Avis d'expert

Tesla Model Y Performance 2022 : essai routier

8,1
10
SCORE AutoHebdo
Ce score est attribué par notre équipe d’experts après des tests approfondis de la voiture
  • DESIGN
    7/10
  • Sécurité
    9/10
  • HABITABILITÉ
    8/10
  • CONVIVIALITÉ
    7/10
  • CARACTÉRISTIQUES
    8/10
  • PUISSANCE
    9/10
  • CONFORT
    7/10
  • AGRÉMENT DE CONDUITE
    8/10
  • CONSOMMATION DE CARBURANT
    9/10
  • VALEUR
    9/10

AutoHebdo.net veut remercier l’agence de partage automobile Turo qui a défrayé les coûts de location pour cet essai de quatre journées complètes.

Cela fait déjà plusieurs années que les véhicules Tesla sillonnent les routes de l’Amérique du Nord, de l’Europe et de d’autres régions du globe. Il ne s’agit plus ici d’une curiosité passagère, d’une marque dont personne n’a entendu parler finalement, et pourtant, Tesla ne fait aucune publicité, le constructeur qui préfère se fier à la parole de ses fidèles disciples qui ont décidé de faire le saut du côté de la marque associée à Elon Musk, l’un des principaux fondateurs.

Et en plus d’avoir une stratégie marketing unique, Tesla n’est pas très chaud à l’idée de confier ses véhicules à la presse automobile. Une brève recherche sur le web confirme d’ailleurs pourquoi Tesla n’a pas besoin d’investir pour faire parler d’elle : tout le monde en parle!

Pour m’asseoir derrière le volant de ce Model Y Performance 2022, j’ai décidé d’emprunter une autre avenue, soit celle des agences de partage automobile. Et puisque votre humble serviteur n’y connaît pas grand-chose à ce mouvement des « prêteurs de voitures sur une période prédéterminée », j’ai décidé de me tourner vers l’agence Turo déjà présente aux États-Unis, au Canada et au Royaume-Uni, notamment.

La relationniste de Turo Canada, Madison Seeman, m’a d’ailleurs confirmé que Tesla était la marque électrique la plus populaire sur la plateforme électronique et que la majorité des réservations de véhicules Tesla provenaient de la Colombie-Britannique et du Québec. Sans surprise, le choix était assez vaste lorsque j’ai débuté mes recherches.

Facile à utiliser Turo?

Précisons tout de même que Turo est avant tout une plateforme électronique où des milliers de propriétaires proposent leurs véhicules personnels à des fins locatives, un modèle qui existe déjà dans le monde immobilier. Les utilisateurs qui veulent essayer un véhicule en particulier n’ont qu’à déterminer leurs besoins et créer un profil pour naviguer à travers les milliers de véhicules disponibles dans leur coin du globe.

Il y a quelques étapes cruciales à remplir comme les dates de disponibilités, le type de paiement et d’autres options additionnelles comme le type d’assurance que l’utilisateur désire, car Turo en propose justement deux niveaux : régulier ou premium. Lorsque la réservation a été complétée, j’ai pu discuter avec le propriétaire de la voiture directement dans la page de clavardage de l’application (ou directement sur mon téléphone intelligent) des derniers détails. La location qui s’étendait de lundi matin à vendredi matin m’accordait une distance maximale de 1 600 km, ce qui me convenait amplement puisque je devais me rendre en banlieue de Toronto pour l’essai d’un autre véhicule… à essence celui-là!

Je me suis rendu à la résidence du propriétaire de ce Tesla Model Y Performance 2022 pour prendre possession (temporaire) à l’aide de la clé digitale directement sur mon téléphone via l’application Tesla. Après avoir pris quelques clichés du fameux véhicule en question (pour les fins de ce reportage), j’ai pris la route en direction de la Ville Reine à bord du multisegment compact électrique le plus vendu sur nos routes.

Voici ce que je retiens de ce premier contact avec un véhicule de la marque Tesla.

Design : 7.5/10

Ai-je vraiment besoin de décrire le design du Tesla Model Y? À part le fait que cette version plus pimentée se reconnaît par ses jantes de 21 pouces, le reste de la carrosserie du Model Y n’est pas trop éloignée de celle de la berline Model 3, l’utilitaire qui est basé sur la même architecture que la voiture la plus vendue de la marque.

En revanche, j’ai été agréablement surpris par la qualité d’assemblage que je qualifierais d’acceptable, compte tenu de la réputation assez décevante des produits Tesla, les quatre modèles de la marque qui ont très souvent été la cible de propriétaires mécontents à cause d’une peinture qui se décollait, d’un panneau de carrosserie mal aligné ou même d’un toit vitré qui pourrait partir au vent pendant une promenade. En effet, l’exemplaire emprunté pendant environ 1 000 km n’était peut-être pas aussi bien ficelé qu’une Audi ou une Lexus par exemple, mais disons que je m’attendais à pire.

Si la qualité des véhicules Tesla peut s’améliorer dans les mois à venir, ce sont les consommateurs qui en bénéficieront. Souhaitons-le du moins.

Sécurité : 9/10

Comme tout véhicule moderne, le Tesla Model Y n’est pas dépourvu en matière d’équipement destiné à la protection des occupants, ni même en matière de mentions de la part de l’IIHS, le véhicule qui a reçu le prix « Top Safety Pick+ » en plus de se mériter la cote de sécurité 5 étoiles de la NHTSA américaine.

Il est vrai que la position du bloc de batteries et la présence de deux moteurs facilitent quelque peu la vie du conducteur avec un centre de gravité bas et un rouage intégral plus sécuritaire lorsque les conditions climatiques se détériorent.

Avec des caméras logées un peu partout sur la carrosserie du véhicule, le véhicule peut également surveiller ses alentours de manière à simplifier les stationnements ou même sauver la vie d’un chroniqueur automobile sur la route en direction de la Ville Reine alors qu’un poids lourd est sorti de sa voie sans avertissement, le système d’assistance à la conduite qui a réagi très rapidement à ce coup de volant imprévu.

Le véhicule était équipé du groupe optionnel Autopilote amélioré (7 800 $) qui bonifie les capacités « semi-autonomes » du véhicule, mais l’ensemble « Capacité de conduite entièrement automatique » (d’une valeur de 19 500 $) n’est pas encore disponible sur le marché. Il est toutefois permis de se demander si toute cette automatisation de la conduite est nécessaire ou pertinente, compte tenu du coût de celle-ci.

Habitabilité : 8/10

Pour un multisegment de catégorie compacte (ou intermédiaire selon certaines publications), le Model Y se montre accueillant pour ses passagers ou même pour les bagages de ceux et celles qui prennent place à bord. Le plancher plat est une bénédiction pour le passager médian à l’arrière, tandis qu’à l’avant, la console centrale combinée à cette planche de bord épurée au possible donne un maximum d’espace aux deux adultes qui s’assoiront à la première rangée. À ce niveau, rien à redire sur l’aspect invitant du véhicule.

Convivialité : 7.5/10

Depuis que Tesla a pignon sur rue, ses habitacles sont d’une simplicité déconcertante. Les boutons et autres commandes traditionnelles ne sont pas légions et c’est la même histoire à bord du Model Y où, à l’exception des commandes des vitres électriques, des boutons d’ouverture des portières, des deux roulettes sur le volant et les deux leviers autour de la colonne de direction, tout, mais absolument tout doit être contrôlé via l’écran central, et c’est à ce niveau que j’ai un problème. L’écran concocté par les ingénieurs de la marque est superbe, sa réactivité est excellente et ses graphiques sont très clairs, mais à trop vouloir centraliser, on finit par étourdir le conducteur. Ça n’arrivera pas, mais je suis de ceux qui aimeraient que Tesla installe de bons vieux boutons à la première rangée de sièges.

Mais, pour en revenir à ce très large écran tactile, je dois l’admettre : j’ai été surpris par son efficacité et même l’originalité de quelques commandes comme l’ajustement des miroirs latéraux avec les roulettes intégrées au volant. J’aimerais tout de même un deuxième écran derrière le volant, ne serait-ce que pour avoir accès à de l’information utile pendant le trajet, sans devoir quitter la route des yeux.

Confort : 7/10

À ce chapitre, les premiers kilomètres effectués sur des tronçons presque neufs de rues résidentielles ont bien fait paraître le Model Y, mais aussitôt que l’utilitaire s’est engagé sur les routes usées de la belle province, la fermeté des amortisseurs a rendu l’habitacle plus sautillant, si vous voyez ce que je veux dire. Disons que pour un véhicule dont le prix de base est 90 000 $, c’est assez décevant de constater à quel point le poids des batteries combinées aux ajustements de la suspension, sans oublier les jantes surdimensionnées, ont une incidence négative sur le confort des occupants.

Heureusement, la mollesse des sièges compense quelque peu, tout comme le silence qui règne à bord pendant le trajet, quoique cette suspension assez ferme a également fait ressortir des bruits de caisse à l’intérieur, des sons qui n’ont pas leur place à bord d’un véhicule de ce prix.

Agrément de conduite : 8.5/10

Je n’irai pas jusqu’à affirmer que le Model Y Performance est la huitième merveille du monde, mais je comprends pourquoi les adeptes sont séduits par les produits de la marque. Le silence, la douceur de roulement (sur une route en bon état) et la direction relativement précise – merci aux jantes de 21 pouces –, le Model Y Performance est également un monstre d’accélération lorsqu’on appuie fort sur la pédale de droite.

Il n’en demeure pas moins que le véhicule est lourd et que les amortisseurs sont réglés pour les surfaces lisses comme une table de billard. Aussitôt que l’asphalte se dégrade – comme au Québec par exemple –, le Model Y secoue ses occupants. On ne parle pas d’une conduite désagréable, mais à côté des nouveaux multisegments électriques de luxe, le Model Y n’offre pas une expérience aussi feutrée.

Pendant ce long trajet, le système Autopilote amélioré a également été mis à l’épreuve, ce dernier qui assiste le conducteur sur l’autoroute, sans toutefois prendre le relais complètement. Sur l’interminable autoroute 401, ce système a servi à plus d’une reprise et force est d’admettre qu’avec des conditions idéales, l’aide à la conduite fonctionne très bien. Notez également que la conduite à une seule pédale en ville a, selon moi, été la plus agréable à utiliser à ce jour sur un véhicule électrique, ce qui n’est pas rien, car plusieurs modèles de la concurrence proposent déjà cette option.

Puissance : 9/10

Comme c’est le cas avec ces versions performantes et électriques, c’est à l’accélération que la propulsion électrique surprend… encore! Disons qu’avec 456 chevaux et un couple de 471 lb-pi disponible aussitôt que le pied de gauche lâche la pédale de frein, les 0–100 km/h sont assez courts. Et en mode Sport, c’est même un peu plus explosif, que ce soit lors d’un départ arrêté ou pour les reprises sur l’autoroute.

Autonomie : 9/10

Mon trajet majoritairement autoroutier sur l’autoroute 401 a sans aucun doute nuit à ma consommation d’électricité. Disons-le, la monotonie de ce lien névralgique pousse à conduire un peu plus vite que la limite permise de 100 km/h. J’ai obtenu une consommation moyenne de 21,4 kWh/100 km, un résultat supérieur aux estimations de RnC (Ressources naturelles Canada) avec une distance plus proche des 400 km (au lieu des 488 km promis) à cause de ces nombreuses accélérations à l’emporte-pièce et de cette vitesse de 120 km/h.

Caractéristiques : 8/10

À part quelques options qui ne s’adressent pas à tous, le Model Y Performance essayé était plutôt bien nanti en matière de caractéristiques, même que l’étendue du système d’infodivertissement – avec tous ces jeux notamment et même une application qui émet des sons de flatulences à l’intérieur de l’habitacle – est étonnante. Néanmoins, j’aurais souhaité un afficheur tête haute, un gadget disponible ailleurs dans l’univers automobile et la possibilité de connecter le véhicule aux systèmes Apple CarPlay et Android Auto, ce qui n’est pas possible encore.

Mais pour le reste, le Model Y fait face à la concurrence avec un équipement assez complet.

Valeur : 9/10

Pour l’instant, l’avance que détient toujours Tesla dans la course à l’électrique fait en sorte que le Model Y est un véhicule qui a beaucoup de valeur, et ce, même si certains consommateurs ont exprimé leur déception par rapport à l’assemblage aléatoire de leur véhicule. Ajoutons également que la capacité de production de Tesla est supérieure à ce qui se trame ailleurs dans l’industrie, mais longueur d’avance devrait en principe fondre comme neige au soleil dans les mois à venir, car les autres constructeurs accélèrent leur révolution électrique.

Conclusion

Le Tesla Model Y me fait un peu penser à la défunte Mitsubishi Lancer Evolution, la berline développée pour le championnat des rallyes qui misait surtout sur son incroyable train roulant pour séduire les amateurs, pendant que l’habitacle de la voiture n’offrait presque rien de mieux que dans la Lancer de base. C’est la même histoire pour ce Model Y Performance. Tout ce qui compte est dissimulé sous la caisse. Le design du véhicule est banal, mais fonctionnel, tandis que l’habitacle est trop épuré à mon goût. Toute l’ingénierie installée sous la caisse explique à mon avis pourquoi Tesla connaît autant de succès à l’heure actuelle, quoique la crise d’approvisionnement cause des maux de tête aux autres constructeurs, ce qui ne semble pas être le cas chez Tesla, du moins en apparence. Et il y a également ce réseau de bornes de recharge plus développé que les autres qui pousse certainement les automobilistes à se tourner vers les véhicules d’Elon Musk.

Si l’essai du Model Y s’est déroulé sans embûche, c’est plutôt le retour qui m’a causé quelques maux de tête. En effet, après avoir remis les clés au propriétaire, ce dernier m’a laissé savoir qu’il y avait des dommages (très sommaires) à sa jante arrière droite. Malheureusement, je n’ai pas pris le temps de prendre des photos en détail de toutes les jantes (avant de partir) et mes propres clichés ne sont pas assez clairs pour démontrer que les dommages étaient déjà présents sur le véhicule. J’ai donc dû me plier à cette franchise de 500 $ prévue par la police d’assurance de Turo. À bien y penser, l’assurance Premium (qui vient avec une franchise de 250 $) aurait été plus avantageuse dans ce cas-ci.

Cette dépense imprévue est venue ternir quelque peu mon essai du Tesla Model Y Performance 2022 ainsi que mon expérience avec l’application Turo, mais je n’ai que moi à réprimander dans cette histoire. J’aurais dû prendre des photos ou une courte vidéo du véhicule avant même de m’asseoir derrière le volant. En revanche, il semble que je ne sois pas le premier à partir sans regarder.

La leçon à retenir après cette première expérience Turo, c’est de bien prendre des photos ou une courte vidéo avant de partir avec le véhicule et d’opter, si votre budget le permet, pour la police d’assurance Premium.

Les concurrents
Caractéristiques
Cylindrée 312 kW
Nb. de cylindres n/d
Puissance 456 ch
Couple 471 lb-pi
Consommation de carburant 18,2 / 19,8 / 18,9 kWh/100 km, 2,0 / 2,2 / 2,1 Le/100 km ville/route/comb; 488 km autonomie
Volume de chargement 855 / 2 158 L sièges rabattus
Modèle à l'essai Tesla Model Y Performance 2022
Prix de base 90 000 $
Taxe climatiseur 100 $
Frais transport et préparation 1 880 $
Prix tel qu’essayé 97 800 $
Équipement en option
7 800 $ – Groupe Autopilote amélioré, 7 800 $