Avis d'expert

Land Rover Defender 110 P525 V8 2022 : essai routier

7,9
10
SCORE AutoHebdo
Ce score est attribué par notre équipe d’experts après des tests approfondis de la voiture
  • DESIGN
    9/10
  • Sécurité
    8/10
  • HABITABILITÉ
    9/10
  • CONVIVIALITÉ
    7/10
  • CARACTÉRISTIQUES
    9/10
  • PUISSANCE
    9/10
  • CONFORT
    7/10
  • AGRÉMENT DE CONDUITE
    8/10
  • CONSOMMATION DE CARBURANT
    6/10
  • VALEUR
    7/10

Le constructeur Land Rover n’enregistre certainement pas des chiffres de ventes aussi élevés que certaines divisions rivales ces jours-ci. Après tout, Land Rover est une marque de luxe qui ne compte même pas de véhicule pleinement électrique à l’heure actuelle, quoique ce dossier sera bientôt réglé avec l’entrée en scène du tout premier Range Rover alimenté aux électrons.

En revanche, Land Rover est une marque utilitaire, à l’instar de Jeep dans le créneau populaire, ce qui devrait garantir un certain succès, mais bon, la compétition est tellement féroce depuis quelques saisons, sans compter tous les facteurs qui affectent le commerce mondial depuis que l’OMS a déclenché la pandémie au printemps 2020.

Toutefois, on peut affirmer sans se tromper que le Defender est un véhicule qui plaît à la clientèle habituée aux produits signés Land Rover. Les designers de la marque semblent avoir trouvé le mélange idéal de modernité et d’histoire avec la silhouette du 4x4 robuste de la marque, car les exemplaires ne restent pas très longtemps dans les concessions.

L’un des facteurs qui contribuent à ce petit succès est ce nombre de variantes assez important, ce qui donne du choix à l’amateur. On verra au fil des années si ce menu très garni le sera autant après quelques saisons sur nos routes. Mais, pour l’instant, Land Rover va même jusqu’à offrir un moteur V8 sous le capot de son 4x4 le plus emblématique à l’échelle mondiale. En effet, le Defender n’a plus besoin de présentation aux quatre coins du globe.

J’ai pu, l’instant de quelques jours, mettre à l’essai la plus puissante version du Defender 110. Voici ce que j’ai retenu.

Design : 9/10

Y a-t-il vraiment quelque chose à ajouter à cette carrure légendaire? Le département de design de Land Rover semble avoir frappé dans le mille avec cette réinterprétation moderne du classique Defender. La devanture est clairement inspirée des modèles récents, mais avec une approche plus robuste, tandis que le profil est sans contredit ce qui pointe le plus vers le modèle commercialisé jusqu’en 2018. Quant au postérieur du VUS le plus musclé de la gamme, les clins d’œil en direction du passé sont nombreux, à commencer par ce pneu de secours monté en plein centre de la portière et ces feux de position qui rappellent ceux se retrouvaient sur le vieux modèle.

Là où cette variante V8 se démarque un peu plus, c’est sous le pare-chocs arrière, le système d’échappement à quatre tuyaux qui est dur à manquer, tandis que le Groupe Campagnard (2 373 $) vient agrémenter le véhicule un peu plus avec ses très larges garde-boues, la plaque de seuil arrière au fini brillant et la protection des passages de roues en plastique noir. L’ensemble optionnel ajoute aussi une cloison de coffre qui sépare justement ce dernier du reste de la cabine. Ah oui, et ce système de rinçage portatif est une curieuse addition, mais bon, ça peut servir à l’occasion, compte tenu des capacités hors route du véhicule.

Puissance : 9/10

Ici aussi, une note presque parfaite est accordée à ce V8 suralimenté de 5,0-litres de cylindrée. Avec 518 chevaux et un couple optimal de 461 lb-pi, le bloc le plus gourmand de la gamme Defender est également le plus musical, et ce, même si le 6-cylindres n’est pas méchant non plus à l’oreille. Remarquez, le bloc V8 doit tout de même composer avec une masse non négligeable de 2 678 kg, ce qui explique en partir pourquoi les accélérations ne sont pas fulgurantes à bord de ce gros VUS britannique.

Agrément de conduite : 8/10

Il serait déplacé de comparer le Defender V8 avec la Jaguar F-Type, la voiture la plus affûtée de l’alignement de la marque voisine, une voiture qui partage d’ailleurs son V8 avec l’utilitaire carré au possible, avec un niveau de puissance différent. La symphonie en huit cylindres en revanche est très semblable et, lorsque les fenêtres sont baissées, le sifflement du compresseur à vitesse de boulevard est assez drôle à entendre; croyez-moi, on ne s’en lasse pas!

L’engin fait équipe avec une boîte de vitesses automatique à huit rapports – la même que pour tous les autres véhicules de la marque – et un système quatre roues motrices très sophistiqué, notamment par son dispositif Terrain Response qui offre même un mode supplémentaire, ce dernier étant baptisé Dynamic. Sans surprise, cet ajustement plus sportif confère au Defender V8 plus de tonus lorsqu’est venu le temps d’abattre un 0–100 km/h bien soutenu.

La direction est relativement précise, lourde (surtout en mode Dynamic), mais on ne se lasse pas de le conduire. En fait, par rapport au Jeep Wrangler 392 qui devient agaçant à la longue avec sa suspension assez rigide et son système d’échappement qui gronde jusque dans la cabine, le Defender V8 est plus contenu, notamment par l’absence d’un toit amovible, ce qui veut aussi dire qu’il est possible d’entretenir une conversation même à cadence d’autoroute. D’ailleurs, le fait qu’il n’y a pas de toit amovible veut aussi dire qu’il n’y a pas de barres de protection dans l’habitacle comme c’est le cas à bord du Jeep Wrangler ou même du Ford Bronco.

En ville, chaque accélération s’accompagne de ce sifflement typique des compresseurs volumétriques, un détail qui ajoute aux nombreux plaisirs que procure ce gros 4x4 britannique. Sur l’autoroute, la forme de réfrigérateur du Defender et son poids plus important font qu’on a l’impression de pousser beaucoup d’air lorsqu’on flirte avec les 120 km/h… c’est vraiment ce qu’on ressent! D’ailleurs, ai-je besoin d’ajouter que le Defender est sensible aux vents latéraux? La bonne nouvelle, c’est que le Defender V8 est bien planté sur l’autoroute et son poids important le rend plus difficile à tasser par les bourrasques imprévues.

Confort : 7,5/10

À cause de sa suspension un brin ferme – la faute aux immenses jantes de 22 pouces? –, le Defender V8 n’a pas mérité de repartir avec une excellente note. C’est vrai que le bitume usé de la grande région de Montréal n’aide vraiment pas dans ce cas-ci, mais disons seulement que le Defender V8 n’est pas aussi « moelleux » que le Range Rover. Pourtant, la sellerie est très confortable, elle!

Habitabilité : 9/10

Pour un VUS à deux rangées de sièges, le Defender se distingue d’un très grand nombre de véhicules dotés d’un aérodynamisme poussé, ce qui n’est vraiment pas le cas avec le 4x4 britannique. Pour illustrer à quel point cette masse est aussi « arrondie » qu’une brique, j’ai eu l’impression pendant mon essai routier de quelques jours que chaque fois que je m’engageais sur l’autoroute, le véhicule déplaçait une importante masse d’air.

Cependant, cette carrure a des effets bénéfiques à l’intérieur, et ce, même si ce grillage qui sépare le coffre de la portion passager de l’habitacle fait en sorte que le transport de certains objets oblige le propriétaire à s’adapter ou carrément à enlever ce dernier lorsque c’est devenu nécessaire. Mentionnons tout de même que la petite bosse au centre du plancher gênera celui ou celle qui sera contraint d’accepter la place médiane à la deuxième rangée. La banquette a aussi la particularité de pouvoir être abaissée complètement à plat.

Sécurité : 8,5/10

Le Defender est un véhicule bien de son époque, contrairement à son prédécesseur qui datait presque de la préhistoire au chapitre de la sécurité. Mais, au-delà de la technologie, c’est également au conducteur de s’assurer de conduire son VUS haut sur pattes comme il se doit. Sensible aux vents latéraux, le Defender n’est pas le meilleur candidat pour aborder un virage à très haute vitesse.

Quant à son arsenal de technologies de sécurité, il est très complet avec comme en fait foi cette liste : alerte de collision avant avec détection des piétons, freinage automatique d’urgence, système de caméra de stationnement avec vue panoramique, aide à la sortie en toute sécurité, alerte de franchissement de ligne, aide au maintien dans la voie, alerte de circulation transversale arrière, surveillance des angles morts, reconnaissance des panneaux de signalisation, sans oublier le régulateur de vitesse intelligent, les phares automatiques et même ce rétroviseur qui peut afficher un angle plus large grâce à la caméra logée derrière.

Convivialité : 7/10

Les marques Jaguar et Land Rover ont très souvent été reléguées à la remorque de l’industrie en matière d’infodivertissement, mais depuis quelques mois, des efforts ont été déployés et ces graphiques de meilleure qualité, la réactivité de l’écran et la position des menus sont tous des facteurs qui ont contribué à rendre cette semaine au volant du Defender V8 un peu plus agréable.

Si l’écran tactile n’est pas encore au même niveau que les meilleurs de l’industrie, ce n’est pas la plus grande faiblesse de cette planche de bord au look plus robuste que dans tous les autres VUS de la marque. Non, c’est plutôt ce regroupement de boutons sous l’écran qui me laisse perplexe. C’est vrai qu’on finit par s’habituer, mais lorsqu’un véhicule requiert plus d’une semaine à son conducteur pour que ce dernier s’acclimate à son environnement immédiat, ce n’est pas normal à mon avis.

Économie de carburant : 6/10

En ce moment, les grosses cylindrées comme ce Land Rover Defender V8 ont mauvaise presse. Identifiés comme les « gros pollueurs » de l’industrie, ces 4x4 de la vieille école – même s’ils sont tous au goût du jour en matière de technologie – sont lourds, énergivores – j’ai maintenu une moyenne de 15,2 L/100 km durant ma semaine d’essai, soit 0,4 litre de plus que la moyenne calculée par Ressources naturelles Canada, ce qui n’est vraiment pas si mal dans les circonstances – et souvent plus difficiles à garer. Mais, comme gros VUS « traditionnel » de luxe, le Land Rover Defender 110 P525 V8 est un véhicule assez unique en son genre, du moins pour son époque. Dans dix ans, ce genre de folie sur roues sera de plus en plus difficile à trouver. Malgré ses capacités hors route légèrement réduites, il peut s’aventurer en sol accidenté, tandis que sur la route ou en ville, cette variante du Defender réussit même à accrocher un sourire au visage de son conducteur. Ça m’est arrivé en tout cas!

Caractéristiques : 9/10

Situé tout en haut de la gamme Defender, le modèle V8 est plutôt bien nanti en matière de caractéristiques, une stratégie employée dans les autres véritables 4x4 à moteur V8 sur le marché. En plus du groupe motopropulseur, du système quatre roues motrices sophistiqué, de l’habitacle bien ficelé, de la planche de bord pratico-pratique et des options de connectivité, le Defender V8 mis à l’épreuve n’est pas dépourvu pour la sécurité des occupants non plus, tandis que ce Groupe Campagnard (livré en option) ajoute un caractère très « britannique » à cette icône du vieux continent.

Valeur : 7/10

Évidemment, à un prix de base de 128 100 $, le Defender V8 ne sera pas un véhicule très répandu sur nos routes, surtout avec cette soif pour l’or noir. Mais, face aux deux 4x4 américains, le Defender se démarque par sa qualité de construction supérieure et même une douceur de roulement plus claire, surtout face au Jeep Wrangler. Et cette riposte de Mercedes-Benz, le Defender V8 est soudainement plus intéressant quand on constate son prix de départ de 174 000 $ et des poussières.

Conclusion

Le Land Rover Defender V8 est un modèle à part au sein de la marque britannique. C’est vrai que pour les adeptes de conduite hors route, il vaut mieux privilégier les autres versions du modèle qui n’ont pas à composer avec une suspension raffermie comme c’est le cas pour ce Defender. Malgré tout, je persiste à croire que les nombreuses configurations pour tous les types de terrains, la suspension pneumatique qui, la présence d’un boîtier de transfert à gamme basse et d’un différentiel électronique à glissement limité, le gros Defender est équipé pour « veiller tard », et ce, même s’il risque (tristement) d’être confiné aux boulevards des quartiers huppés avec sa robe noire sur fond noir.

Les concurrents
Caractéristiques
Cylindrée 5,0L
Nb. de cylindres V8
Puissance 518 ch
Couple 461 lb-pi
Consommation de carburant 16,4 / 12,7 / 14,7 L/100 km ville/route/comb
Volume de chargement 963 / 2 231 L sièges rabattus
Modèle à l'essai Land Rover Defender 110 P525 V8 2022
Prix de base 128 100 $
Taxe climatiseur 100 $
Frais transport et préparation 1 950 $
Prix tel qu’essayé 134 845 $
Équipement en option
4 695 $ – Jantes 22 pouces noir lustré, 500 $; Ensemble noir extérieur, 1 200 $; Écran de 11,4 po, 140 $; Groupe Campagnard, 2 855 $