Avis d'expert

Chevrolet Silverado 1500 2020 : essai routier

7,5
10
SCORE AutoHebdo
Ce score est attribué par notre équipe d’experts après des tests approfondis de la voiture
  • DESIGN
    8/10
  • Sécurité
    7/10
  • HABITABILITÉ
    8/10
  • CONVIVIALITÉ
    8/10
  • CARACTÉRISTIQUES
    10/10
  • PUISSANCE
    8/10
  • CONFORT
    7/10
  • AGRÉMENT DE CONDUITE
    5/10
  • CONSOMMATION DE CARBURANT
    8/10
  • VALEUR
    6/10

Les citadins n’ont rien inventé en matière de chicanes de clôture. En région, on tient à ses terres, et on tient aussi à sa « religion ». Tenez : chez moi, du côté maternel, tout le monde roulait en camion Ford, tandis que du côté paternel, c’était en GM. Et chaque manufacturier d’alimenter cette guerre des clans en introduisant exclusivité sur exclusivité afin que chaque voisin puisse étaler la supériorité de son nouveau camion sur celui de l’autre. Ce n’est pas par hasard que le segment des camions légers pleine grandeur domine le palmarès des ventes depuis des décennies, même au Québec où le F150 devance les citadines écolos.

Ces dernières années, le retour des moteurs diesel légers marque les hostilités du moment entre FCA, Ford et GM. Les deux premiers ont parti le bal avec leurs V6 au gazole, et voilà que General Motors arrive du côté gauche avec un tout nouveau six cylindres en ligne maison qui s’ajoute à la réputée famille Duramax. On essaie pour vous un Chevrolet Silverado muni de ce nouveau moteur…et de pratiquement toutes les options disponibles.

Design : 8/10

On retrouve deux grandes familles en matière de design de camions : la première, qui carbure à la testostérone et qui reluque les poids lourds, et l’autre qui préfère tracer son propre chemin. Le Silverado appartient heureusement à la seconde. Renouvelé en tout et pour tout l’an dernier, le Silverado nouveau présente une calandre moderne, des phares effilés et des détails subtilement complexes, comme ces ouïes ajourées entre le pare-chocs et les passages de roues avant. L’édition High Country, en sommet de gamme, ajoute des éléments de couleur bronze, dans la grille comme à l’intérieur, et de superbes jantes de 22 po lustrées de noir. C’est clair, ma monture faisait tourner les têtes des amateurs de camions et nul ne doute que sur un chantier de construction j’aurais passé pour le « boss », l’élégance riche de ce Silverado étant dépourvue de l’immaturité fréquente des camions tout garnis.

À l’intérieur, ça manque nettement plus d’inspiration – on se croirait ici dans un véhicule purement utilitaire. Bien que tout soit très fonctionnel, à ce prix – on y revient – on aimerait que le statut de « cowboy Cadillac » soit plus affirmé.

Puissance : 8/10

General Motors possède une arme secrète à l’interne qui fait défaut à ses rivales : sa division japonaise de camions lourds Isuzu. Les moteurs diesel Duramax nés de cette collaboration américano-nippone ont fort belle réputation et ce « six en ligne » turbodiesel de 3,0 litres est le dernier né de la famille. Les ingénieurs le savent tous : un six cylindres en ligne possède un équilibre harmonique qu’un V6 ne peut égaler, d’où ce choix. S’ajoutent ensuite un costaud bloc allongé en aluminium avec insertions d’acier pour les cylindres, une gestion thermale active pour faciliter les démarrages à froid et l’injection directe à haute pression des Duramax.

Avec à peine plus d’un litre de cylindrée qu’une petite Volkswagen TDI, le Duramax arrache le lourd Silverado de son inertie avec aplomb, et malgré cette impression d’effort à l’arraché, les chiffres qui défilent sur l’affichage de vitesse tête haute défrisent mon crâne dégarni. Méfiez-vous, on est facilement à 30 km/h au-delà de la vitesse ressentie et ce colosse a des reprises tout aussi étonnantes malgré sa petite cylindrée.

On s’en doutait, le turbodiesel affiche un couple bien sonné de 460 lb-pi en sus de ses 277 équidés. La boîte automatique à dix rapports (oui, 10!) est la seule offerte avec le Duramax, et elle transmet la puissance aux roues arrière ou à toute les quatre selon la version; elle dispose aussi d’un mode adapté au remorquage. Nous n’avons justement pas eu la chance de tracter quoi que ce soit cette semaine, mais sachez que ce Silverado peut tirer 5 443 kg (près de 12 000 livres) tandis que sa caisse peut supporter une charge de 1 082 kilos. Une dernière donnée : ce moteur ajoute 3 245 $ à l’addition.

Agrément de conduite : 5/10

Même si le Duramax devient presqu’inaudible à vitesse de croisière, et que les turbodiesel de la concurrence sont plus bruyants, en ville on a tout de même l’impression de conduire un bus en raison de la trame sonore. Comme avec tout camion, on ressent également des vibrations tout le long du châssis-échelle à chaque impact issu des mauvaises chaussées, qui ne sont pas rares ces jours-ci!

Cette transmission des impacts vient du choix stratégique de Chevrolet d’offrir des composantes traditionnellement plus robustes sur ses camions, tels les ressorts à lame à l’arrière, plus costauds que les ressorts hélicoïdaux des RAM, ces derniers assurant un meilleur confort à vide. On peut regarder aussi du côté des masses non-suspendues importantes, comme ces immenses jantes de 22 po, qui n’aident en rien le travail des suspensions et de la direction, qui ne transmet par ailleurs aucune sensation si ce n’est celle du poids des roues.

À vitesse de croisière, le Silverado est plus docile, mais on remarque un roulis important sur les ondulations de chaussée, tandis que chaque freinage nous rappelle la masse du véhicule, le pied droit devant appuyer un peu plus fort qu’anticipé.

Convivialité : 8/10

Le Silverado High Country comporte plusieurs petites touches qui viennent faciliter la vie de son propriétaire, tels les marchepieds intégrés aux coins du pare-chocs arrière, les poignées dissimulées dans les flancs de la caisse, ce génial abattant électrique, le robuste recouvrement antichoc à l’intérieur de la caisse, les crochets d’arrimage et l’éclairage intégrés, ainsi que des prises 110 V (avec fiche de mise à la terre SVP).

Côté cabine, ce que l’aménagement perd en design il le gagne en facilité d’usage. Tout tombe sous la main, comme ces grosses molettes rotatives pour le chauffage et la climatisation, et les touches de volant et sièges chauffant qu’on peut manipuler sans retirer ses gants. Les longs marchepieds latéraux et les vastes portières facilitent l’accès aux sièges haut-perchés. Idem du côté du système d’infodivertissement « Premium 3 » de Chevrolet, simple et intuitif, aux menus clairs comme on les aime.

Sécurité : 7/10

Le Silverado essayé contient toute une armada de dispositifs de sécurité, à commencer par des coussins gonflables latéraux au niveau du torse et de la tête, le système OnStar de GM et sa télésurveillance, des radars de stationnement à l’avant et à l’arrière, l’alerte de circulation transversale arrière – pratique quand l’extrémité du véhicule est aussi loin! -, des caméras sur 360 degrés, l’avertisseur de dérive de voie avec assistance à la direction, le moniteur d’angles morts et une alerte de présence au siège arrière, pour ne pas y oublier bébé.

Côté sécurité passive, le gabarit d’un véhicule n’est pas nécessairement une garantie tout azimuts en cas de collision car le Honda Ridgeline, un camion monocoque passablement plus compact, obtient de meilleurs résultats que le Silverado dans les tests de collision de l’IIHS, qui ne se mérite au passage que quatre étoiles dans ceux de la NHTSA.

Caractéristiques : 10/10

Énumérer la liste des caractéristiques comprises dans ce Silverado tout garni ajouterait quelques pages à cet article! Outre les éléments mécaniques déjà discutés, mentionnons ici le régulateur de vitesse intelligent, les sièges de cuir véritable à ventilation mécanique, la navigation GPS, une épatante sonorisation Bose, l’affichage tête haute, cet étonnant système de caméra 360 degrés qui peut « voir » à travers une remorque et un contrôleur de freins de remorque intégré. On retrouve même une caméra à hauteur d’attelage pour faciliter l’arrimage à une remorque! On est très, très loin du Chevrolet C10 Custom Deluxe 1979 à cabine en métal peint avec lequel j’ai appris à conduire sur la ferme de mon grand-père…

Habitabilité : 8/10

Vous dire que la cabine « crew cab » du Silverado est très logeable est un euphémisme. Personne ne manque d’espace, particulièrement à l’arrière où la banquette 60/40 a permis à mes trois grandes de s’asseoir sans que la bulle de l’une ne soit envahie par l’autre. Cette banquette cache quelques astuces, comme des dossiers creux avec rangements, et des assises rabattables vers le haut, dévoilant un long bac de rangement et un vaste plancher de chargement. Nous avons d’ailleurs assis deux personnes derrière, avec une grosse table de chevet sur le plancher en relevant la portion « 40 ».

À l’avant, on aimerait avoir l’option d’une banquette, question de profiter de l’immense largeur de la cabine. L’énorme console qui trône entre les deux sièges baquets occupe pas mal d’espace, mais son volume permet d’engloutir le sac de mon appareil reflex – difficile de trouver plus logeable!

Côté caisse, nous avons fait travailler le Silverado un tantinet en lui faisant déménager un grand lit ( « queen » comme on dit). C’est là qu’on a constaté que la caisse courte, qui fait un peu moins de 70 po de long, est deux pouces plus courte que le matelas nord-américain le plus populaire. Avec quelques sangles, tout s’est réglé.

Confort : 7,5/10

Si l’insonorisation du Silverado et le confort de ses sièges sont fort louables, les massifs pneus de 22 po à profils bas sont une source incessante de secousses sur de mauvaises chaussées – on a même réussi à faire faire une petite dérobade au train arrière, la caisse à vide il est vrai. Avec 275 mm de semelle, les larges pneus se moquent des petits trous qui vous avalent une sous-compacte, mais les grosses fissures et autres balafres pleine grandeur du bitume urbain sont nettement entendues et ressenties. On s’attendait à mieux, mais encore une fois on blâme les lourdes jantes.

Sur l’autoroute, le Silverado est dans son élément et on ne s’étonne pas que des voyageurs traversent le continent entier à son bord, avec roulotte qui suit derrière. On flotte doucement comme dans une bagnole des années ’70, le Duramax oscillant à peine à 1 400 tours à 110 km/h, gracieuseté du couple élevé et de la boîte à dix rapports.

Économie de carburant : 8,5/10

Lors de la prise en main du Silverado, l’ordinateur de bord affichait deux statistiques fort intéressantes : 10,3 l/100 km pour le dernier réservoir et, tenez-vous bien, 7,6 l/100 km pour le meilleur réservoir – des chiffres de Corolla! Sachant qu’un plein livre plus de 1 000 km d’autonomie et que ce camion n’en accuse que 4 000 à l’odomètre, ce « score » est fort impressionnant! Malgré un parcours aller-retour Montréal-Bromont, nos nombreux courts déplacements ont généré une moyenne de 11,0 l/100 km, ce qui reste passablement mieux que ce que j’ai obtenu cet hiver avec des véhicules passablement plus menus! Le moteur Duramax livre donc la consommation des camions compacts d’antan dans un véhicule 4x4 pleine grandeur. Qui a dit que le diesel faisait partie du passé?

Valeur : 6,5/10

L’époque du bon vieux « pick-up de ferme » tout simple, véritable boîte à outils sur roue, est bien révolue. Les camions d’aujourd’hui sont raffinés, luxueux, équipés à en faire craquer l’étiquette apposée chez le concessionnaire. Avant les taxes, le rutilant High Country que vous apercevez sur cette page fait sonner la caisse à tout près de 80 000 $, avant les taxes. Oui ce Silverado est aussi costaud qu’un camion de poids moyen d’il y a quelques décennies, et offre tout le confort moderne d’une berline, mais quand on sait qu’une Honda Civic de 20 000 $ dispose d’un armada technologique aussi poussé, on peut se questionner sur le rapport prix / valeur des camions tout garnis de ce segment, le Silverado ne faisant pas exception à la tendance de ce marché très lucratif pour les « trois grands » de Détroit.

Conclusion

Mea-culpa : j’ai surtout fréquenté les camions de la branche paternelle de la famille, ces fameux « Squarebodies » du GM des années ’70. C’est donc un peu dans une continuité génétique que j’ai pris le volant du dernier né du clan cette semaine. Faut reconnaître que le moteur Duramax est toute une réussite, à la fois souple et de frugalité stupéfiante, en plus de convenir à merveille à la nouvelle cuvée du Silverado. Le côté sobrement élégant du Chevrolet plaît dans un segment où le m’as-tu-vu mène souvent, mais au prix demandé on aimerait un intérieur plus conséquent, ainsi que des tarages de suspension et montes pneumatiques mieux adaptés à cette cargaison si populaire, à savoir … de l’air. Au moment d’écrire ces lignes, GM tout comme Ford terminent la mise au point de la prochaine salve de cette guerre des clans, de grands pick-ups tout électriques. Mais pour le moment, j’avais cette semaine un plus beau camion que celui de mon voisin, le proprio de la concession Ford locale…

Les concurrents
Caractéristiques
Cylindrée 3,0L
Nb. de cylindres L6
Puissance 277 ch @ 3 750 tr/min
Couple 460 lb-pi @ 1 500 tr/min
Consommation de carburant 10,4 / 8,0 / 9,4 L/100 km ville/route/comb
Volume de chargement 1 781 L
Modèle à l'essai Chevrolet Silverado 1500 4RM Crew Cab High Country 2020
Prix de base 66 798 $
Taxe climatiseur 100 $
Frais transport et préparation 1 900 $
Prix tel qu’essayé 79 948 $
Équipement en option
11 150 $ – Groupe Technologie (caméras HD 360 degrés, rétroviseur-caméra, affichage tête haute, caméras de benne et de remorquage), 2 450 $; Peinture Bleu Northsky, 495 $; Moteur Duramax 3,0 litres turbodiesel, 3 245 $; Groupe High Country Deluxe (groupe sécurité II, toit ouvrant, jantes de 22 po), 5 450 $, verrous de jantes, 80 $; Emblème avant noir, 180 $; Escompte pour groupes combinés, –750 $