, des phares automatiques, un écran tactile de sept pouces et le freinage automatique arrière, en plus des fonctions de base du bouclier 360 de Nissan.

Sur la Versa S à boîte CVT, les coquilles de rétroviseurs extérieurs sont agencées à la couleur de la carrosserie, l’alerte de sortie de voie, l’assistance de phares haute intensité, la surveillance de la pression des pneus et la connectivité Bluetooth se greffent à la liste d’équipement.

À bord de la Versa SV, des jantes de 16 pouces et un écran d’information avancé de sept pouces s’ajoutent, tout comme cette recharge sans fil pour appareil intelligent, tandis que la banquette arrière de type 60/40 remplace la banquette monopièce, notamment.

Finalement, la Versa SR troque ses sabots (de la SV) pour des jantes de 17 pouces, l’écran tactile passe à huit pouces, le démarreur à distance est ajouté et les feux extérieurs sont à DEL. Ah oui, le volant est gainé de cuir, un détail qui peut faire oublier l’instant de quelques secondes qu’on est aux commandes de la Nissan la plus abordable… et la plus ennuyante à conduire sur le marché.

Valeur : 7/10

Franchement, outre l’équipement plus complet, la livrée SR m’apparaît trop cher pour rien. La livrée SV me semble plus logique avec son équipement moins triste que dans la Versa S, sans obliger le consommateur à viser la livrée SR. Remarquez, on parle ici d’une différence minime, la SR qui demande 1 300 $ de plus que la SV. En revanche, si votre budget le permet, allez-y pour la Versa SR… ou même pour une Sentra ou un Kicks à prix équivalent.

Conclusion

Nissan a bien fait de garder une voiture abordable dans ses rangs. Avec la flambée des prix, je ne serais pas surpris d’observer un retour à la catégorie des sous-compactes dans un avenir pas si lointain. C’est bien beau la technologie en 2023 (électrique ou non), mais le prix moyen de l’automobile a grimpé à un niveau difficile à suivre pour plusieurs d’entre nous depuis quelques années. Les consommateurs qui n’ont pas besoin du modèle dernier cri ou d’un gros utilitaire difficile à garer seront heureux derrière le volant de la Versa… à condition de ne pas avoir d’attentes trop élevées.

Les concurrents
Caractéristiques
Cylindrée 1,6L
Nb. de cylindres L4
Puissance 122 ch
Couple 114 lb-pi
Consommation de carburant 7,4 / 5,9 / 6,7 L/100 km ville/route/comb
Volume de chargement 425 L
Modèle à l'essai Nissan Versa SR 2023
Prix de base 22 798 $
Taxe climatiseur 100 $
Frais transport et préparation 1 750 $
Prix tel qu’essayé 24 648 $
Équipement en option
Aucune