Aventure

Conduire en Angleterre: guide du voyageur

Les Canadiens, et les Québécois en particulier, sont friands des voyages en Europe. Hors des grands centres, la bonne vieille automobile reste le meilleur moyen d’explorer et de rentabiliser au maximum ses journées de vacances sur le Vieux Continent, libre de découvrir le moindre village, là où les chemins de fer n’ont point posé le rail.

Hormis quelques panneaux particuliers et l’omniprésence des boîtes manuelles, conduire en Europe s’apprivoise généralement bien. Mais en bons nord-américains que nous sommes, s’il est un territoire où l’automobiliste d’ici se garde une réserve, c’est bien le Royaume-Uni. Chez Sa Majesté, on roule à gauche et le volant est à droite – intimidant! Peu d’entre nous y prennent le volant, mais il y a tant à découvrir en dehors des grandes villes! Nous avons récemment osé, et pour un défi cognitif total, nous avons amorcé notre périple depuis le chic quartier Belgravia de Londres avec une voiture à boîte manuelle! Suivez le guide!

Auto de location : on s’aide à s’aider

Le truc de base en Europe est toujours de louer aussi petit que nos besoins (passagers et bagages), les voies romaines n’ayant pas le gabarit de nos autoroutes. Pour deux adultes avec deux bagages de cabine, nous recommandons la catégorie « Opel Corsa ou équivalent » (pensez Hyundai Accent). Ce sont de bonnes routières, frugales en carburant, amusantes à conduire et généralement dotées d’un bon coffre avec cache-bagage. Surtout, assis du « mauvais » côté, leur position dans l’environnement est plus rapide à maîtriser qu’avec une grande berline ou un utilitaire. Belle découverte : notre locateur nous a remis les clés d’une Dacia Sandero Stepway, marque à bas prix du groupe Renault. Imaginez une Hyundai Venue un peu plus grande, un peu plus haute façon Crosstrek et propulsée par un frugal 3-cylindres à essence. Amusante, spacieuse et bien fenestrée, et surtout dépourvue de tout « fla-fla » qui viendrait nous distraire de notre apprentissage de la conduite à gauche!

Automobile inversée : mode d’emploi

Les questions reçues au retour de voyage m’inspirent ce segment. D’abord, oui, le volant est à droite, mais il s’agit là du « pire » changement. Le levier de vitesses est à votre gauche, et avec la boîte manuelle, les rapports sont au même endroit. La première est donc en haut à gauche, et on grimpe les rapports de gauche à droite, comme chez nous. Les pédales sont aussi placées à l’identique, avec l’embrayage à gauche, le frein au centre et l’accélérateur à droite. Ironiquement, le truc le plus difficile à apprivoiser a été le rétroviseur central sur notre gauche. Le levier des clignotants reste à gauche du volant, et selon la marque celui des essuie-glaces loge toujours à droite. N’empêche qu’en montant à bord la première fois, je me sentais dans une dimension parallèle, tout comme ma conjointe qui se retrouvait à gauche, sans volant. Pas grave chérie, ça va bien aller!

Quitter Londres : faire ses devoirs

Comme pour toute grande ville européenne, Londres comporte ses zones à circulation limitée au cœur de la ville, et bien que certains arrangements soient possibles, il est beaucoup plus aisé de débuter son périple en dehors de celles-ci. Choisissez un locateur dont l’emplacement vous permet de quitter la ville sans avoir à en traverser les zones plus « délicates », car les contraventions automatisées par photo de plaque d’immatriculation sont aussi garanties que salées, surtout que le locateur y ajoutera des frais d’administration. Plusieurs villes, dont Londres évidemment, restreignent aussi la circulation de véhicules plus polluants. Avec une voiture de location récente, ce n’est pas un problème, mais si vous louez un véhicule classique, il vous faudra planifier soigneusement le calendrier de vos déplacements.

Apprivoiser le changement en ville

Avoir sa première expérience de conduite à gauche au sein de Londres n’est pas aussi sot que ça en a l’air. Avec un peu de congestion, vous donnerez une chance à vos sens de s’adapter à l’environnement de conduite inversé sans rien brusquer, en suivant les pare-chocs devant vous. Rien de tel qu’une introduction relaxe dans le trafic pour bien situer votre véhicule dans l’espace, et pour permettre à votre main gauche de développer la dextérité requise pour changer des vitesses!

Sachez lire la route

En zones rurales, les routes sont souvent d’anciens axes médiévaux étroits sans accotements dotés de limites de vitesse de 60 mph (97 km/h). C’est ici que votre entraînement urbain porte fruit, vous permettant de bien situer votre bagnole entre les poids lourds et la végétation qui défile à quelques pouces de votre portière gauche. Les Anglais raffolent des carrefours giratoires, et sur un trajet d’une heure, vous en croiserez une bonne vingtaine. Travail d’équipe avec votre passager avant : les giratoires se négocient en sens horaire, et comme les Anglais se prennent tous pour Hamilton, vous verrez des panneaux de zones de freinage en amont des giratoires, comme sur un circuit! Étudiez panneaux et marquage avant de partir, et notez que toutes les lignes centrales sont blanches, ce qui ne nous aide pas à rester bien à gauche après quelques giratoires qui donnent le tournis.

Le mot de la fin

Avant de partir, planifiez de près vos trajets et faites quelques saucettes sur Google Maps pour vous familiariser avec les routes que vous emprunterez. Et c’est en voyage que l’on apprécie le plus la projection d’appareil intelligent, les indications étant très précises à travers tous ces giratoires…et en français! Bonne route Old Chap!