L’empire Stellantis a pris forme en 2021 lorsque deux conglomérats – le groupe PSA et le groupe FCA – ont uni leurs forces pour devenir l’un des plus importants groupes automobiles de la planète. Au lendemain de la transaction, le nouveau PDG de l’entreprise, Carlos Tavares, a toutefois averti les dirigeants de chacune des entités de ce nouvel empire qu’elles allaient devoir prouver leur utilité – et leur rentabilité – au sein de ce nouveau géant de l’automobile.
Depuis, le principal intéressé a quitté ses fonctions au début du mois de décembre 2024, et ce, malgré le fait qu’il avait réitéré sa volonté de prendre sa retraite au début de 2026. Et même si un nouveau PDG n’a pas encore été nommé à la mi-février de 2025, ça ne change rien : certaines marques sont en danger et si rien n’est fait, elles pourraient bien être envoyées au rayon des divisions automobiles appartenant au passé.
Jouons au jeu des prédictions, si vous le voulez bien, et essayons de voir quelles seront celles qui resteront et celles qui pourraient périr.
Maserati
Nous commençons avec la plus prestigieuse des marques de Stellantis. Le trident italien a récemment redéfini ses priorités en sabrant dans le nombre de ses modèles, notamment à cause de la fin de la production de la plateforme LX du groupe Chrysler. Les Quattroporte, Ghibli et Levante étaient tous basés sur cette architecture qui datait de l’ère Daimler-Chrysler.
Avec l’exotique MC20, la série Gran Turismo renouvelée et le Grecale, Maserati peut séduire plusieurs types de clientèles à la fois. Le passage à l’électrique – avec les modèles tatoués de l’écusson Folgore – pourrait contribuer à une certaine relance du constructeur, quoique le recul de plusieurs marques concurrentes vers une gamme plus diversifiée (électrique, hybride rechargeable et hybride) pourrait bien une fois de plus changer la donne pour Maserati. Et comme Stellantis détient un nombre impressionnant d’options, il ne serait pas surprenant que la haute direction de la marque décide de suivre cette nouvelle tendance d’ici quelques années. Maserati est la marque la plus huppée de Stellantis, et si la haute direction du consortium veut la conserver, d’autres actions devront être entreprises.
Notre prédiction : Maserati est enraciné. Elle restera.
Alfa Romeo
Restons dans le camp italien et sportif, si vous le voulez bien. La marque actuellement composée des trois multisegments (Stelvio, Tonale et le Junior confiné au continent européen pour le moment) et de la berline Giulia, sans compter la très limitée 33 Stradale, n’a pas perdu de son attrait auprès de son public local. Malheureusement, en Amérique du Nord, le parcours récent d’Alfa Romeo n’est pas très reluisant. La qualité des produits est en cause, mais pas l’agrément de conduite, le constructeur qui a toujours plu aux amoureux de la conduite.
Pour survivre, Alfa Romeo devra poursuivre son opération de renouvellement avec de nouveaux véhicules utilitaires et une gamme plus étoffée au chapitre des types de motorisation.
Notre prédiction : Alfa Romeo est trop importante pour ne pas survivre. Le « BMW italien » est là pour rester.
Citroën et DS
Le constructeur aux chevrons n’est pas destiné à une commercialisation en sol nord-américain, idem pour l’aile plus luxueuse DS. Toutefois, la riche histoire de Citroën et le fait qu’elle soit désormais passée à la mode « utilitaire » devraient lui garantir un avenir au sein du groupe. Qui plus est, le choix de motorisations est très varié dans le camp de la marque française. Et ce n’est pas tout, car le constructeur est également un joueur important dans le segment des véhicules commerciaux.
Quant à DS, son avenir n’est pas aussi rose, principalement parce que ses modèles ne sont que des versions redessinées et mieux équipées des produits de la marque d’origine. En revanche, si les stratèges réussissent à ressortir une DS fidèle aux somptueuses berlines des années 60, le constructeur français pourrait bien voir son prestige fleurir. La nouvelle N°8 s’inscrit dans cet esprit de renouveau.
Notre prédiction : Citroën ne s’en va nulle part, mais la partie n’est pas gagnée d’avance pour DS.
Peugeot
L’autre marque française populaire du géant Stellantis est également passée à la mode utilitaire et son éventail de motorisations lui garantit un futur au sein de l’industrie automobile.
Notre prédiction : Peugeot est une division bien ancrée en Europe. Elle restera.
Chrysler
L’histoire récente de Chrysler est plutôt triste. Jadis considérée comme une rivale aux Cadillac et Lincoln de ce monde, Chrysler n’est plus l’ombre d’elle-même, surtout depuis que la berline 300 a pris sa retraite. Résultat : Chrysler se concentre uniquement sur des minifourgonnettes qui, contrairement à la défunte Dodge Grand Caravan, se vendent à prix d’or. Les familles aux budgets limités doivent donc considérer une minifourgonnette usagée ou carrément se tourner vers un véhicule plus petit.
Notre prédiction : La haute direction va tenter une dernière poussée, mais si le public ne répond pas présent à cette nouvelle vague de modèles, Chrysler est voué à disparaître.
Dodge
La division sœur de Chrysler n’est pas en aussi mauvaise posture, notamment parce que l’arrivée récente de la gamme Charger remet les projecteurs sur la division musclée. On devine également que la berline Charger et les motorisations 6-cylindres en ligne vont contribuer à gonfler les chiffres de ventes de la marque. On ne peut pas en dire autant du multisegment Hornet, cousin de l’Alfa Romeo Tonale, qui est simplement trop cher. Quant au très vieux Durango, il attire encore certains passionnés, mais face à la concurrence, le « trois rangées » n’est plus aussi intéressant, à l’exception de sa capacité de remorquage.
Notre prédiction : Dodge est une marque importante pour la portion nord-américaine de l’empire, mais d’autres modèles devront intégrer les rangs pour engendrer des profits.
Jeep
Le spécialiste de la conduite hors route possède une gamme très étoffée pour plaire à n’importe quel automobiliste qui veut se trimballer à bord d’un véhicule à l’apparence robuste. Jeep a même une gamme plus cossue avec les produits Wagoneer, dont le nouveau variant tout électrique Wagoneer S. Avec des icônes comme le Wrangler et le Grand Cherokee, Jeep compte sur des valeurs sûres, mais il faudra des modèles plus abordables afin de garder les plus jeunes dans le giron de la marque.
Notre prédiction : À moins d’une catastrophe, Jeep est l’une des forces de Stellantis et son avenir est assuré.
Fiat… et Lancia
En Europe, Fiat est le fer de lance de Stellantis. Avec des modèles grand public, la marque est plus attrayante pour le consommateur moyen. Au chapitre du design, le constructeur n’a pas perdu de sa superbe, la sympathique 500 qui est toujours aussi jolie après tout ce temps. Le retour du Grande Panda en Europe sera également bénéfique pour les coffres de Fiat. D’ailleurs, comme petit utilitaire urbain, ce dernier, avec sa silhouette carrée au possible, pourrait connaître un certain succès de ce côté-ci de l’océan Atlantique, quoique rien n’est garanti, surtout avec la soif de nos voisins au sud de la frontière pour les VUS plus imposants.
L’aile de performance Abarth est également en jeu, mais sa notoriété est trop importante pour la laisser aller. Il y aura donc des modèles Abarth tant et aussi longtemps que Fiat aura pignon sur rue.
Ce n’est pas aussi sûr pour Lancia, l’autre marque italienne qui attend sur les lignes de côté depuis trop longtemps. Heureusement, l’arrivée de la nouvelle Ypsilon HF confirme qu’il y a encore des passionnés au sein de Lancia. Reste maintenant à voir comment le public répondra à cette nouvelle offensive.
Notre prédiction : Fiat et Abarth sont là pour rester, mais pour Lancia, tout passe par cette renaissance de la dernière chance. Son retrait serait une sacrée perte pour l’histoire automobile italienne, Lancia qui a notamment gagné ses lettres de noblesses dans le cadre du championnat mondial des rallyes.
Ram
Au même titre que Jeep, Ram est l’une des belles réussites de l’empire. Le retrait du lucratif Ram 1500 Classic fait mal aux chiffres de ventes et aux consommateurs qui ne voyaient pas l’intérêt d’acquérir la dernière génération du pickup. Mais bon, le constructeur se devait de tourner la page. À ce sujet, le constructeur devra aussi s’immiscer dans le créneau électrifié de la camionnette pleine grandeur avec le Ramcharger, une variante hybride rechargeable, ainsi que l’édition tout électrique du pickup. Et ce n’est pas tout, car la Ram 1500 doit aussi séduire une clientèle qui était habituée au son guttural du V8 HEMI envoyé à la retraite dans les derniers mois au profit de ce 6-cylindres en ligne biturbo.
Quant à la possibilité de voir des pickups de taille intermédiaire ou même compacte, elle est bien réelle, encore faut-il que la haute direction approuve le projet.
Notre prédiction : Avec le secteur commercial et l’importance de la camionnette plein grandeur en Amérique du Nord, Ram est essentiel à Stellantis. La marque devra toutefois réussir son virage vers une gamme plus électrifiée, avec des modèles plus compacts également.
Opel et Vauxhall
Il y a quelques années à peine, les marques Opel et Vauxhall appartenaient à General Motors. Le duo a toutefois été vendu au groupe PSA avant que ce dernier fusionne avec FCA pour former Stellantis.
Notre prédiction : Les deux divisions demeurent populaires auprès du public européen, mais avec la concurrence de plus en plus forte des marques chinoises, l’avenir pourrait être plus complexe pour Opel et Vauxhall.