Les concepts automobiles ont cette faculté de faire rêver. Encore aujourd’hui, les stratèges des différentes marques font appel à ces « sculptures sur roues » pour sonder le consommateur dans certains cas, mais aussi pour annoncer le design attendu quelques années plus tard.
Si certains de ces véhicules uniques au monde ont marqué leur époque, d’autres, au contraire, ont sombré dans l’oubli le plus complet. D’autres, en revanche, pourraient même être qualifiés d’étranges tellement leur silhouette ne fait pas l’unanimité.
Mais justement, n’est-ce pas la raison d’être de ces concepts ? De déranger, d’attirer l’attention ou dans certains cas, de séduire même?
Pour ce palmarès, nous sommes donc retournés 30 ans en arrière, la décennie des années 90 qui s’est avérée très riche en dévoilements spectaculaires, et d’autres, un peu moins. Nous nous attardons donc pour l’occasion à certains des concepts automobiles les plus étranges ou inusités de la dernière décennie du XXe siècle.
Précisons tout de même que le terme « étrange » n’est pas à connotation négative ici.
Chrysler CCV 1997
Clairement, les concepteurs de cette Chrysler (pour Composite Concept Vehicle) avaient la Citroën 2CV en tête lorsqu’ils ont dessiné cette petite voiture développée pour les marchés émergents. La carrosserie était réalisée à l’aide de bouteilles de plastique recyclé, tandis que le poids de la voiture n’était pas très élevé, la citadine qui affichait un poids total de 544 kg sur la balance.
Voilà certainement ce qui explique pourquoi la motorisation était plus archaïque, le moteur deux-cylindres refroidi à l’air d’une cylindrée de 0,8-litre qui provenait du catalogue de l’entreprise Briggs & Stratton. L’engin livrait une puissance de 25 chevaux seulement. Malheureusement, le projet ne s’est pas transformé en voiture de production.
BMW Z18 1995
On ne peut pas accuser le constructeur bavarois de conservatisme, les designers de la marque qui cherchent constamment à trouver de nouveaux créneaux. Prenez le BMW X6 par exemple, le VUS coupé qui a carrément lancé une mode au sein de l’automobile moderne.
Le roadster surélevé Z18 dévoilé en 1995 aurait également pu surprendre la planète auto avec sa garde au sol franchement supérieure à celle du roadster Z3 sur lequel le véhicule était basé. D’ailleurs, l’arrivée l’an dernier de la Porsche 911 Dakar et de la Lamborghini Sterrato sont deux preuves que voiture sport et conduite hors route peuvent être utilisées dans la même phrase.
Certes, le design n’est peut-être pas aussi intemporel que celui de la petite décapotable apparue la même année, mais le squelette était le même. Sous le capot, le moteur comptait huit cylindres (V8), tandis que la boîte de vitesses était une manuelle à cinq rapports. Mieux encore, le roadster Z18 profitait du rouage intégral de la division.
Dodge T-Rex 1996
Le Ram 1500 TRX commercialisé depuis quelques années à peine a déjà été imaginé avec un essieu de plus vers la fin des années 90. Le concept Dodge Ram T-Rex de 1998 était toujours basé sur la carrosserie de l’époque, mais six roues motrices au lieu des quatre habituelles.
En revanche, contrairement au bolide suralimenté TRX qui fait appel à la plateforme du Ram 1500, le concept T-Rex de 1996 avait été développé sur un Dodge Ram 3500 avec un moteur V10 de 8,0-litres sous le capot. Et comme le SEMA Show avait été sélectionné pour le dévoilement du super camion, disons que les réactions ont été très positives cette semaine-là. Rappelons que l’exposition annuelle regroupe les meilleurs bolides modifiés de la planète.
Jeep Wagoneer 2000 1991
Le concept Jeep Wagoneer 2000, comme son nom l’indiquait, était supposé montré ce à quoi pourrait ressembler un Jeep Wagoneer – ou Grand Wagoneer – dans l’avenir. Or, quand on regarde l’actuelle génération du gros utilitaire, on ne peut que se rendre compte que les designers ont fait fausse route. Les lignes très aérodynamiques du concept faisaient contraste avec la défunte génération du 4x4 pleine grandeur de l’époque ou même avec celle qui est revenue en pleine pandémie il y a quelques saisons à peine.
Pouvant asseoir jusqu’à six passagers, le gros VUS était même équipé d’une télévision, d’un lecteur VHS ainsi que d’un lecteur DC.
Nissan Trail Runner 1997
Le géant nippon possède une riche histoire en matière de voitures sport et même en sport motorisé, quelle que soit la discipline retenue. Il n’est donc pas étonnant que les designers aient cherché à explorer un nouveau format vers la fin de la décennie 90.
Le concept Trail Runner combinait le look affûté d’un coupé sport à celui d’un multisegment surélevé. Ça ne vous rappelle pas une certaine tendance très populaire en 2024? Le Trail Runner était justement un précurseur du phénomène des multisegments coupés. Le concept était équipé d’un moteur 4-cylindres de 1,8-litre bon pour une puissance de 185 chevaux, tandis qu’une boîte de vitesses à variation continue s’occupait d’acheminer le couple aux quatre roues motrices.
Nissan XIX 1995
Mentionnons tout d’abord que la prononciation de ce curieux véhicule à la carrure prononcée est Kicks, au même titre que l’actuel multisegment de poche. Toutefois, cette minuscule camionnette à cabine d’équipe était basée sur une plateforme de Nissan Sentra. Le véhicule avait été dévoilé au Salon de l’auto de Tokyo.
Très logeable, la cabine avait aussi l’avantage d’être secondée par un très large coffre derrière. Finalement, les concepteurs de Nissan étaient quelques décennies en avance sur le retour de la camionnette compacte (Ford Maverick, Hyundai Santa Cruz). Précisons également que le XIX était équipé d’un rouage intégral à prise constante.
Chrysler Atlantic 1995
Dévoilé à l’époque où l’empire Chrysler aimait beaucoup ressortir des designs antiques, le coupé Atlantic avait presque tout ce qu’il fallait pour être confondu avec une voiture d’avant-guerre. De la silhouette tout en courbes à la devanture ornée d’une grille double logée au bout d’un long capot pointu, la Chrysler Atlantic était même propulsée par un moteur fonctionnel huit-cylindres en ligne. L’engin avait, dit-on, été développé en plaçant deux moteurs 4-cylindres extirpés d’une Dodge Neon.
Ford Synergy 2010 1996
Il est tout de même difficile de croire que cette voiture qui semble tout droit sortie d’un film de science-fiction n’est en fait qu’une idée apparue en 1996. On peut dire sans se tromper en revanche que les designers de Ford qui croyaient illustrer la voiture de 2010 avec ce concept se sont royalement trompés.
Sous la carrosserie cependant, la Synergy était plus proche du notre ère avec l’union d’un moteur électrique et d’un minuscule moteur diesel de 1,0-litre de cylindrée. Dans l’habitacle, la planche de bord était équipée de trois écrans, une disposition de plus en plus commune en 2024.
Pontiac Rageous 1997
Pour les plus âgés d’entre nous, il faut remonter à la fin du siècle dernier alors que la division Pontiac était réputée pour ses designs de voiture très chargés. Très souvent, les flancs des voitures Pontiac étaient décorés de ces panneaux aux stries linéaires.
Le concept Rageous reprenait cette idée, mais avec encore plus d’affirmation. En fait, le concept était supposé montré le muscle car du futur. Sous le capot, la berline respectait la recette classique avec un bon vieux V8 de 5,7-litres accouplé à une boîte manuelle à cinq rapports. La berline était d’ailleurs assez inusitée avec son hayon, ses portières suicide à la deuxième rangée et même cet espace cargo qui rendrait jaloux n’importe quel propriétaire de camionnette compacte. En effet, le concept profitait même d’un double hayon, dont un qui descendait comme dans un pickup.
Plymouth Voyager III 1990
Nous terminons ce très bref tour d’horizon des concepts inusités des années 90 avec l’un des premiers de cette décennie, mais non le moindre. Le très long véhicule développé par la marque Plymouth pour le Salon de l’auto de Chicago de 1990 était en réalité deux véhicules.
La portion avant abritait une petite voiture munie d’une banquette à trois places à la première rangée. Lorsque celle-ci se « séparait » de l’autre portion plus logeable, un essieu dissimulé était déployé pour que la voiture puisse rouler indépendamment.
La section plus logeable de cette très longue minifourgonnette proposait cinq places assises, mais n’avait pas de poste de conduite. Pourtant, les deux modules du concept étaient équipés d’un moteur 3-cylindres à l’avant et d’un 4-cylindres derrière.
Il faut l’avouer, cet étrange concept n’avait aucune chance d’entrer en production, ne serait-ce que par sa complexité. D’ailleurs, on peut aussi songer aux manœuvres compliquées pour unir les deux châssis.