Avis d'expert

BMW M340i xDrive 2020 : essai hivernal

7,6
10
SCORE AutoHebdo
Ce score est attribué par notre équipe d’experts après des tests approfondis de la voiture
  • DESIGN
    7/10
  • Sécurité
    9/10
  • HABITABILITÉ
    6/10
  • CONVIVIALITÉ
    7/10
  • CARACTÉRISTIQUES
    8/10
  • PUISSANCE
    10/10
  • CONFORT
    7/10
  • AGRÉMENT DE CONDUITE
    8/10
  • CONSOMMATION DE CARBURANT
    7/10
  • VALEUR
    7/10

Graduellement, les manufacturiers allemands ont introduit des variantes ultrasportives de leurs berlines sport traditionnelles. Mercedes-Benz a parti le bal avec son préparateur AMG, puis s’est pointée la division M Performance de BMW alors qu’Audi en rajoutait avec ses livrées RS.

Plus récemment, constamment à la recherche de sous-niches dans les niches du marché en compression des berlines, tous les trois ont légèrement dilué leurs sauces les plus piquantes pour offrir des voitures sportives, certes, mais affichant une touche de réserve. Ces berlines alpha viennent combler les besoins de clients en soif de sensations fortes, mais ne souhaitant pas rouler au quotidien avec une bête de piste.

Le sujet de l’essai hivernal de cette semaine, la M340i xDrive 2020 de BMW, cache tout près de 400 chevaux sous son sobre, mais élégant complet-cravate bleu nuit et s’avère plus rapide que la M3 de génération précédente. Berline alpha, vous dites?

Design : 7/10

Comme chez d’autres classiques allemands, pensez à la Golf, difficile au premier regard de constater qu’on a affaire depuis 2019 à une toute nouvelle génération de la Série 3. La ligne de cette nouvelle mouture est très évolutive et seuls les fanas de la marque bavaroise sauront en reconnaître la nouveauté.

Cette berline de moins en moins compacte garde donc son chic discret, voire effacé. Le prestige de cette béhème se reflète, littéralement, dans la profondeur inouïe de la riche peinture bleue, dans l’association exquise du cuir Cognac et dans la rigueur des assemblages. Le côté viril de la M340i est discret : tout petit becquet au coffre, jantes noires de 18 pouces et suspensions abaissées de 0,4 pouce. On est pas mal plus sous le radar qu’en M3.

L’habitacle fait aussi dans le complet-cravate griffé, avec un ensemble aristocratiquement moderne, où cuirs, boiseries, écrans et garnitures métalliques véritables font bon ménage. Reste qu’au final, ce sont surtout les coloris qui font la beauté véritable de l’ensemble, d’où la note discrète.

Puissance : 10/10

Pour 2020, d’ici à ce qu’une nouvelle M3 se pointe le museau, la M340i est à la fois la seule Série 3 à offrir un classique « six en ligne » et aussi la plus puissante de la gamme. Son « B58 », pour les amateurs des moteurs de la marque, fait trois litres de cylindrée et est évidemment doté de deux arbres à cames en tête « VANOS », de quatre soupapes par cylindres, de l’injection directe, du calage variable des soupapes « VALVETRONIC » et, surtout, d’un turbocompresseur double-vanne à refroidissement intermédiaire. Lancer toute la cavalerie embarquée dans cette berline donne l’impression d’avoir reçu dans le postérieur quelque chose sorti d’un B52 (le bombardier, pas le moteur). La violence de l’accélération nous fait douter des « quelques » 382 chevaux de la bête et du couple de 369 lb-pi annoncés. J’en ai conduit des pas piquées des verts ces dernières années, mais jamais vu rien de tel.

En modes Sport et Sport+, l’échappement contourne ses silencieux et le module de contrôle de l’excellente boîte à huit rapports s’ingère dans votre cerveau. En fait, son intelligence artificielle amalgame votre comportement, les données de localisation du GPS et les infos perçues par les caméras des aides à la conduite pour choisir ses rapports... Sous Sport, la M340i déchire son veston-cravate, crache ses changements de vitesses et rugit d’une trame sonore digne d’un concert de Rammstein, pyrotechniques compris.

Vous voulez plus de puissance? Consultez, mon ami, ou lancez-vous en politique. Cette Alpha domine la meute au point où, à son bord, on risque une contredanse avec les loups.

Agrément de conduite : 8/10

Le mode Comfort ne transforme pas notre Alpha en « ti-loup », loin de là. La sonorité de l’échappement reste autoritaire et intimidante, les accélérations franches, mais on laisse les pétarades au vestiaire. La direction est très ferme, et malgré sa très louable précision, elle transmet peu d’information depuis les pneumatiques, même si nos mains apprécient son boudin chauffant bien galbé.

La présence d’ailleurs de pneus d’hiver à taille basse sur ces chaussées hivernales balafrées par des dégels répétés en cette froide semaine souligne la qualité de l’amortissement, piloté par l’informatique. Oui, la M340i secoue beaucoup trop, mais on sent ici que la poigne de fer vient des ressorts. Il en résulte que malgré les secousses, la M340i est imperturbable sur les imperfections du bitume, où elle adopte un profil de prédateur. Tel un banc de poissons devant un requin, le chemin se libère devant vous. On ne conduit pas une simple voiture ici, on pilote une machine d’exception.

Convivialité : 7,5/10

Passage obligé, les marques de prestige semblent prendre un malin plaisir à complexifier des tâches simples. Prenez le levier de vitesses : il faut appuyer sur un bouton latéral et le pousser vers l’avant pour accéder à la marche arrière. Pour stationner, la position « P », un bouton sur la face verticale du levier, est presque cachée. Quant à la clé intelligente, le point de contact pour verrouillage sur la portière s’avérait assez capricieux.

Au rayon des positifs, le système iDrive est un régal à utiliser avec sa molette multifonctions et les boutons de raccourcis apposés à la console, juste sous la main. L’interface d’infodivertissement est intuitive et comprend des indicateurs associés aux mouvements de la molette. Vous aimez les traces de doigt? L’écran est aussi tactile. Vous n’aimez ni la molette, ni les traces de doigt? Et bien vous avez deux options : l’assistant vocal, et la reconnaissance gestuelle. Assez intuitive, cette dernière vous permet de jouer au chef d’orchestre, les mouvements de votre main, dans le vide, actionnant des commandes. Un conseil : pendant un appel Bluetooth, ne gesticulez pas, vous allez raccrocher!

Sécurité : 9/10

En matière de sécurité passive, les manufacturiers allemands font toujours du solide, comme en témoigne la cote « Top Safety Pick Plus » de l’IIHS, valide pour notre modèle d’essai grâce à ses phares Laserlight, une technologie BMW qui blanchit la nuit, littéralement. Côté sécurité active, les réflexes félins de cette berline alpha, sa tenue de cap et son étonnante adhérence sur chaussée glacée et enneigée rassurent. Les aides à la conduite perfectionnée viennent compléter le tableau.

Caractéristiques : 8,5/10

Notre Alpha était loin d’être bêta côté contenu. La chaîne audio ambiophonique Harmann Kardon transforme la M340i en salle de concert magnifiquement équilibrée. La conduite pilotée de Niveau 3 se charge de la voiture pendant les bouchons et se débrouille diablement bien à vitesse de croisière; le régulateur de vitesse adaptatif est très progressif et évolue naturellement dans la circulation. En fait, décrire tous les assistants et caractéristiques embarqués transformerait ce texte en roman-fleuve…

Dans les bémols, l’aide au stationnement a vécu un moment de terreur alors que j’ai du placer la voiture le long d’un banc de neige. Impossible de reculer à moins de 30 cm de la haute masse blanche, la voiture panique et applique les freins d’elle-même. J’ai dû me résoudre à prendre trop de place dans la rue. Pour être pointilleux, on apprécierait à ce prix une commande électrique pour les ajustements de la colonne de direction.

Habitabilité : 6,5/10

La Série 3 prend des centimètres au passage de chaque génération, et notre M340i s’inscrit dans cette continuité. Sa longueur la place désormais chez les intermédiaires, même si elle a toujours la largeur d’une compacte. Ces proportions, conjuguées à un empattement très long, la font paraître plus grande qu’elle ne l’est, au grand étonnement des passagers avant qui se trouvent un peu coincés.

Vous aurez compris que l’habitabilité n’est pas le point fort d’une M340i, ou de toute autre Série 3 par ailleurs. On s’y assoit un peu plus incliné qu’à l’habitude, et si ce conducteur de 1,80 m peut s’assoir derrière lui-même, l’espace est plus compté que dans une simple Civic. Ici, l’architecture à propulsion lance un défi à un éventuel cinquième passager, tandis que la hauteur du coffre est restreinte par la présence du différentiel arrière. On parie que plus d’un enfant va s’envoyer une portière arrière en pleine figure – l’espace inhabituellement long entre la poignée et l’extrémité du cadre de la glace surprend en effet (mes côtes s’en souviennent, d’ailleurs).

Confort : 7/10

Rien à redire sur la qualité des matériaux effleurés tant par nos mains que notre regard : on est dans une bagnole de luxe, aucun doute. Le métal véritable au volant, les boiseries discrètes et les cuirs fins contribuent au luxe perçu. Les multiples réglages des sièges permettent de trouver une position assez confortable, mais leur fermeté peut agacer tant que chaque paramètre n’est pas parfaitement adapté à notre anatomie – heureusement qu’il y a deux combinaisons pouvant être mises en mémoire! On apprécie les appuie-têtes coulissants, qu’on peut placer juste où il faut.

Pour les moins extrovertis, le mode Eco Pro assourdi l’échappement au niveau d’une berline plus sage et diminue un tant soit peu le caractère dominant de notre Alpha. Par contre, même en activant le mode Adaptive, les suspensions demeurent assez fermes et vos passagers pourront être surpris d’être aussi secoués sur leurs cuirs fins. On dénote que les amortisseurs font du bon boulot, pas de coups secs issus des pneus à taille basse, mais les ressorts eux font dans le viril…

Bref, pour la conduite de tous les jours, une Série 3 plus modeste serait plus agréable pour le popotin. Les yeux bandés, on se croirait presque en Mustang GT.

Économie de carburant : 7,5/10

Vous dire mon incrédulité à voir l’ordinateur de bord me créditer de quelques 9 L/100km après avoir fait connaissance avec les 382 poulains de cette étable… La M340i étale la supériorité naturelle des berlines sur le monde des camionnettes quand vient le temps de siroter avec parcimonie l’essence Super. Au final, c’est 11,0 L/100 km en usage urbain hivernal mixte, et sans abus du mode Eco Pro si vous voyez ce que je veux dire. Au fait, ce dernier introduit un mode « roue libre », un mode à zéro compression qui débranche le moteur à l’occasion, comme sur feu l’Audi A3 e-tron, son but étant de réduire la résistance au roulement de la voiture et ainsi épargner le carburant.

Ici aussi, l’électronique poussée du véhicule contribue au résultat, alors que le système arrêt-départ visionne les environs (avec les caméras de la conduite assistée) pour ne pas couper inutilement le moteur à un simple panneau d’arrêt. Greta ne lui donnera pas un câlin, mais vu les capacités de ce monstre, sa consommation relativement modeste est épatante.

Valeur : 7/10

Évidemment, un prix de départ de 62 100 $ n’annonce pas l’aubaine du siècle, mais…tout est relatif. Le niveau de performance offert pour ce ticket d’entrée reste concurrentiel, mais à ces tarifs certains éléments du Groupe de Luxe Excellence devraient être offerts de série, par exemple les sièges chauffants, et d’autres comme le couvercle de coffre électrique sont un peu frivoles. La valeur ici est dans le contenu mécanique de haut vol – utilisez la liste des options avec parcimonie.

Conclusion

Passer une semaine en M340i fait réfléchir. On comprend que le rôle de ces modèles alpha est de faire le pont entre les berlines de base et les modèles survitaminés. Ses performances sont ahurissantes, et sa relative frugalité montre à quel point les voitures sont plus efficaces que les utilitaires, aussi poussifs soient-ils. L’assurance de cette machine sur la neige dépasse les attentes et enterre pour de bon le syndrome de la « béhème coincée au bas de la côte » – zéro crainte, elle mord la neige comme un loup.

Le bémol est que BMW a visé trop près de la M3, le degré d’agression étant supérieur de quelques crans aux attentes, au point d’incommoder les passagers. Au conducteur de garder en laisse son pied droit (on vous garantit qu’il va l’échapper souvent), mais le légendaire compromis confort / tenue de route de la marque aux naseaux a été oublié ici au profit des chronos sur circuit. La M340i donne le rendu d’une Série 3 passée à la sauce « Tuning » – il manque à sa mécanique la belle réserve de son esthétique, l’intensité de l’expérience n’étant pas toujours au diapason du moment.

Les concurrents
Caractéristiques
Cylindrée 3,0L
Nb. de cylindres L6
Puissance 382 ch @ 6 500 tr/min
Couple 369 lb-pi @ 1 800 tr/min
Consommation de carburant 11,4 / 8,3 / 10,0 L/100 km ville/route/comb
Volume de chargement 481 L
Modèle à l'essai BMW M340i xDrive 2020
Prix de base 62 100 $
Taxe climatiseur 100 $
Frais transport et préparation 2 480 $
Prix tel qu’essayé 75 030 $
Équipement en option
10 350 $ – Groupe de Luxe Excellence (coffre automatique, télécommande universelle, accès confort, soutien lombaire, sièges chauffants avant et arrière, tableau de bord en cuir Walknappa, éclairage d’ambiance, feux de route adaptatifs, assistant de conduite dans les embouteillages, assistant de conduite professionnel, phares BMW Laserlight, aide au stationnement Plus avec vision périphérique, afficheur tête haute, système audio Harmann Kardon, chargement sans fil, commande gestuelle, point d’accès WiFi), 8 300 $; peinture Bleu Tanzanite II métallisé, 1 450 $; suspension M adaptative, 600 $