Avis d'expert

Toyota Camry XLE AWD 2021 : essai routier

7,9
10
SCORE AutoHebdo
Ce score est attribué par notre équipe d’experts après des tests approfondis de la voiture
  • DESIGN
    7/10
  • Sécurité
    9/10
  • HABITABILITÉ
    8/10
  • CONVIVIALITÉ
    8/10
  • CARACTÉRISTIQUES
    9/10
  • PUISSANCE
    7/10
  • CONFORT
    8/10
  • AGRÉMENT DE CONDUITE
    7/10
  • CONSOMMATION DE CARBURANT
    8/10
  • VALEUR
    8/10

La Camry est l’une de ces voitures qui se passent d’introduction, elle qui roule sa bosse depuis 1983. Après plusieurs générations, sa réputation de fiabilité et de longévité n’est plus à faire. Plusieurs chauffeurs de taxi l’ont aussi adoptée, en particulier dans la Ville-Reine où des Camry de couleurs vives sont omniprésentes. Le public, lui, retient surtout le beige quand on mentionne « Camry ». Toute vaillante qu’elle soit, la Camry traîne une réputation de conduite soporifique qui a la vie aussi dure que celle qui louange sa fiabilité. L’arrivée de la 8e génération en 2018 vient tout changer, sous l’égide d’Akio Toyoda qui ne veut plus que sa firme ne produise de voitures ennuyeuses. Et l’an dernier, Toyota a eu la bonne idée de ramener l’option de la traction intégrale, chose qu’on n’avait pas vue depuis la Camry All-Trac offerte de 1988 à 1991. On prend le volant cette semaine d’une Camry XLE intégrale, question de voir s’il reste des traces de beige…

Design : 7,5/10

La ligne de la 8e génération se raffine et prend des proportions qui rappellent les modèles de luxe d’entrée de gamme. Un capot très bas, voir effilé, qui s’enfle aux passages des roues ajoute un langage nettement plus sportif que toute Camry passée, surtout dans les versions SE et XSE. Avec les finitions LE ou XLE, tel notre modèle d’essai, une certaine retenue permet de garder l’œil sur un profil bien né plutôt que sur des détails « m’as-tu-vu », façon Pontiac des années 90. La voiture prend des airs de Lexus ES, sa cousine de haute société, l’empattement long et un coffre non tronqué ainsi que quelques plis bien placés ajoutent à cet air chic.

Dans l’habitacle, cette tendance se poursuit et les stylistes de Toyota ont résisté à la tentation d’en faire trop, un problème fréquent du manufacturier nippon. L’œil s’arrête sur ce sillage vertical qui sépare les fonctions du centre de la planche de bord abaissée, mais tout le reste est sobre, sans artifices, surtout dans le noir monochromatique de la XLE d’essai. Une applique façon bois gris à la planche de bord, des coutures contrastantes et les chevrons du cuir ajoutent un chic discret à l’ensemble. Le grand toit panoramique, qui ouvre le ciel même à l’arrière, ajoute un peu de ludique à cette version de luxe d’une bagnole souvent vouée à une vie dans des flottes corporatives. Trois autres coloris sont offerts pour l’habitacle, mais pas de peinture beige au menu!

Puissance : 7/10

Les 20 variantes (!) de la Camry permettent d’aiguiller son choix vers le style et la mécanique souhaités. Cette dernière prend trois formes : de série, un 4-cylindres de 2,5 litres, en option, un autre 2,5-litres jumelé à un groupe hybride pour 208 chevaux au combiné, ou encore pour les nostalgiques un puissant V6 de 3,5-litres et 301 chevaux. La Camry est en fait la toute dernière intermédiaire à offrir à la fois un 6-cylindres et l’absence de toute turbocompression. Deux choix qui réconfortent la clientèle traditionnelle du modèle.

L’option de la traction intégrale est arrivée en cours d’année 2020, question de rendre la Camry plus compétitive face aux VUS qui dominent maintenant le marché, et de répondre aux Legacy et Altima offertes uniquement avec l’intégrale. Choisir l’intégrale demande de se contenter du 4-cylindres de base – oubliez l’hybride ou le V6. Avec ses 2,5-litres de cylindrées, sa configuration à seize soupapes et doubles arbres à cames en tête puis l’injection directe, ce classique « gros quatre » livre la marchandise avec compétence, à défaut d’entrain. La boîte automatique classique à huit rapports le fait monter en régime bruyamment et rapidement quand on sollicite plus de nerfs, mais la Camry reste sage dans ses prestations. Notez que la version intégrale perd 1 cheval face aux modèles à traction, la faute à un échappement plus restrictif qui doit se contorsionner autour de l’essieu arrière. La Camry AWD est plus haute de 0,2 po qu’un modèle à traction pour justement donner un peu de dégagement à cet échappement.

La traction intégrale est ici aussi de facture classique, avec un système emprunté aux RAV4 à essence, un mariage voulu et élaboré par la branche américaine de Toyota. On retrouve donc un arbre de transmission qui relie la boîte automatique du RaV4 à un essieu arrière avec suspension indépendante multibras, mais le tout n’ajoute que 165 livres au poids d’une Camry à traction avant. Quand les conditions le demandent, jusqu’à 50 % du couple peut être envoyé aux roues arrière. Pour optimiser la consommation, cet essieu se désembraye automatiquement quand aucun besoin n’est détecté, mais l’intégrale est toujours là au démarrage, jusqu’à 24 km/h environ.

Agrément de conduite : 7,5/10

Construite sur la plateforme TNGA-K depuis l’année-modèle 2018, la Camry gagne un coup de volant honnête qui lui faisait auparavant défaut. On retrouve donc une précision dans la direction et une fermeté juste ce qu’il faut des éléments suspenseurs. Les habitués des très douces Camry d’antan seront surpris qu’on perçoive des bosses au passage, la faute en partie aux pneumatiques 235/45R18 que chaussent les livrées XLE. Le conducteur, lui, se plaira derrière le volant gainé de cuir et au boudin généreux, la ceinture de caisse très basse permettant de bien lire la route devant, une architecture qui jadis faisait la signature de Honda.

En fait, la Camry se conduit comme une compacte, malgré son gabarit d’intermédiaire. Voilà l’ingrédient d’une recette gagnante. Les tarages offrent un bon compromis entre tenue de route et confort, et on dénote l’absence de tout rebond sur les ondulations du bitume. Terminé les Camry suspendues sur guimauve. Nous avons parcouru un peu plus de 800 km dans cette XLE AWD sur une grande variété de routes sans jamais la prendre en défaut. Ceci est d’ailleurs rassurant, vu la longévité légendaire des Camry, faisant que les propriétaires les gardent très longtemps. Aussi bien ne pas s’y ennuyer!

Convivialité : 8/10

Destinée de par sa nature à un large public, la Camry ne présente aucun défi cognitif pour un conducteur qui la découvre. Un détail qui ne ment pas : une touche physique permet de basculer entre les parcours A, B et l’odomètre. Avec des voitures de luxe, il faut souvent potasser un manuel de 1 000 pages pour trouver où ces fonctions se cachent!

Les touches des sièges chauffants sont bien situées sur la console, et les modes de conduites sont logés au pied du classique levier de vitesse, là où on les attend. Les commandes de la climatisation thermostatique bizone sont logiques et dotées de molettes rotatives, et le système d’infodivertissement est doublé de boutons véritables pour atteindre les principales fonctions sans pianoter sur l’écran tactile. Même le frein de stationnement électrique vient faciliter la vie du conducteur en se désactivant de lui-même quand vient le temps de partir.

Notons aussi que le seuil du très grand coffre est bas, que son couvercle ouvert dégage un bon espace permettant d’y glisser de grosses boîtes – en boni, sans se cogner la tête – et que des tirettes permettent de rabattre les dossiers des sièges sans avoir à accéder à l’habitacle. À l’intérieur, les passagers arrière vont apprécier la grande luminosité offerte par le toit panoramique qui s’étire jusqu’à la banquette, ainsi que sa construction qui évite de gruger dans l’espace disponible.

Sécurité : 9/10

Comme notre essai s’est déroulé en début d’automne, nous n’avons pas été à même de mettre à l’épreuve la traction intégrale, mais sa présence rassure. Avec un empattement relativement long et un centre de gravité nettement plus bas que ce qu’offrent multisegments et VUS, la Camry AWD promet un rassurant comportement hivernal. Sous notre gouverne, un parcours Ottawa – Montréal sous pluie battante s’est fait sans souci, accumulations d’eau ou pas.

Si le pire devait arriver, la Camry se mérite la convoitée cote « Top Safety Pick + » de l’institut des assureurs américains (IIHS) et cinq pleines étoiles de la NHTSA suite aux essais de collision de l’agence gouvernementale. Difficile de faire mieux! L’IIHS a également accordé la note « Superior » à sa suite Toyota Safety Sense 2.5+, la Camry ayant évité d’elle-même des accidents simulés à 19 km/h et 40 km/h. D’ailleurs, la Camry est le premier modèle 2021 à recevoir cette plus récente version de l’ensemble de technologies de sécurité actives de Toyota. On y retrouve une assistance aux intersections, une détection de véhicules arrivant en sens inverse, la détection de piétons traversant pendant les virages à gauche, des alertes visuelles et sonores, le freinage automatique, le contrôle d’urgence de la direction, l’alerte de sortie de voie avec détection des bords de route, l’aide au maintien de voie et pas moins de 10 coussins gonflables.

Caractéristiques : 9/10

La livrée XLE essayée reprend le style plus modéré de la série « L » mais lui ajoute à peu près toutes les garnitures possibles, à commencer par ce massif toit panoramique à deux panneaux, l’un à l’avant qui peut s’ouvrir et un autre fixe à l’arrière. L’éclairage extérieur à DEL et des jantes de 18 po rehaussent l’extérieur. L’infodivertissement s’articule ici autour d’un écran de 9 po et contient la navigation intégrée, une chaîne audio JBL à neuf haut-parleurs de très belle facture et des services connectés. L’habitacle est drapé de cuir, avec des sièges avant chauffants à huit réglages électriques, le volant chauffant et une climatisation thermostatique bizone à la soufflerie discrète. L’affichage projeté au pare-brise, un rétroviseur central photochromatique et le démarreur à distance complètent la liste des inclusions.

Nos longs trajets sur diverses routes ont permis d’apprécier la grande douceur du régulateur de vitesse adaptatif dont les ralentissements et les reprises n’étaient pas percevables pour les passagers, chose assez rare. Toutefois, ce radar est frileux en circulation plus dense et suit le véhicule précédent de trop loin, peu importe le réglage choisi, faisant en sorte que le vide devant nous attirait inexorablement d’autres véhicules…

Habitabilité : 8/10

Pour qui est déjà monté dans une Camry taxi à la sortie d’un aéroport, son habitabilité ne surprendra pas. Deux adultes de plus de six pieds peuvent aisément prendre place l’un derrière l’autre, et la grande luminosité de cet habitacle éclairé par l’abaissement de la ceinture de caisse et le toit panoramique ajoute à cette impression d’espace. À l’arrière, on aime que la glace du toit vitré ne dérobe pas de précieux centimètres en hauteur – il suffit de monter derrière une Legacy pour voir la différence.

Même les plus malins ne pourront percevoir que l’ajout de l’essieu arrière est venu rehausser la banquette arrière de 0,4 po par rapport aux Camry à traction avant, pour un peu moins de 1 pied cube de perte de volume habitable. Là se cache l’avantage d’une intermédiaire sur les compactes plus cossues d’aujourd’hui : l’espace. Deux ou même trois adultes pourront prendre place sans peine à l’arrière. Quant au coffre, il est toujours aussi énorme, sortant intact de l’ajout du différentiel arrière. Nous y avons logé deux fours micro-ondes dans leurs boîtes ainsi que des bagages et il restait de l’espace inutilisé!

Confort : 8/10

La Camry a subi toute une réforme lors de la refonte de 2018. Terminée la souplesse excessive! Les volontés de M. Toyoda ont été exaucées et la Camry actuelle s’est dramatiquement rapprochée du rendement d’une Accord, avec un confort certain, mais un bien meilleur contrôle des suspensions. Terminés donc tangage et roulis, on se retrouve avec une berline plus proche des crédos actuels ciblant un roulement à l’européenne.

N’ayez crainte, la Camry n’est pas devenue un « tape-cul », loin de là. On retrouve un bon amortissement des inégalités de la chaussée, et ce, malgré les pneus à profil bas de 18 po du modèle d’essai. Les sièges peuvent aussi sembler fermes au premier contact, mais ils offrent un bon support pendant de longs trajets et nous n’avons senti point de fatigue après quelques heures passées au volant. En ville, le 4-cylindres se fait entendre depuis un arrêt, mais sur la route, la boîte automatique à huit rapports fait un bon boulot, tenant le moulin à 1 750 tours à 100 km/h, et tout juste à 2 000 à une vitesse de croisière de 119 km/h, réduisant le climat sonore dans l’habitacle.

Économie de carburant : 8,5/10

Typiquement, nous obtenons la meilleure lecture de consommation lors de la journée de prise en main, puis le chiffre grossit avec l’usage en conditions urbaines mixtes. Avec la Camry XLE AWD, cette lecture est demeurée toutefois stable avant de chuter grâce à un week-end passé à visiter les jolis villages du comté de Lanark dans l’Est ontarien. Après 800 km à son bord, notre Camry a livré une moyenne affichée épatante de 7,3 L/100 km (7,6 selon mes propres calculs), une donnée digne d’une compacte!

Cet excellent résultat s’obtient de plus sans transmission complexe ou toute électrification, sans petit moteur suralimenté et avec de l’essence ordinaire en plus! Notez que le réservoir des AWD (emprunté au RAV4) contient 5,2 litres de moins que celui des Camry à traction avant, question de faire un peu de place à l’essieu arrière.

Valeur : 8/10

Avec pas moins de 20 modèles distincts, la gamme Camry en offre pour tous les goûts et toutes les bourses, du modèle de base dénudé à 27 250 $ jusqu’à la XLE V6 offerte à 41 990 $, mais on retient que la marche entre la populaire LE (28 970 $) et la toute garnie XLE (36 850 $) est passablement haute, compte tenu des mécaniques identiques. Pas surprenant que la SE, située à mi-chemin, soit la Camry la plus vendue. Sur notre XLE d’essai, la traction intégrale ajoute 1 800 $ à la note, mais sachez qu’il est possible d’acquérir une Camry LE AWD pour seulement 30 590 $.

Certains éléments exclusifs à la XLE tels le volant chauffant devraient être offerts sur des livrées plus modestes, mais au final, les prix de la Camry sont concurrentiels face à ceux de sa grande rivale Accord, qui elle, n’offre pas la traction intégrale. Avec la XLE AWD, on se retrouve en fait avec une version plus abordable de la Lexus ES avec laquelle la Camry partage son architecture de base. L’avantage de choisir le haut de gamme d’une marque grand public, c’est d’obtenir de série toutes les commodités qui sont offertes en option chez les marques de luxe, avec en prime une réputation de fiabilité à toute épreuve et un budget d’entretien plus digeste.

Conclusion

Maintenant à sa quatrième année sur le marché, la Camry actuelle – retouchée pour 2021 – poursuivra sa route en 2022 avec une certaine simplification de la gamme. Avec 20 combinaisons de livrées / mécanique, des groupes d’options, de nombreux coloris, des agencements deux tons et pas moins de quatre agencements intérieurs différents, la Camry 2021 offre une variété inégalée dans le monde en raréfaction des berlines intermédiaires. Avec sa conduite en progrès, son excellent bulletin de sécurité, une retenue à la pompe et un confort qui affiche toujours présents, la Camry reste une excellente valeur sur le marché. Et si la XLE AWD rencontre tous vos désirs, sachez que cette combinaison ne revient pas l’an prochain, alors ne tardez pas d’agir. En fait, cette bagnole est si homogène que j’y songe sérieusement… Les risques du métier!

Les concurrents
Caractéristiques
Cylindrée 2,5L
Nb. de cylindres L4
Puissance 202 ch @ 6 600 tr/min
Couple 182 lb-pi @ 4 400 tr/min
Consommation de carburant 9,5 / 7,0 / 8,4 L/100 km ville/route/comb
Volume de chargement 428 L
Modèle à l'essai Toyota Camry XLE AWD 2021
Prix de base 38 650 $
Taxe climatiseur 100 $
Frais transport et préparation 1 770 $
Prix tel qu’essayé 40 520 $
Équipement en option
Aucun