Avis d'expert

Subaru WRX Sport-tech RS 2020 : essai hivernal

6,8
10
SCORE AutoHebdo
Ce score est attribué par notre équipe d’experts après des tests approfondis de la voiture
  • DESIGN
    6/10
  • Sécurité
    7/10
  • HABITABILITÉ
    7/10
  • CONVIVIALITÉ
    8/10
  • CARACTÉRISTIQUES
    7/10
  • PUISSANCE
    8/10
  • CONFORT
    4/10
  • AGRÉMENT DE CONDUITE
    8/10
  • CONSOMMATION DE CARBURANT
    7/10
  • VALEUR
    6/10

Si les « boomers » n’en ont que pour leurs « muscle cars », chez la Génération X, les icônes se nomment GTI, Supra, voire Integra. Mais pour les « Y », et ceux qui suivent, l’icône avec un grand « I », c’est Elle. Révélée au monde par le Championnat mondial de rallie de la FIA, Ken Block, les X Games puis par les jeux vidéo, la WRX a marqué un virage sportif à fond la caisse pour la campagnarde marque aux étoiles, et psychologiquement elle a mis fin au dictat qu’un modèle sportif ne doit avoir que deux portes. Traction intégrale, turbocompresseur et quatre portières, voici dorénavant la fiche technique d’une compacte sportive. On essaie pour vous cette semaine la référence de la catégorie, dans sa robe bleue traditionnelle.

Design : 6,5/10

Peuplés de « boomers », les forums de discussion consacrés aux bagnoles classiques alimentent toujours le débat deux portes vs quatre portes. Chez les jeunes fans de la WRX, on débat plutôt de quatre portes vs cinq portes! Plusieurs lamentent le fait que la plus sportive des Impreza se prive de hayon depuis cette génération. Dépourvue des artifices aérodynamiques de la version STi plus pointue, la WRX se fond (presque) dans le même décor qu’une ancienne berline Impreza de base.

Presque, car en plus de cette peinture Bleu rallye nacré, véritable signature de la marque, difficile de ne pas voir l’énorme prise d’air fonctionnelle qui domine le capot et les renflements des ailes, qui enveloppent des pneumatiques surdimensionnés pour une compacte (des 245/40R18). Difficile de ne pas apercevoir aussi ce diffuseur arrière, flanqué de deux embouts d’échappement doubles bien chromés. Le problème, c’est que ces artifices sportifs sont boulonnés à l’Impreza de génération précédente, apparue en 2012 (huit ans!!). C’est idem à bord où l’on ressent l’ambiance d’une voiture conçue dans la première décennie du 21è siècle. Bref, rien de très vilain, mais la WRX est nettement démodée.

Puissance : 8,5/10

La puissance sera toujours à la mode dans une bombinette, mais sa livraison ici nous rappelle les turbos d’il y a quelques décennies. Si les moteurs suralimentés modernes présentent généralement un couple impressionnant dès le ralenti, la WRX elle suit plutôt le crédo pointu des sportives d’antan, le moteur se faisant paresseux à bas régime pour ensuite virer frénétiquement capot quand la pression se fait sentir dans les chambres de combustion. L’accélération est donc logarithmique plutôt que linéaire, et plus on tient la pédale de droite, plus la bête livre des équidés. Le 2 litres à plat pousse ainsi 268 chevaux à 5 600 tours et offre un couple de 258 lb-pi.

Amplifiée par l’échappement sportif, la sonorité particulière du « quatre à plat » est gutturale, virile, addictive. À bas régimes, il « souffle » fortement par sa plomberie, façon tuyaux d’orgue, et on sent ses gaz passer de l’avant à l’arrière de façon très audible. À 2 700 tours en sixième à vitesse de croisière, les reprises sont franches même sans rétrograder, tandis que la relative paresse du moteur à bas régime rend cette bête de piste domptable en milieu résidentiel. En plein désert bitumineux par contre, un lancement à haut régime vous fait patiner les quatre pneus… J’ai lu ça quelque part, si si!

Agrément de conduite : 8/10

L’ambiance de voiture d’une autre époque se poursuit dès qu’on appuie sur le bouton de démarrage. On entend bien fort toutes les dents du démarreur, puis le deux litres se met dans un régime élevé (un « fast idle » en bon québécois) qui vous ramène au temps des bagnoles à carburateur. Même à chaud. Au premier feu rouge, les piétons vous dévisagent face à votre « Vroooooooo! » constant bien sonné à 2 000 tours.

Heureusement, Subaru a évité le catalogue de pièces de bolides de course pour au moins deux choses : l’embrayage, à l’effort juste correct, et le levier de vitesses, à la course assez longue mais rude. Il est simple à son bord de sauter quelques rapports sans gaffer. Côté châssis, par contre, elle a pillé tout le catalogue. On découvre bien vite que la mission de la WRX n’est pas la ballade avec votre douce moitié. La WRX brasse sec, et pour une voiture aux gênes de rallie, on se demande bien où est passé le débattement des suspensions. La moindre cicatrice de chaussée vous est audiblement et physiquement télégraphiée. On se doute que tout est réglé pour plus de précision sur circuit fermé, d’où ces claquements secs du train avant sur mauvaise chaussée. La direction, mâtée depuis un excellent volant au boudin à méplat, vous parle de tout ce qu’elle rencontre sur la chaussée. En plus de trop parler, elle s’abonne à toutes les ornières qu’elle rencontre, comme si les pneus étaient trop larges pour ce châssis.

Après quelques jours à se faire tabasser les reins, on resserre notre poigne sur la crinière de la WRX et on lui montre qui est le maître. Et c’est quand on la cravache qu’elle entre dans sa zone et que la quincaillerie embarquée prend tout son sens. Le plaisir croît avec l’usage, attention aux contredanses!

Convivialité : 8/10

Il est rare de nos jours de tomber sur une voiture aussi analogue. Tout dans la WRX nous rappelle la simplicité des designs passés : une excellente surface vitrée, des piliers bien minces, un tableau de bord abaissé avec un tout petit écran tactile et de bonnes vieilles molettes rotatives pour la climatisation et le chauffage.

L’envers de la médaille : les accessoires modernes, tels les boutons de sièges chauffants, sont inaccessibles sans quitter les yeux de la route, les commandes au volant manquent de précision, tout comme les tactiles. Reste que rien ici n’est déroutant, et on sourit en voyant de bons souvenirs, tels le lecteur CD et l’ordinateur de bord indépendant du système d’infodivertissement, comme dans l’temps.

Sécurité : 7/10

Nous avons été étonnés que la variante Sport-tech RS de la WRX d’essai soit dépourvue du système EyeSight, même si elle se trouve au sommet de la gamme. En fait, ce système plébiscité n’est livrable qu’avec la transmission automatique à variation continue (CVT), les aides à la conduite moderne n’ayant que faire d’une pédale d’embrayage. La WRX possède tout de même d’excellents systèmes de surveillance des angles morts et d’avertissement de circulation transversale arrière, fort pratique dans les stationnements commerciaux. On remarque aussi ces phares directionnels à DEL qui éclairent dans le sens des virages, et des freins Brembo bien mordants.

La NHTSA lui donne une cote cinq étoiles pour sa résistance pendant une collision, mais les meilleures notes de l’IIHS lui échappent quand la WRX est dépourvue de la suite EyeSight.

Caractéristiques : 7/10

Monter à bord d’une WRX, c’est faire un retour dans le temps! Pas de régulateur de vitesse adaptatif, pas de volant chauffant, pas de conduite pilotée, pas de toit panoramique. Les sièges chauffants semblent avoir été ajoutés à posteriori comme leurs commandes sont situées derrière les hanches des passagers avant, et l’aménagement des lieux est triste à souhait avec beaucoup de plastique noir et dur. Heureusement que des surpiqures rouges ont été ajoutées pour 2020, question d’égayer un peu.

Au rayon du positif, Android Auto et Apple CarPlay sont livrés de série, tout comme la radio satellite. Ne vous laissez pas impressionner par la mention d’une sonorisation Harmon Kardon, le rendu des neuf haut-parleurs est très ordinaire, ce qui n’augure rien de bon pour les versions dotées de la sono de base. En fait, la WRX est mieux nantie au rayon de la quincaillerie, qui comprend évidemment la fameuse traction intégrale à prise constante de Subaru avec différentiel central autobloquant, et ici de superbes jantes de 18 po chaussées d’usine avec des pneus de performance. Avec une WRX, on paie pour la fondation, pas la finition.

Habitabilité : 7,5/10

L’Impreza de génération précédente sur laquelle est basée la WRX était l’une des plus logeables de sa catégorie, donc un excellent point de départ. Malgré la présence d’un toit ouvrant, aucun problème d’espace pour la tête tant à l’avant qu’à l’arrière. Pour les jambes, c’est généreux derrière mais côté conducteur, il vous faudra essayer quelques ajustements afin de manipuler l’embrayage sans vous envoyer le tibia dans le bas du tableau de bord – le volant inclinable et télescopique aide ici.

Si les fans de première heure de la WRX lamentent l’absence d’une configuration à hayon, notons que le coffre traditionnel est profond, logeable et généreux d’ouverture. De plus, il peut être agrandi grâce à la banquette arrière à dossiers 60/40.

Confort : 4/10

C’est rare qu’on se demande si on pourrait supporter une voiture neuve sur un long trajet…mais ici on le fait. La WRX est très bruyante en tout et partout (2 700 tours à 119 km/h), chose que la navrante chaîne audio ne peut compenser et que les Yokohama d’hiver amplifient. Elle n’a qu’une corde à son arc : le sport. C’est en conduite agressive qu’elle se révèle, voir s’affûte, mais cette zone de transition se trouve à des vitesses supralégales et elle vous transforme en hooligan un bon père de famille (je ne nommerai pas de nom). Dans sa zone, la WRX s’exprime à son meilleur, mais les routes ne sont pas un circuit au bitume lisse comme un miroir – et la WRX vous le rappelle incessamment.

On dénote particulièrement un ballottement très ressenti dans le cou des passagers avant, surtout sur des autoroutes bien droites à chaussée de béton. En contrepartie, les sièges Recaro à réglages électriques du modèle d’essai offrent un confort ferme tout en support, et la banquette arrière est très convenable. On déplore toutefois un accoudoir central inutilisable à l’avant, autre bémol à l’usage sur long parcours.

Économie de carburant : 7,5/10

Compte-tenu des prestations très relevées de la WRX, son appétit pour l’essence super reste très raisonnable et nous avons même fait un peu mieux en conduite mixte urbaine que la cote moyenne de l’ÉnerGuide canadien, soit un 10 l/100 km bien rond malgré une conduite, hum, « appropriée » à une WRX. En fait nous étions mêmes dans les 9 litres pendant les premiers jours d’acclimatation. Malgré celles du conducteur, l’indicateur de consommation d’essence ne fait pas de pitreries.

Valeur : 6,5/10

Le segment des compactes sportives fond à vue d’œil, mais c’est face à ses rivales qu’il faut évaluer l’offre de la WRX. Une Civic Si ou une VW GTI offrent plus de raffinement qu’une WRX de base à des prix similaires, mais sans l’intégrale, tandis que la Sport-tech RS d’essai se rapproche du prix de la Golf R, bagnole qui offre une expérience plus conséquente au budget demandé. Les performances et l’aura sont là, mais il faut admettre que les concurrentes de la WRX offrent une meilleure valeur au quotidien.

Conclusion

Depuis la disparition de ses grande rivales du monde des rallies, la Mitsubishi Lancer Ralliart et la Ford Focus ST, la WRX porte seule le flambeau de la compacte sportive pure et dure, celle qui n’en a rien à cirer du métro-boulot-dodo, qui crie haut et fort sa mission dans la vie dès la mise en route du démarreur. On dit souvent qu’il ne faut pas rencontrer ses héros, et il faut avouer que la WRX ne fait pas une excellente première impression depuis le volant, brutale et sèche qu’elle est. C’est au fil des jours qu’on l’apprivoise, qu’on l’accepte avec ses torts et ses qualités, qu’on en fait sa complice et qu’au final on justifie l’admiration qu’on lui vouait tant.

Les concurrents
Caractéristiques
Cylindrée 2,0 L
Nb. de cylindres H4
Puissance 268 ch @ 5 600 tr/min
Couple 258 lb-pi @ 2 000–5 200 tr/min
Consommation de carburant 11,3 / 8,5 / 10,1 L/100 km ville/route/comb
Volume de chargement 340 L
Modèle à l'essai Subaru WRX Sport-tech RS 2020
Prix de base 39 695 $
Taxe climatiseur 100 $
Frais transport et préparation 1 650 $
Prix tel qu’essayé 41 445 $
Équipement en option
Aucun