Avis d'expert

Mazda CX-3 GS 2021 : essai routier

6,6
10
SCORE AutoHebdo
Ce score est attribué par notre équipe d’experts après des tests approfondis de la voiture
  • DESIGN
    8/10
  • Sécurité
    8/10
  • HABITABILITÉ
    5/10
  • CONVIVIALITÉ
    7/10
  • CARACTÉRISTIQUES
    7/10
  • PUISSANCE
    6/10
  • CONFORT
    6/10
  • AGRÉMENT DE CONDUITE
    6/10
  • CONSOMMATION DE CARBURANT
    7/10
  • VALEUR
    6/10

Alors que la saison des lancements pour l’année-modèle 2016 battait son plein, Mazda Canada invitait les journalistes du Québec à une soirée de lancement de la nouvelle Mazda2 hatchback. Et puis, nenni – la choupounette n’a jamais pointé son joli museau Kodo dans les concessions. Le manufacturier a revu ses plans pour l’Amérique du Nord postlancement et opté de retirer de son catalogue la sous-compacte pour mieux laisser briller le CX-3, élaboré sur la même plateforme.

Un geste visionnaire s’il en est un, le lancement du petit multisegment urbain ayant devancé la concurrence alors que débutait la montée en puissance de ce créneau dans le marché. Et ce dernier a donné raison à Mazda, car dans l’une de ces coentreprises dont l’industrie a le secret, la Mazda2 berline s’est vendue ici pendant quelques années sous des traits à peine maquillés en tant que Toyota Yaris berline, et en 2019 seulement en tant que Toyota Yaris hatchback. Vous les avez vues? Non? Mais des CX-3, ça vous en avez certainement vu des centaines!

Pour 2021, le CX-3 aborde sa sixième année sur le marché dans sa forme actuelle. Si la gamme a été réduite à l’essentiel chez nos voisins du sud, ici on aime les petits pots et la gamme complète demeure au catalogue. On vise en plein centre cette fois-ci avec un GS de mi-gamme à traction intégrale, question de voir si ce « p’tit vieux » est toujours dans le coup!

Design : 8/10

L’école de style Kodo lancée par les studios de design de Mazda au cours de la décennie précédente a toujours cours au sein de la marque, comme on peut le voir avec la récente Mazda3. Les formes épurées, les longs capots et la calandre identifient une Mazda à coup sûr. Plusieurs ont craqué pour la silhouette du CX-3 depuis son lancement, et il faut dire qu’il vieillit bien, le bougre. Cette vague qui débute au bord du capot, le traverse et se termine dans les tôles des portières arrière suggère le mouvement, tout comme celle qui anime la ceinture de caisse. On remercie les stylistes d’avoir vitré le pilier « C », contrairement à ce que la concurrence fait souvent.

L’intérieur du modèle d’essai porte des garnissages tous nouveaux pour 2021, regroupés dans le « Groupe d’apparence personnalisé ». Pour 500 $, ce groupe optionnel élève la mine de charbon monochrome de série vers le premium, avec des baquets d’une beauté inédite à ce prix, joliment assortis de garnitures satinées ça et là dans l’habitacle, de surpiqûres et de surfaces assouplies. Oui, le blanc est salissant, mais d’un chic!

Puissance : 6,5/10

Tous les CX-3 sont mus par le même 4-cylindres atmosphérique de 2,0-litres à injection directe. Ses 148 chevaux sont dans la moyenne, sans plus, et il accomplit son boulot de façon très audible. Les échappements doubles offrent une note sportive à l’extérieur, mais depuis l’habitacle on trouve le moulin intrusif, surtout à froid en ce début d’hiver, et il semble peiner à la tâche aux moindres dénivellations d’autoroute, les rétrogradations arrivant (trop) rapidement en support. La ville lui plaît manifestement plus, le moteur y semble nettement plus nerveux.

Outre le GX de base à traction avant, qui offre la boîte manuelle à six rapports, tous les CX-3 sont équipés d’une boîte automatique conventionnelle, à six rapports également. Vu le couple modeste du moteur, comme mentionné la boîte rétrograde souvent pour maintenir la cadence et les montées en régime du moteur génèrent moins de vélocité que les attentes, lors d’un dépassement par exemple.

Agrément de conduite : 6,5/10

Dès la prise en main du joli et agréable volant au boudin de cuir, on ressent ce fameux « coup de volant » inscrit dans la génétique Mazda. La direction est précise, avec juste assez d’assistance. En ville, les réactions de la boîte automatique conventionnelle sont promptes, et le deux litres s’avère vif. La hauteur d’assise, juste ce qu’il faut, offre une bonne visibilité et permet de se faufiler un peu partout avec ce petit multisegment.

On remarque toutefois bien rapidement le déficit d’amortissement. Oui, sur bitume lisse – quand on en trouve – le CX-3 peut jouer les sportives en virage, mais la moindre aspérité, trou ou bosse entraîne des dérobades de l’avant comme de l’arrière. Il en résulte une perte de confiance rapide et vu l’état du réseau routier, on ajuste son rythme en conséquence. On peine à imaginer le rendement du modèle GT avec ses pneus à taille basse… Sur l’autoroute, les reprises du deux litres sont plus pénibles, et le moindre dénivelé appelle la boîte en renfort pour maintenir le rythme.

Une journée de neige a permis de mettre à l’épreuve la traction intégrale réactive. Note parfaite de ce côté, la motricité affiche présent sans laisser les roues avant patiner (notre véhicule d’essai disposait d’excellents pneus d’hiver Bridgestone). Par contre, le contrôle de stabilité n’entend pas à rire et intervient dès qu’on tente de provoquer une dérobade du train arrière, même à basse vitesse – un vrai rabat-joie.

Convivialité : 7,5/10

Pour qui est habitué aux Mazda de facture récente, la manipulation du système d’infodivertissement via les molettes rotatives vient d’instinct. Pour les autres, l’écran flottant sur le tableau de bord n’est pas tactile, ce qui pourra surprendre. Pour tous, les menus seront quelque peu déroutants, dont cette application « Navigation » … qui nécessite l’ajout de contenu optionnel par le concessionnaire. Même surprise quand on constate que la clé est semi-intelligente, c’est-à-dire qu’il y a bouton de démarrage, mais point d’accueil sans clé (il est réservé au GT).

Toutes les commandes classiques sont simples d’usage et conviviales, les gadgets étant réservés, encore une fois, à la livrée GT. On apprécie le levier de vitesse traditionnel, un accessoire trop souvent réinventé par les manufacturiers.

Sécurité : 8/10

Les produits Mazda réussissent généralement très bien les essais de sécurité passive, et le CX-3 ne fait pas exception. La livrée 2021 a déjà été analysée par la NHTSA qui lui accorde une cote globale de cinq étoiles, tandis que le modèle 2020, identique, s’est mérité un statut « Top Safety Pick + » de l’institut des assureurs américains, l’IIHS. Côté sécurité active, et vous l’aurez deviné, les aides à la conduite sont essentiellement réservés au modèle GT, mais le GX et le GS d’essai offrent néanmoins un système de surveillance des angles morts – que nous avons rapidement éteint vu son tempérament paranoïaque – et une alerte de circulation transversale arrière – qui ne s’est pas manifestée pendant notre semaine avec le véhicule.

Caractéristiques : 7/10

Vu le créneau d’entrée de gamme qu’il occupe, le CX-3 offre les caractéristiques attendues, à savoir la climatisation, les glaces et verrous électriques ainsi qu’un régulateur de vitesse conventionnel et des sièges avant chauffants. Les petits plus prennent la forme du démarrage par bouton-poussoir, un frein de stationnement électrique, une chaîne audio fort honorable et les systèmes Apple CarPlay et Android Auto livrés de série. Surtout, on remarque le soin apporté dans l’assortiment des matériaux, des textures et celui apporté à l’assemblage, qui livrent tous deux une impression de luxe scellée par le volant chauffant.

Habitabilité : 5/10

La silhouette du CX-3 cache vraiment bien à quel point il est petit. C’est en me stationnant aux côtés d’une vieille Yaris à hayon que ça m’a frappé – la volumétrie des deux voitures est assez similaire! J’ai eu beau conduire des MINI, Spark et Fiat 500, jamais je ne me suis senti aussi à l’étroit qu’en CX-3. Pour un type de 1,80 m, je conduis relativement près du volant, et malgré cela, j’arrive à peine à me glisser « derrière moi-même », mes genoux enfonçant la garniture du joli siège baquet. Et mon vécu démontre que mes genoux se trouvent au même endroit que les pieds d’un bambin assis dans un siège pour enfants – avis aux jeunes familles, apportez vos sièges d’appoint en concession pour essayer avant d’acheter.

Voilà où le CX-3 est à la traîne face à la concurrence – il manque du volume partout. Les porte-tasses escamotables à l’avant illustrent bien le manque de largeur et de longueur de l’habitacle : ils sont en tandem, et le second est sous l’accoudoir. La garniture de console rembourrée, incluse avec le groupe d’apparence optionnel, a été fort appréciée par mon genou droit, qui y restait appuyé, faute d’espace. Le gauche avait moins de chance, reposant contre le plastique dur du plateau des commandes des glaces.

Au moins aucun problème d’espace pour la tête, mais le coffre souffre aussi de cette lilliputienne volumétrie. Une imprimante à jet d’encre dans sa boîte y entrait tout juste. Même avec les sièges abaissés, le volume disponible est bien en retrait par rapport à la Mazda3 Sport, vendue à prix similaire.

Confort : 6/10

Bilan mitigé également côté confort. Les sièges baquets avant offrent un bon support, mais sur de plus longs trajets on pourrait souhaiter d’avoir un support lombaire réglable. Leur chauffage à trois niveaux est très puissant et la chaleur ne se fait pas attendre! En ces premiers jours d’hiver, nous avons aussi apprécié le volant chauffant, même si ce dernier limite son apport thermique aux zones « trois heures » et « neuf heures » où devraient se trouver nos mains.

Les tarages des suspensions viennent gâcher le tout. En CX-3, on sautille au point de rendre des conversations difficiles. Ça brasse et ça cogne sec, mes passagers ne se gênant pas de me le faire remarquer. Le petit format n’est pas une excuse, car le tout petit Buick Encore roule aussi doux qu’une voiture française de la belle époque. On s’étonne que l’excellent compromis confort/tenue de route des Mazda3 soit inatteignable ici. Vrai qu’on est en présence d’un véhicule conçu il y a une dizaine d’années – parions que la prochaine génération fera des avancées ici.

Économie de carburant : 7,5/10

Après un peu plus de 350 km de conduite mixte urbaine, nous avons obtenu une moyenne de 8,4 L/100 km qui correspond bien aux attentes annoncées par les cotes de l’Énerguide, même si notre véhicule tout neuf était en rodage. Toutefois, la petitesse du réservoir fait en sorte que le CX-3 donne l’impression de consommer plus qu’il ne le fait. Au moment de faire le plein, le témoin lumineux de réservoir bas était déjà allumé après seulement 356 km. Pour garder le réservoir au-dessus du mi-niveau en hiver, il faudra souvent passer par la pompe!

Valeur : 6,5/10

La regrettée Honda Fit avait démontré avec brio qu’une sous-compacte peut offrir de l’espace à revendre en exploitant la verticalité. Le CX-3 a beau nous faire craquer avec sa silhouette et son bel intérieur, cela ne suffit pas à nous faire oublier l’exigüité de son habitacle, même pour cette catégorie. L’équation prix/valeur souffre donc de la comparaison à l’intérieur même de la salle de montre Mazda, le CX-30 offrant plus d’espace de vie pour à peine plus cher que notre GS à traction intégrale.

La valeur réside donc ici dans les modèles GX et GS, au budget bien étudié, surtout à la lumière du manque de raffinement des suspensions, qui devient carrément indigeste au prix du modèle GT, vendu 10 000 $ plus cher qu’un GX traction avant à boîte manuelle.

Conclusion

Après avoir passé une semaine au volant du CX-3, on comprend un peu mieux le positionnement de la branche américaine de Mazda qui n’a conservé que la version de base, laissant plus de place au récent CX-30. Le CX-3 séduit l’œil et le portefeuille dans ses versions plus modestes, mais ses suspensions trop sèches et son côté utilitaire assez limité nous rappellent qu’on est en présence d’une Mazda2 après tout, même si elle se cache sous des habits de multisegment. Le citadin qui doit stationner sur rue dans de petits espaces enneigés y trouvera son compte, mais les autres remarqueront l’âge du châssis dès les premiers kilomètres. La concurrence – y compris celle du frangin CX-30 – offre plus de raffinement et de valeur, surtout au prix du GT. L’heure du renouvellement a sonné.

Les concurrents
Caractéristiques
Cylindrée 2,0L
Nb. de cylindres L4
Puissance 148 ch @ 6 000 tr/min
Couple 146 lb-pi @ 2 800 tr/min
Consommation de carburant 8,6 / 7,4 / 8,1 L/100 km ville/route/comb
Volume de chargement 504 L / 1 147 L sièges rabattus
Modèle à l'essai Mazda CX-3 GS AWD 2021
Prix de base 25 650 $
Taxe climatiseur 100 $
Frais transport et préparation 1 950 $
Prix tel qu’essayé 28 400 $
Équipement en option
700 $ – Groupe apparence personnalisée (Garnissages similicuir blanc et suède couleur chamois, accoudoirs et protège-genoux souples, garnitures intérieures satinées, jantes de 16 pouces exclusives, rétroviseurs extérieurs et calandre de couleur noire), 500 $; Peinture gris polymétal métallisé, 200 $