Dans la culture japonaise, l’atteinte de ses 60 ans marque un jalon important, celui de l’introspection, voire de la renaissance alors qu’on regarde le chemin parcouru, fait le point sur le présent et prépare son avenir. Cette célébration de sa vie a un nom, Kanreki, et 2024 marque justement celui de Toyota Canada. Pour le célébrer, la branche canadienne du manufacturier nippon fait les choses en grand et part en « roadtrip », traversant le pays depuis la borne 0 km de la Transcanadienne à Terre-Neuve jusqu’à la borne 0 km située à Victoria en Colombie-Britannique.
Six étapes, vingt voitures, 9 000 kilomètres et des dizaines de journalistes!
Des fondations de l’entreprise à son exploration des énergies renouvelables, les relations publiques de Toyota Canada ont concocté tout un programme couvrant le passé, le présent et l’avenir de la marque au Canada avec plusieurs arrêts significatifs tout au long des 7 821 km de la transcanadienne, pimentés de quelques détours bien choisis. Chacune des six étapes présentait son propre lot véhicules Toyota et de journalistes automobile invités, accompagnés de véhicules de support pour les représentants de Toyota Canada et de l’équipe technique responsable de tous les aspects logistiques d’une telle aventure.
La caravane a pris la route le 12 août à Saint-Jean de Terre-Neuve et a atteint Halifax quelques jours après. La seconde étape a couvert l’île du Prince-Édouard, le Nouveau-Brunswick et le Québec pour arriver à Montréal, d’où a démarré la troisième étape ralliant North Bay (Ontario). Le quatrième groupe a longé la Transcanadienne de North Bay à Winnipeg, d’où s’est élancée la cinquième étape, traversant les Prairies jusqu’à Calgary, départ de la dernière étape en direction de Victoria, où l’aventure s’est terminée le 30 août.
Invité pour la seconde étape de Halifax à Montréal, votre humble serviteur a pu couvrir 1 800 km en Crown, Crown Signia, GR Supra et Land Cruiser, avec pour co-équipier le légendaire journaliste et pilote de course Jim Kenzie!
Une marque ancrée dans notre histoire
Saviez-vous que la première automobile japonaise assemblée en Amérique du Nord l’a été en Nouvelle-Écosse? Deux hommes d’affaires visionnaires, Peter Munk et David Gilmour (pas celui de Pink Floyd!), ont fondé Canadian Motor Industries (ou CMI) le 6 mai 1964. Leur usine établie près de Sydney recevait des voitures en « kit », question d’assembler ici des véhicules destinés à notre marché et d’éviter les taxes à l’importation du moment. La première voiture à sortir de l’usine CMI en 1968 a été une Isuzu Bellet, et 585 unités ont été produites cette année-là. Et c’est en 1969 qu’une première Toyota Corolla est assemblée au Canada. Avant de débuter la production locale, CMI a importé du Japon des Toyota 700, Isuzu Bellet, Toyota Crown et Toyota Land Cruiser dès 1965 et c’est là que l’aventure canadienne de Toyota a vraiment commencé.
CMI avait des produits, et son alliance avec la japonaise Mitsui lui apportait navires de transport, acier et logistique. Il lui manquait alors un réseau de concessionnaires. C’est alors qu’entre en scène un phénomène de la nature, le québécois Hector Dupuis. Avec son sourire et son enthousiasme pour les produits Toyota, M. Dupuis parcourt le pays pour établir un réseau de concessionnaires, cognant aux portes de petits garagistes. Et c’est ainsi que petit à petit que celle qui allait devenir Toyota Canada Inc. (TCI) en 1980 a bâti son réseau en toute indépendance de la branche américaine, toujours avec l’appui de Mitsui. Notre périple à travers quatre provinces allait nous permettre d’en découvrir plus sur les origines du réseau des concessions Toyota au Canada.
Jour 1 : Halifax à Charlottetown
L’Étape 2 s’est amorcée à Halifax au complexe Steele Wheels, un musée automobile / espace événementiel propriété de Rob Steele, homme d’affaires associé à plusieurs concessions automobiles de la région. Le gamin en moi a été émerveillé par les murs extérieurs de l’immeuble, garnis d’une reproduction à l’échelle 1:1 des grappes de pièces d’un modèle réduit de Chevrolet Corvette 1963, présage des trésors cachés à l’intérieur, dont cette Lamborghini Countach édition 25e anniversaire à l’état neuf et plusieurs bagnoles inspirées du septième art, comme la « Mystery Machine » de la troupe de Scooby-Doo.
Stephen Beatty, secrétaire général de Toyota Canada, y est allé d’une présentation d’ouverture étalant toute l’histoire de la marque au pays, mettant la table à la thématique de l’Étape 2, soit celle de la fondation du réseau de concessionnaires. Peu après, le groupe s’est d’ailleurs déplacé chez Toyota Halifax, fondé par la famille O’Regan, qui est en affaires en Nouvelle-Écosse depuis 1915. Bien qu’attirés par un superbe Land Cruiser de première génération exposé dans la salle de montre, Patrick O’Regan nous a regroupés pour nous présenter une de ses récentes reprises, un Toyota Highlander 2014 avec pas moins de 976 000 km au compteur de sa mécanique d’origine!
Après les photos d’usage, Jim et moi avons entamé notre périple routier avec la berline Crown en prenant la direction de Peggy’s Cove et de son célébrissime phare des plus photogéniques. Mais mettez deux journalistes automobiles dans une belle voiture toute propre, et vous aurez un tout autre genre de safari-photo! À la vue d’une coquette baie, d’un quai et d’un bateau de pêche, nous avons dit en même temps : « On fait demi-tour! » - Jim est autant chasseur de cliché que votre auteur, et la scène était trop belle – jugez-en le résultat!
Cette chasse au cliché nous a d’ailleurs valu la réputation d’être le duo de brebis égarées du groupe. C’est ainsi qu’à la recherche d’un coin de lac pour croquer notre GR Supra Édition 45e Anniversaire et sa robe Plasma orange, le système de navigation issu du partenaire de plateforme BMW nous a enfoncé davantage dans un dédale de routes de gravier… On a eu le cliché, mais Jim et moi étions les derniers arrivés à Charlottetown, et pas à peu près!
Jour 2 : Charlottetown à Rivière-du-Loup
Pas le temps d’admirer la coquette capitale de la plus petite province, car la route nous appelle! Avec le programme structuré de nos hôtes à suivre, je prends le volant du Land Cruiser, mais avec un « mauvais coup » bien précis en tête : en faire une belle photo avec en arrière-plan le Pont de la Confédération, le plus long sur eaux maritimes avec glaces au monde. L’approche du pont côté Nouveau-Brunswick offre cette opportunité et Jim et moi prenons subtilement la sortie pour notre séance photo. Appareils rangés, on regagne la route … pour constater que nous n’avons pas réussi à semer l’équipe de support, qui nous attendait au détour, comme un chien berger!
Après un changement de conducteur près du homard géant de Shédiac, la troupe regroupée s’est rendue chez Acadia Toyota, concession inaugurée en 1968. Le directeur général Éric Girard nous a fièrement montré une Corolla d’une dizaine d’années, reprise de son unique propriétaire avec 750 000 km au compteur. Et que serait un « roadtrip » au Nouveau-Brunswick sans l’obligatoire arrêt à la Côte Magnétique! Jim et moi avons beau être ingénieurs de formation, l’illusion d’optique est totale et notre « Land » a remonté la pente à reculons, atteignant les 12 km/h sans moteur!
Après avoir déménagé nos bagages dans la Crown Signia, nous avons finalement réussi à semer nos bergers le temps de quelques clichés dans le petit patelin de Nackawic au Nouveau-Brunswick, fier site de la plus grande hache au monde, avant de rattraper le groupe à notre hôtel de Rivière-du-Loup.
Jour 3 : Rivière-du-Loup à Montréal
Du soleil et une Supra manuelle, que demander de mieux? Plus de courbes que notre fameuse « 20 », en fait! Les joyeux drilles que nous sommes avons passé le temps sur notre fameux ruban de bitume à mettre en scène quelque photos et captures vidéo des véhicules en mouvement (en toute sécurité - nous sommes des professionnels!) et le temps de le dire nous sommes arrivés chez Lévis Toyota, une concession ayant ouvert ses portes en 1967 sous le nom de Métivier Auto. M. Jacques Émond était non peu fier de nous montrer la « mascotte » de la concession, une Corolla 1969 qui a brièvement appartenu à la famille Métivier avant de s’installer pour de bon dans la salle de montre.
Et nous n’étions pas au bout de nos surprises – nous étions attendus pour le lunch chez Mauricie Toyota, le tout premier concessionnaire Toyota du Québec et en fait l’un des tout premiers au Canada. Le fils du fondateur, Jocelyn Brouillette, était accompagné de sa maman qui était de l’aventure quand tout cela a commencé. Non seulement le bâtiment d’origine existe-t-il encore, mais une splendide petite Toyota 700 Deluxe était en salle de montre. La 700 a été le tout premier modèle Toyota vendu au Canada, et nous avons tous été étonnés d’apprendre qu’elle était mue par un bicylindre de 700 cc refroidi à l’air, et dotée en plus d’une boîte semi-automatique, un luxe que la Coccinelle, sa principale concurrente, n’offrait pas à cette époque.
Toute bonne chose a une fin, et sur la route de Montréal Jim et moi avons dit nos au revoir à nos hôtes, et on s’est souhaité des retrouvailles pour remettre en service la belle chimie qu’on a partagée pendant près de 1 700 km. Une Toyota, c’est pour la vie, un ami aussi!