Avis d'expert

Acura NSX 2019 : premier essai

BOWMANVILLE, ON – Dans ce métier, il arrive parfois qu’une opportunité se présente, une opportunité qui ne se refuse pas – à moins de ne pas pouvoir y aller évidemment –, une opportunité qui implique un essai sur piste d’une certaine Acura NSX, la supervoiture revenue à l’avant-scène en 2016, après une absence de plus d’une décennie.

Bien que la voiture phare soit en service depuis quelques années déjà, cette occasion était la première qui s’offrait à moi de découvrir si la nouvelle NSX, avec toute sa technologie embarquée, était capable de suivre la cadence imposée par une conduite en circuit fermé. J’ai déjà lu plusieurs chroniques sur la docilité de la NSX – et ce premier contact exclusivement sur piste m’a également permis de le constater à mon tour –, mais il fallait maintenant que je m’attaque à dompter la bête, et ce, en l’espace de quelques heures.

Voici le portrait d’un crescendo de sensations fortes au volant d’une exotique méconnue.

Un peu de nouveau pour 2019

Avant de rentrer dans le vif du sujet, prenons tout de même quelques instants pour s’imbiber des nouveautés propres au modèle 2019, la supervoiture qui se veut un peu plus complète depuis quelques mois. La nouveauté la plus flagrante du millésime est sans contredit cette nouvelle coloration Orange Thermal nacrée qui ajoute quelque peu au caractère exotique de l’Acura NSX. D’ailleurs, contrairement aux deux couleurs spéciales (qui commandent un supplément de 7 300 $ à l’achat), le nouveau coloris orangé est plus économique à seulement 700 $ de plus.

Puisqu’il est question de la couleur orange, sachez que les étriers du système de freinage optionnel en carbone-céramique peuvent aussi être peints avec cette nouvelle palette. Nouveaux également pour 2019, les freins de série peuvent quant à eux être commandés avec des étriers rouges.

À l’avant, la grille de calandre est désormais agencée à la couleur du reste de la voiture, tandis qu’une finition brillante habille les portions avant et arrière de la NSX. Dans certains cas, l’ensemble fibre de carbone se greffe à quelques éléments de la robe, ne serait-ce que pour confirmer l’appartenance de la NSX à la catégorie exotique.

À l’intérieur, on dénote plus de choix au niveau des agencements de couleurs, tandis que certaines options des années passées sont livrées de série sur la NSX 2019. Jusqu’ici, il n’y a pas de quoi écrire à sa mère, mais heureusement, les ingénieurs ont trouvé le moyen de bonifier un peu plus l’expérience de conduite avec de plus grosses barres stabilisatrices (26 % plus rigides à l’avant, 19 % plus rigides à l’arrière). Également plus rigides, les coussinets de bras de liaison (21 %) ainsi que le moyeu (6%) contribuent à raffermir le squelette de la NSX. Finalement, un nouveau train de pneus Continental SportContact 6 remplace les anciens ConsiSportContact 5P sur la livrée régulière. Pour les conducteurs plus exigeants, l’ensemble Pirelli Trofeo R – ceux qui équipaient nos trois NSX présentes à la piste – demeure au programme.

À sa place sur un circuit

Bien que l’Acura NSX se soit déjà forgée une solide réputation en matière de convivialité, la supervoiture du groupe est également capable de se débrouiller sur un circuit fermé. D’ailleurs pour ajouter un peu de poids à cette affirmation, les gens d’Acura Canada avaient également trimbalé un exemplaire de la NSX Evo GT3 EVO qui a déjà servi en sport motorisé ces dernières années.

La livrée de course a même pu illustrer ses incroyables capacités sur le tracé court du circuit de MoSport, à Bowmanville, en Ontario. Le (très) jeune pilote italien Antonio Serravalle, qui vient à peine d’avoir 17 ans, s’est fait un malin plaisir à brasser les membres de la presse automobile réunis pour cet exercice de pilotage. Mais bon, à moins que vous soyez attirés par la course automobile et les frais astronomiques nécessaires pour y entrer – l’Acura NSX GT3 EVO commande la modique (!) somme de 496 000 € –, c’est réellement l’autre NSX qui vous pousse à poursuivre la lecture de ce texte, n’est-ce pas?

Un crescendo de performance

Je me dois de féliciter les organisateurs de cette journée en piste qui ont su extraire le meilleur de moi-même, notamment grâce aux précieux conseils du pilote Brody Goble qui prenait place à ma droite dans la voiture. Ma première session en piste s’est déroulée comme je l’entendais : une voiture de cette trempe doit tout d’abord être apprivoisée avant de passer au prochain niveau. J’ai donc placé la voiture en mode Sport+, le deuxième plus agressif des modes disponibles offerts par le dispositif Integrated Dynamics System, en laissant le soin à la boîte de vitesses à double embrayage de choisir les rapports adéquats pour chaque portion du circuit assez exigeant de MoSport.

J’ai ensuite opté pour le mode Track (ou Piste) qui désactive davantage l’assistance au contrôle de la traction, en plus d’aiguiser au maximum les réactions du groupe motopropulseur très complexe (V6 biturbo et trois moteurs électriques), de la direction et de la suspension ajustable. J’ai même choisi de passer manuellement les changements de rapport qui devenaient ma responsabilité. J’ai finalement alterné entre les modes Sport+ et Track pour ma dernière sortie sur le circuit.

Ce qui ressort de ce premier contact riche en adrénaline, c’est que l’Acura NSX est une redoutable voiture de piste d’une facilité déconcertante à piloter. La direction n’est ni trop lourde ni trop légère et le fait que le volant soit merveilleux à tenir en mains facilite grandement les choses. Les accélérations sont foudroyantes, le couple à bas régime qui transforment les sorties de virage en un jeu d’enfant. En fait, le circuit de développement de MoSport est tellement serré qu’il est possible d’enfoncer le pied droit dans le plancher à seulement deux endroits sur la piste.

Le rouage intégral est également un gage d’adhérence supplémentaire, surtout avec les pneus optionnels Trofeo R. Sans surprise, la boîte automatisée se fait plus efficace que votre humble serviteur dans les moments opportuns. D’ailleurs, j’ai préféré le mode Sport+ pour ce circuit, le mode Track qui retardait les rétrogradations, ce qui rendait plus difficiles quelques virages serrés.

Au fil des tours, j’ai pu pousser encore un peu plus la machine, tellement en fait que vers la fin de cette demi-journée, les pneus commençaient à montrer quelques signes d’usure avancée. Il a donc fallu réduire la cadence quelque peu. À ma grande surprise, les freins en carbone-céramique se sont avérés mordants, du début à la fin de cette journée à la piste.

La seule critique à l’endroit de cette exotique Nipponne réside dans les sièges. Ceux-ci ne sont tout simplement pas assez enveloppants, mon bassin qui était constamment déplacé de manière latérale pendant les virages. D’ailleurs, les ajustements de ceux-ci sont également trop limités. Je comprends le choix des sièges confortables, mais pour plaire aux amateurs de pilotage, un ensemble de baquets plus enveloppants est de rigueur. Je terminerais en affirmant que malgré la qualité de fabrication à l’intérieur, l’habitacle est un peu trop sobre pour le créneau dans lequel se trouve la NSX.

Le mot de la fin

Cette première expérience au volant de l’Acura NSX 2019 est tout à fait concluante. Les ingénieurs ont cherché à rendre cette voiture aussi facile à piloter sur un circuit que dans la rue, à l’image de la première du nom d’ailleurs, et je ne peux qu’applaudir la dualité de cette exotique qui, comme vous le savez peut-être, peine à convaincre les acheteurs de passer à l’acte. Peut-être que le constructeur gagnerait à emmener quelques clients potentiels à la piste, s’il désire gonfler ses statistiques de ventes bien sûr!