Avis d'expert

Premier essai : Volkswagen Arteon 2019

SACACOMIE, QC – Elle roule déjà ailleurs dans le monde cette digne remplaçante de la CC, mais elle se fait encore attendre* de ce côté-ci de l’Océan Atlantique. Voyez-vous, la Volkswagen Arteon est l’une des victimes du scandale des motorisations TDI de 2015, le géant de Wolfsburg qui met toutes ses énergies dans cette renaissance électrique depuis ce moment sombre de son histoire. Ajoutons à cela la mode utilitaire et on comprend mieux pourquoi cette jolie berline-coupé ne figure pas parmi les priorités de la marque.

*Soyez rassurés, lorsque ce texte sera publié sur le site web d’autoHEBDO.net, Volkswagen Canada aura enfin quelques exemplaires de l’Arteon en stock au pays.

Volkswagen Canada a d’ailleurs invité quelques membres de la presse automobile locale pour qu’elle mette à l’épreuve cette nouvelle rivale de la Buick Regal ou même de l’étonnante Kia Stinger, deux autres berlines qui profitent aussi d’un hayon à la place du coffre.

Voici d’ailleurs ce qui est ressorti de ce premier contact à saveur hivernale plus tôt au mois de février!

Plus design qu’une Passat

Ne passons pas par quatre chemins : la raison d’être d’un coupé à quatre portes est avant tout de bien paraître. La silhouette inspirante d’un coupé fait craquer les amateurs, mais l’aspect utilitaire de ceux-ci n’est jamais très pratique. C’est là que deviennent intéressantes ces berlines aérodynamiques dotées d’un large coffre et d’une deuxième rangée de portières. On peut y engouffrer de larges objets grâce à cette ouverture béante créée par le hayon et la possibilité de replier la banquette vers l’avant. La berline-coupé joue à sa manière la carte utilitaire sans cette garde au sol supérieure.

L’Arteon offre donc sensiblement la même formule que la Passat, mais avec un espace de chargement plus malléable et un look qui ne laisse personne indifférent. Ah oui, le prix demandé est pas mal plus salé par contre!

Plus sportive qu’une Passat

Heureusement, l’Arteon hérite d’une batterie de composantes plus musclées que ce qui est proposé à bord de la vieillissante Passat. La plateforme par exemple est celle mieux connue sous l’acronyme MQB, contrairement à celle de la berline assemblée à l’usine de Chattanooga, au Tennessee. Cette architecture qui prend place sous les plus récents modèles de la marque est plus rigide et autorise aussi l’intégration des plus récentes technologies du groupe.

Sous le capot de l’Arteon par exemple, on retrouve la version la plus avancée du 4-cylindres turbo de 2,0-litres de cylindrée, la puissance de ce dernier étant de 268 chevaux et le couple, à 258 lb-pi. La boîte de vitesses qui prend place derrière le moteur est l’automatique à huit rapports qui se retrouve également à bord de l’Atlas, du Tiguan et la Jetta. Mieux encore, l’Arteon profite des quatre roues motrices que lui confère le système 4MOTION. La Passat, elle, doit se contenter du bloc turbocompressé de 1,8-litre, d’une boîte automatique à six rapports et des roues avant motrices.

Bref, l’Arteon est plus proche d’une Golf GTI (ou même d’une Golf R) que de la Passat, sur papier du moins!

Des conditions difficiles pour ce premier essai

Comme je l’ai mentionné plus haut, cet essai effectué dans la région de la Mauricie a été riche en neige et en glace, les bancs de neige accumulés sur les deux côtés de la route qui étaient à leur comble au mois de février. Sur la route, un mélange de plaques de glace vive, de neige et de gadoue rendait la tenue de route un peu plus ardue, mais avec un bon train de pneus d’hiver, la motricité accrue du système 4MOTION et un peu de volonté, nous avons quand même pu essayer l’Arteon dans ce beau coin de pays.

Comme prévu, la rigidité du châssis fait en sorte qu’on se sent rassuré au volant. Les milliers de bosses causés par les tempêtes de verglas ont malmené les composantes de la suspension qui s’est avérée bruyante sur cette surface inégale, mais outre ce détail auditif, l’Arteon s’est très bien comporté sur les routes de la Mauricie.

J’ai aussi pu me rendre compte que la direction de la berline est assez précise pour les moments de conduite exaltante, même si, sans surprise, les sportives du groupe sont mieux nanties à ce niveau. Le système 4MOTION a lui aussi répondu à l’appel dans certaines courbes abordées à vive allure.

La rigidité de la caisse permettrait d’accueillir une mécanique plus puissante, mais étant donnée la mission de la voiture, on comprend pourquoi les ingénieurs ont limité celle du moulin turbocompressé. Qui sait, Volkswagen est peut-être déjà en train de plancher sur une variante R?

La boîte automatique à huit rapports n’a présenté aucune irrégularité pendant ce premier contact. Les changements de rapports s’enfilaient au gré des accélérations et des freinages, tandis que la magie de l’électronique s’occupait de modifier les réactions de la transmission et du moteur. La sonorité à haut régime du moteur n’est certainement pas la plus inspirante de la marque, mais bon, ce n’est pas ce qui importe ici, l’Arteon devant avant tout remplir sa mission de salon sur roues.

Un habitacle sombre, mais…

Justement, puisqu’il est question de salon sur roues, la Volkswagen Arteon s’inscrit dans la bonne moyenne du créneau pour ce qui est de la qualité générale des matériaux, mais également de l’assemblage. La couleur dominante à bord de cette livrée, Noir Titan pour ne pas la nommer, assombrit grandement l’ambiance. Heureusement, le constructeur a deux autres choix au sein de son catalogue et ceux-ci sont plus pâles, voire même plus enjoués avec la sellerie deux tons.

Fidèle à son habitude, Volkswagen propose une planche de bord très fonctionnelle, avec toutes les touches importantes regroupées autour du levier de vitesses et de l’écran tactile. J’aime bien l’effet rectiligne qui traverse les buses de ventilation. Le volant est également fort agréable à tenir en main, un élément que maîtrise le constructeur, tandis que les deux rangées de sièges sont également confortables. Bien entendu, la vision arrière est pénalisée par la forme de la carrosserie, un commentaire qui ne s’applique pas à la forme de la fenestration à la deuxième rangée.

Le mot de la fin

La position de Volkswagen avec l’Arteon est précaire. Non seulement la haute direction mise (avec raison) sur les véhicules utilitaires et le développement de la flotte électrique, mais il reste aussi à déloger quelques bonnes berlines disponibles sur le marché. Et à un prix de départ de 47 995 $, l’Arteon ne se positionne pas comme l’aubaine du groupe.

Elle a du style, une conduite typiquement germanique – à la fois sportive et rassurante – et même un habitacle qui surprend, mais est-ce assez pour convaincre un public qui se tourne de plus en plus vers des véhicules plus hauts? On devra malheureusement attendre pour répondre à cette épineuse question.

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