Si vous jetez un œil à l’extérieur de votre résidence, il y a de fortes chances que vous aperceviez un véhicule appartenant à la catégorie de plus en plus étendue des VUS et autres multisegments. La mode utilitaire s’est répandue comme une traînée de poudre depuis une quinzaine d’années et rien n’indique que la tendance va s’estomper de sitôt.
Pourtant, au début du siècle, l’engouement pour une autre catégorie de véhicules battait son plein au Canada, mais surtout dans la belle province où les formats réduits ont la cote depuis les années 80. Les voitures sous-compactes étaient partout dans les années 2000 et même pour la décennie suivante.
Ces petites voitures simples au possible, peu coûteuses à entretenir et à acquérir avaient toutefois un défaut majeur : un prix plancher et, incidemment, une minuscule marge de profit. Et avec la popularité grandissante des VUS de taille intermédiaire et compacte qui ne cessait de grandir, les constructeurs se sont tous mis à imaginer des versions utilitaires de ces voitures sous-compactes, une stratégie relativement simple pour gonfler les profits sans devoir investir des sommes faramineuses pour le développement d’une nouvelle plateforme.
Nous nous sommes donc amusés à retrouver ces petites voitures à travers ce vaste étang de petits utilitaires urbains qui, à l’instar des voitures sous-compactes sur lesquelles ils sont basés, n’auraient aucune chance dans un parcours de conduite hors route.
Place aux multisegments sous-compacts (et certains compacts) et leurs origines plus modestes.
Hyundai Venue
Le plus petit véhicule commercialisé par Hyundai au pays s’appelle le Venue. Le multisegment urbain n’offre pas de rouage intégral, tandis que sa garde au sol n’a rien d’impressionnant malgré sa carrure avouée. Sous le capot, le moteur 4-cylindres atmosphérique de 1,6-litre de cylindrée est le même que celui boulonné à bord de la défunte Accent. En fait, la plateforme du Venue est également la même que pour la voiture sous-compacte commercialisée jusqu’en 2020. D’ailleurs, l’Accent et le Venue se sont même côtoyés dans les salles d’exposition de la marque. Malgré le supplément exigé pour son acquisition (face à la Hyundai Accent vendue moins cher), le petit VUS a rapidement eu raison de la voiture sous-compacte.
Bizarrement, la marque Kia n’a pas remplacé sa sous-compacte Rio par un multisegment équivalent et plus dispendieux. La sous-compacte coréenne, techniquement identique à l’ancienne Accent, est toujours en service en 2023, mais il est permis de se demander pour combien de temps.
Nissan Kicks
L’autre minuscule véhicule utilitaire – et rival avoué du Hyundai Venue – provient de la marque Nissan. Le Kicks s’est amené en 2018, aux côtés des deux voitures sous-compactes du constructeur du moment, la Nissan Versa Note et la Nissan Micra qui se retrouvait plutôt dans la colonne des microvoitures.
Sous le Kicks, la même plateforme que les deux voitures aux dimensions réduites servait de base à ce nouveau joueur sous-compact qui, bien entendu, reprenait intégralement la même mécanique 4-cylindres de 1,6-litre et cette boîte de vitesses CVT. Comme pour le Venue de Hyundai, le Kicks n’a droit qu’à deux roues motrices avant. À peine quelques mois après l’introduction du Kicks, Nissan Canada a mis fin abruptement à la carrière des deux autres qui commençait à avoir du mal à cacher leur âge de conception, une triste fin pour deux voitures qui répondaient aux besoins de consommateurs aux budgets plus limités.
Ford EcoSport
Le diminutif multisegment n’est plus en vente au Canada, notamment parce qu’il se retrouvait souvent en queue de peloton lorsqu’il était comparé aux autres véhicules de son segment, en plus de se vendre à un tarif peu concurrentiel. L’EcoSport souffrait en plus d’un âge avancé lorsqu’il s’est amené en sol canadien. Le véhicule avait en effet été lancé ailleurs dans le monde plusieurs années au préalable.
L’EcoSport partageait sa plateforme avec la défunte Fiesta, la sous-compacte que Ford a greffée à son alignement en 2011. Et même si la voiture proposait un comportement « à l’européenne », elle commandait souvent un prix plus élevé que la concurrence en plus d’être moins fiable que la moyenne. Mais bon, si vous apercevez un Ford EcoSport dans la rue, dites-vous qu’il y a un peu de Fiesta sous cette coquille utilitaire.
Honda HR-V
L’histoire se répète pour le Honda HR-V. C’est lui qui a poussé la Honda Fit à la retraite. Bon, précisons tout de même que l’actuel HR-V – en vente depuis cette année – repose plutôt sur une base de Honda Civic, une voiture compacte. Mais, son prédécesseur utilisait la même architecture que la sous-compacte hyper pratique. D’ailleurs, les deux véhicules partageaient même cette brillante idée du « Magic Seat » à la deuxième rangée. En revanche, les ingénieurs de Honda ont préféré équiper le petit utilitaire d’une mécanique empruntée à la Civic plutôt que de faire appel au moteur 4-cylindres de 1,5-litres de la sous-compacte.
Chevrolet Trax
Depuis quelques semaines, le Chevrolet Trax 2.0 est en vente au pays, le véhicule qui s’approche techniquement du Chevrolet Trailblazer. Il y a quelques années à peine, la marque au nœud papillon comptait sur deux modèles de voitures sous-compactes en Amérique du Nord, la Chevrolet Sonic et la microvoiture Chevrolet Spark.
Mais, les stratèges du constructeur ont vu juste en introduisant le premier Chevrolet Trax en 2013, le véhicule qui était facile à garer en plus d’offrir de réelles caractéristiques utilitaires dans un format plus petit. La garde au sol était intéressante, tout comme le rouage intégral disponible en option, tandis que le prix exigé n’était pas exagéré.
Quant à ce nouveau Trax 2024, il remplace à lui seul toutes les petites voitures commercialisées par Chevrolet au cours des décennies (Cavalier, Aveo, Sonic, Cobalt, Cruze, etc.), notamment parce qu’il doit se contenter d’une configuration à roues avant motrices.
Mazda CX-3
Le petit CX-3 n’est plus offert au Canada ou aux États-Unis, mais ce dernier a été préféré à la Mazda2 lors de son arrivée en Amérique du Nord. Le constructeur Mazda, qui n’avait pas remporté un énorme succès avec sa sous-compacte, a plutôt opté pour le CX-3 qui s’est avéré le bon choix. Il faut l’avouer, le petit véhicule perdait quelques points en matière d’habitabilité, mais se montrait très étonnant derrière le volant, le CX-3 qui profitait du moteur de base de 2,0-litres de la Mazda3 au lieu du petit 4-cylindres de 1,5-litre de la Mazda2.
Et les autres?
Le segment des multisegments de poche est bien plus vaste que ces six modèles énumérés plus haut. Les autres véhicules sont toutefois basés sur des plateformes de voitures compactes. D’ailleurs, le même phénomène se produit du côté des voitures compactes. Plusieurs modèles ont quitté nos routes dans les dernières années au profit de véhicules à vocation utilitaire.
Le Toyota Corolla Cross par exemple utilise le même squelette que la Corolla Hatchback. De son côté, le Subaru Crosstrek reprend assez clairement la carrosserie de la Subaru Impreza, mais avec une garde au sol surélevée et une attitude plus « robuste ». Le Mitsubishi RVR, le plus vieux véhicule du groupe, est basé sur la même plateforme que la berline Lancer, une voiture qui appartenait à la catégorie des compactes.
Le récent Mazda CX-30 fait aussi appel à un squelette de voiture compacte, la Mazda3 pour ne pas la nommer. D’ailleurs, on peut aussi dire que la défunte Dodge Dart est aujourd’hui remplacée par le nouveau Dodge Hornet, un commentaire qui s’applique bien entendu à son penchant italien, l’Alfa Romeo Tonale, ainsi que les Jeep Renegade/Compass et Fiat 500X/500L.
Qui plus est, le Volkswagen Taos, sans être lié à la Volkswagen Golf, a justement ce double mandat de plaire aux amateurs de formats utilitaires, mais aussi à cette clientèle qui appréciait les qualités de la compacte allemande.
Même le tandem Hyundai Kona/Kia Seltos reprend les bases de la Hyundai i30 européenne, la voiture qui était une copie conforme de notre Elantra GT en Amérique du Nord.
Est-ce que les voitures sous-compactes et compactes effectueront un retour en force dans quelques années? C’est possible, mais pour le moment, tout ce qui a une connotation utilitaire est presque assuré de connaître du succès.
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