Avis d'expert

Nissan Titan 2020 : premier essai

Le segment des camionnettes pleine grandeur, on ne vous surprendra pas, est l’affaire des trois géants américains que sont Ford, GM et FCA (Fiat Chrysler Automobiles). Depuis la présidence de John F. Kennedy, ou quelque chose du genre, les représentants de Ford, de Chevrolet et de GMC, ainsi que de Dodge devenu Ram, dominent les ventes nord-américaines.

D’autres se sont essayés. Studebaker, puis International Harvester, notamment, il y a des lunes.

Puis sont apparus les Toyota Tundra et Nissan Titan ces dernières décennies. Des joueurs intéressants, mais pas outillés pour faire trembler les trois grands.

La vraie bataille, en fait, elle est pour le quatrième rang. En 2007, lorsque Toyota a repensé sa proposition, elle se l’est assurée d’emblée. Seulement, mis à part quelques timides retouches, elle n’a pas revu son œuvre depuis. Chez Nissan, on a aussi procrastiné pendant trop longtemps, soit de 2004 à 2016, ce qui a fait très mal.

Avec la dernière mouture, dévoilée pour 2017, on a fait des progrès énormes, mais le problème, c’est qu’il est difficile de ramener les projecteurs sur soi.

Les retouches importantes apportées pour la nouvelle année ont pour objectif de poursuivre la mission, celle de la reconstruction. Près de 300 millions de dollars canadiens lui ont été consacrés.

En fait, la vraie question à se poser, c’est de savoir si l’on est en présence de la véritable meilleure quatrième camionnette sur le marché, nonobstant ce que nous disent les chiffres de ventes.

Voyons voir.

Design

Le style profite de retouches pour la nouvelle année. Au total, trois nouveaux designs ont été conçus pour la grille, chacune représentant différentes variantes. Les phares sont aussi plus stylisés et adoptent les DEL. Idem à l’arrière et même à l’intérieur de la boîte pour faciliter les opérations.

Avec la version Pro-4X, l’accent est mis sur le caractère et la robustesse. Les accents décoratifs sont plus nombreux et l’on remarque d’emblée la plaque accolée au hayon arrière, un trait unique à la déclinaison. Cette dernière porte aussi un logo Nissan peint en rouge à l’avant. Sur le fond noir de la grille, ça détonne.

De nouveaux designs de roues, de nouvelles couleurs ajoutées au catalogue, des masques de guerrier posés un peu partout (signature du modèle), bref, on tente ici d’offrir un véhicule qui jouera moins au caméléon lors de ses sorties.

Sécurité

Sur le plan de la sécurité, toutes les versions sont servies avec le groupe Nissan Safety Shield 360. Ce dernier comprend six systèmes avancés d’aides à la conduite, soit le freinage d’urgence avec détection de piétons, les alertes pour les angles morts et la circulation transversale arrière, l’avertisseur de sortie de voie, les feux de croisement automatique, de même qu’un système de freinage d’urgence en marche arrière.

En option, il est possible d’opter pour des éléments comme l’avertissement de collision frontale, le régulateur de vitesse adaptatif, ainsi que la reconnaissance des panneaux de signalisation. Un système d’alerte pour l’attention du conducteur, ainsi que l’avertissement pour les places arrière sont aussi de série.

Habitabilité

Aborder le thème de la praticité avec une camionnette, c’est un peu comme prendre le temps de vous expliquer qu’une Mazda MX-5 n’est pas une voiture conçue pour la famille.

Par définition, un pick-up, c’est pratique. C’est sa raison d’être. On ne fait pas exception ici. Ce qui compte, c’est de savoir ce qu’il est possible de remorquer, soit des charges allant jusqu’à 9210 livres, et que la boîte fait 5,5 pieds de long.

Il y a aussi ces petites attentions qui facilitent la vie des gens qui utilisent vraiment leur camionnette. Par exemple, le système Utili-Track pour la caisse ajoute des rails et des crochets, tant aux parois qu’au plancher, pour décupler les possibilités d’arrimage. Des boîtes de rangement pouvant être verrouillées peuvent aussi être ajoutées à la dotation. Un enduit protecteur pour les surfaces ainsi qu’une prise de 110 volts sont aussi de la partie. Bref, le nécessaire y est.

Convivialité

En raison de sa configuration, de l’espace qu’elle nous propose, du rangement infini qu’elle met à notre disposition et de sa liste d’équipement bien garnie, il est facile de trouver ses aises rapidement avec la camionnette Titan.

Et pour aborder le thème de la convivialité, il est nécessaire de toucher à une commodité en particulier, soit le système multimédia. La suite, donc, dans la section suivante.

Caractéristiques

À bord, mis à part l’attention qui a été apportée à la présentation et à la qualité des matériaux, on a ajouté de l’équipement en plus d’en revoir d’autres, comme le système multimédia. En fait, on a droit à la dernière génération du système Nissan Connect. Ce qui saute aux yeux avec ce dernier, c’est sa grande facilité d’utilisation. Ajoutez à cela qu’on a repensé l’interface graphique, maintenant d’une qualité exceptionnelle. Avec les modèles de base, on hérite d’un écran tactile de huit pouces. Sa taille passe à neuf avec les variantes plus garnies. Dans les deux cas, un ajout heureux au véhicule.

En prime, on retrouve un écran d’informations de sept pouces entre les deux cadrans principaux du bloc d’instruments. Encore là, des renseignements à la tonne et une clarté exemplaire. Les applications Apple CarPlay et Android Auto sont reconnues par le système multimédia et l’accès à un réseau Internet est possible. Enfin, une chaîne audio Fender comptant 12 haut-parleurs vient ajouter une touche de luxe intéressante à la cabine.

Puissance

La camionnette Titan profite toujours du même cœur, soit un V8 de 5,6 litres. Ce dernier profite d’un léger gain en puissance cette année, lui qui voit sa cavalerie passer à 400 chevaux, son couple à 413 livres-pieds.

Surtout, une nouvelle boîte de vitesses automatique à neuf rapports lui est associée. Sa programmation envoie plus de couple aux roues pour des accélérations plus souples et plus rapides. Nissan estime avoir amélioré, par exemple, d’une seconde complète le temps nécessaire pour passer de 80 à 120 km/h.

La capacité de remorquage est quant à elle chiffrée à 9210 livres. Pour Nissan, il n’est pas question d’entrer en guerre avec les autres constructeurs à ce chapitre. On préfère miser sur la différence offerte par le modèle, sachant très bien qu’on satisfait la majorité des besoins des acheteurs avec 9210 livres, de toute manière.

Confort

Jadis, la notion de confort à bord d’une camionnette était… tout autre. Aujourd’hui, ces véhicules sont devenus presque aussi confortables que des voitures, sinon tout autant que quantité de VUS.

Nissan livre la marchandise à ce chapitre avec son modèle qui profite, en prime, des sièges Zéro Gravité, une technologie qui garantit une chose; un dos en santé, peu importe le temps passé à bord.

Évidemment, l’espace est roi, tant à l’avant qu’à l’arrière, et l’insonorité est aussi excellente, ce qui ajoute à l’expérience. On entend quand même bien ronronner le V8 en pleine accélération, ce qui ajoute aussi à l’agrément.

Agrément de conduite

La camionnette Titan n’impressionne ni ne déçoit en matière de conduite. Elle livre exactement ce à quoi l’on s’attend et vis-à-vis la concurrence, elle n’a pas à rougir. Sincèrement, si plus d’acheteurs prenaient le temps de la conduire avant de se diriger automatiquement chez un des trois grands constructeurs américains, je pense que ses chiffres de ventes se porteraient mieux. Elle est à ce point convaincante.

Et pour ce qui est de la version Pro-4X, parce qu’on parle ici d’une bibitte franchement différente, elle livre aussi la marchandise. Ses amortisseurs Bilstein, ses pneus tout terrain et son différentiel arrière pouvant être bloqué, notamment, permettent de s’aventurer hors routes sans craindre le pire.

On n’est pas dans les eaux d’un Jeep Wrangler, quand même, mais avec des angles d’attaques et de sorties d’un peu plus de 20 degrés, on passe où d’autres se contentent d’être spectateurs.

D’ailleurs, si une variante représente ce modèle haut et fort sur le marché, c’est bien cette dernière. Nissan n’avait pas de chiffres précis à partager, mais le taux de pénétration de cette mouture approche les 45 % à bien des endroits. C’est de loin la déclinaison la plus populaire de la gamme.

Économie de carburant

Au moment d’écrire ces lignes, nous sommes toujours en attente des cotes de consommation pour ce véhicule. On peut s’attendre à une amélioration par rapport à l’an dernier, principalement grâce à l’arrivée de la boîte à neuf rapports, mais ce bloc ne fait pas de miracle. Notre journée d’essai s’est soldée avec une moyenne oscillant autour de 15 litres aux 100 kilomètres.

Valeur

Les prix des modèles 2020 ne sont pas encore publiés, car ce n’est qu’au début de la prochaine année que les premières éditions vont nous parvenir. D’ailleurs, on nous l’a spécifié, nous étions au volant de modèles de préproduction lors de ce premier contact.

Cela dit, l’acheteur en a pour son argent avec ce produit. La différence, c’est que puisque Nissan ne joue pas le jeu des incitatifs à l’achat, il faut s’attendre à payer plus cher pour mettre la main sur son modèle.

Si nous avions à choisir une variante, la Pro-4X serait notre choix, simplement parce que c’est elle qui est la plus recherchée sur le marché.

Voilà qui pourrait s’avérer salutaire au moment de la revente.

Conclusion

Non, la camionnette Titan n’offre pas beaucoup de configurations. Non, elle ne propose pas plusieurs mécaniques ni une kyrielle de boîtes de vitesses. Nissan sait qu’elle ne fait pas le poids face aux propositions américaines. Ça a le mérite d’être clair.

Elle a investi 230 millions dans la refonte actuelle et elle s’est concentrée sur ce que SA clientèle réclamait. Si elle avait voulu jouer le jeu des Américains, elle aurait pu le faire, mais elle se serait ruinée au passage. Nissan nous offre aujourd’hui un produit plus moderne et plus intéressant que Toyota… qui travaille sur la suite des choses.

En attendant, on continue de miser sur la différence, sur le fait que plusieurs acheteurs souhaitent cette unicité. Au passage, on espère sûrement, aussi, convaincre un nombre croissant d’acheteurs. L’objectif demeure le même partout, soit de vendre des unités.

Les concurrents