-
DESIGN8,5/10
-
Sécurité9,5/10
-
HABITABILITÉ8,0/10
-
CONVIVIALITÉ6,0/10
-
CARACTÉRISTIQUES10,0/10
-
PUISSANCE8,0/10
-
CONFORT9,5/10
-
AGRÉMENT DE CONDUITE8,0/10
-
CONSOMMATION DE CARBURANT7,5/10
-
VALEUR7,5/10
Pour ceux qui ont grandi au XXe siècle, s’il est une image qui colle à la réussite financière tout au sommet de la pyramide corporative, c’est bien celle de la grande berline de luxe. Le gentleman en complet-cravate au volant peut aussi bien être un chauffeur que l’heureux propriétaire, mais en voyant passer ces élégants yachts avec leur dégaine de cheval de concours, on ne peut que réprimer un sentiment d’envie ou encore de rêver à sa progression de carrière. Lustrées, racées, chromées, ces longues berlines affichent aisance, goût et réussite, sans le côté « m’as-tu-vu » des clinquantes limousines américaines. Rolls-Royce, Mercedes-Benz et Jaguar ont longtemps dominé ce segment, puis furent rejointes par BMW, Audi et même Porsche. Et si l’élite de l’occident et l’orient lorgne de plus en plus vers les VUS de grand luxe, en Asie, la super berline est toujours le symbole de réussite – la Corée et la Chine meublent d’ailleurs ce segment depuis des décennies. Ce n’est toutefois qu’en 2010 que Hyundai importe en Amérique du Nord sa grande Equus, berline de grand luxe aux ventes confidentielles. Rebaptisée G90 en 2017 sous la nouvelle insigne Genesis du conglomérat sud-coréen, la super berline de nouvelle génération du géant asiatique marquera les esprits à son dévoilement mondial en 2021, nous faisant patienter jusqu’à l’année-modèle 2023 pour prendre enfin sa place au sommet d’une gamme de véhicules dont le succès critique n’est plus à faire. Les rêves corporatifs de votre auteur sont bien au repos, mais pourquoi ne pas rêver bien éveillé la semaine de son anniversaire?
Design : 8,5/10
Il y a longtemps que les têtes ne s’étaient pas autant tournées dans mon sillage pendant un essai routier, même si notre marché ne reçoit que la version « courte », elle dont l’empattement surligne déjà son prestige à grands traits. Si la G90 crève l’écran en photos, elle offre en personne une présence presque intimidante. D’abord, cet immense capot sans joints apparents semble d’une largeur infinie. Les designers ont brillamment abaissé cette pièce jusqu’aux passages de roues, « lames » clignotantes à DEL et phares effilés, une conception brillante, mais qu’efface quelque peu l’imposante calandre avant. Les immenses jantes de 21 pouces façon « flocon de neige », véritables bijoux mécaniques, garnissent des flancs épurés aux poignées télescopiques affleurant les tôles.
L’habitacle longiligne se termine sur des hanches prononcées, le coffre semblant un peu court et en léger déséquilibre, comme une conclusion hâtive à l’histoire que l’avant raconte. Alors que le luxe allemand s’exprime maintenant par une modernité excessive, Genesis préfère une approche old school avec des cuirs Nappa, des matériaux souples, des empiècements de bois et de métal et des contrôles rotatifs moletés. Ce grand luxe est prescient de technologie, incorporant même un écran tactile à l’accoudoir arrière, mais la nacelle d’instruments semble hélas un peu générique pour un véhicule de ce prix. On en retire ce classique sentiment d’émerveillement ressenti lorsque face à un produit de grand luxe – même si un détail ou deux peut agacer, on l’admire.
Puissance : 8/10
Pour le marché canadien, Genesis fait dans le tout compris et ne nous offre que la mécanique de pointe de la G90, assortie à la traction intégrale et à une boîte automatique à huit rapports. L’immense capot abrite donc un groupe hybride léger (MHEV) d’architecture 48 volts qui s’articule autour d’un moteur V6 biturbo de 3,5 litres annonçant 409 chevaux grâce à l’ajout d’un compresseur volumétrique à entraînement électrique. Cette astuce comble le temps de réponse des turbos et lance la G90 depuis l’arrêt avec autorité et linéarité. Ce moteur remplace avec brio et discrétion l’ancien V8 et procure à la G90 des accélérations franches, sans drame. Le 0–100 km/h est abattu en un peu plus de cinq secondes et les reprises ont la poigne d’un chef d’entreprise, selon l’approche main de fer dans un gant de velours. Le système hybride a pour mission ici d’alimenter le compresseur et le système arrêt-départ, d’une douceur impeccable, grâce à son moteur-générateur de 12 chevaux. Le sous-sol du coffre est monopolisé par la batterie Li-ion de 9,8 kWh, une capacité généreuse pour un MHEV, ce qui devrait assurer que le surplus de puissance du compresseur électrique soit toujours disponible. Enfin, on ne sera pas surpris que le remorquage soit déconseillé avec ce club privé sur roues.
Agrément de conduite : 8/10
La G90 possède une architecture à propulsion, avec un moteur placé de façon longitudinale et un biais vers la propulsion. Conjuguée à des suspensions indépendantes multibras et des ressorts pneumatiques, cette approche fournit un rendu flegmatique sur le bitume printanier, malgré les profils très bas des pneus d’hiver de taille 245/40R21 à l’avant, et 275/35R21 à l’arrière. Avec une fiche technique qui singe celles de ses rivales, on ne s’étonnera pas du fait qu’on se sent maître du monde au volant de la G90. Des dépressions qui envoient rebondir des bagnoles plus roturières sont aplanies sans émotion, du plus pur effet locomotive, et l’assise en virage sont aussi « niveau » qu’une table de billard. Sans être une sportive, la G90 peut conserver avec grâce une vélocité affirmée, qu’on peut assagir avec de puissants freins, mais dont la pédale pourrait être plus linéaire (notez que le degré de confort du freinage est paramétrable). La grande dame s’avoue aussi maniable, rayon de braquage, caméras et roues arrière directrices contribuant aux accostages en douceur, bien centrés dans l’espace. Pourquoi la confier à un chauffeur?
Convivialité : 6/10
De nos jours, la contrepartie des véhicules de grand luxe est leur insatiable quête du gadget, et une semaine d’essai est souvent bien peu pour en découvrir chaque fonction, mode et bouton. Les poignées de portières affleurantes ne sont pas plus logiques ici qu’ailleurs vu notre climat – seules trois portières sur quatre ont réussi à briser le verglas d’avril. Et vu que ces quatre portières sont électrifiées, comme chez Rolls-Royce, il vous faut éduquer chaque passager pour qu’ils en apprennent les rudiments, autrement ils vont les trouver fort lourdes à manipuler. Votre auteur a également appris à ses dépens que d’appuyer sur la pédale de frein active la fermeture de la portière du conducteur, même si sa jambe gauche est toujours dehors… L’ordinateur de bord demande aussi une approche réfléchie, car ses différents volets et menus sont accessibles depuis plusieurs contrôles, dont ce petit carré affleurant sur la droite, difficile à maîtriser. Et comme pour la G80, l’infodivertissement possède une structure avec autant de ramifications qu’un organigramme gouvernemental. Une restructuration ministérielle s’impose…
Sécurité : 9,5/10
La G90 2023 a réussi avec brio les épreuves de l’institut des assureurs américains, lui méritant une recommandation « Top Safety Pick + », soit la meilleure note qui soit. On remarque en particulier la cote supérieure obtenue par la suite d’aides à la conduite, elle qui comprend l’assistance d’évitement de collision dans les angles morts, une surveillance périphérique par caméras, une alerte d’attention du conducteur, l’évitement de collisions en marche avant ou provenant de circulation transversale à l’arrière, l’assistance de sortie de stationnement, l’assistance au maintien dans la voie et un régulateur de vitesse dynamique en lien avec les données GPS qui va par exemple ralentir le véhicule dans les courbes. En outre, la G90 est munie du système d’assistance à la conduite sur autoroute « 2 » de Genesis, et sous sa gouverne la voiture est parvenue pour nous à naviguer d’elle-même un tronçon d’autoroute urbaine particulièrement difficile à négocier, avec des virages et des corridors dédiés, sans qu’on ait à intervenir. Le tout pendant un massage de fin de journée…
Caractéristiques : 10/10
Une berline qui évolue dans les plus hautes sphères du marché se doit d’offrir un contenu au-delà des attentes. Les quatre portières électrifiées, une idée empruntée à Rolls, est de série, tout comme les quatre sièges chauffés, climatisés et massants. La cinquième place au centre à l’arrière sera surtout occupée par le lourd accoudoir central, lui dont l’écran tactile permet de singer pratiquement toutes les fonctions des commandes avant, un privilège que le patron derrière peut ravir à son chauffeur. Justement, le siège arrière droit est inclinable avec repose-pied. La climatisation peut répandre trois parfums, au choix, dans l’habitacle. Et que dire de la sonorisation Bang & Olufsen ambiophonique 3D à 23 haut-parleurs et 1 400 W de puissance, sinon que ses réglages sont aussi complexes que ceux de tous les autres équipements embarqués…
Habitabilité : 8/10
Une berline de cette taille offre amplement d’espace pour ses quatre passagers, même avec l’empattement dit « court » de la G90 nord-américaine. Plus vaste qu’une Lexus LS 460, mais un peu en deçà d’une Mercedes-Benz Classe S, la G90 est un salon de grand luxe où personne ne se sentira à l’étroit, sauf peut-être vos bagages. Avec sa ligne surbaissée sise dans le prolongement de la lunette arrière, le coffre de la G90 est plus petit que celui d’une Toyota Corolla, ce qui pourrait potentiellement être embarrassant quand vos invités voudront ranger leurs sacs au club de golf. Vrai que ce coffre doit céder de l’espace à la batterie du système MHEV et aux dossiers inclinables de la banquette arrière.
Confort : 9,5/10
Pour autant que vous ne soyez que quatre adultes à bord, tous vivront une expérience de première classe. Les 18 (!) réglages électriques du siège du conducteur permettent de trouver l’assise idéale (et de la mettre en mémoire), alors que le passager avant doit composer avec 16 réglages « seulement » – même les appuie-têtes sont électrifiés. Chacune des quatre places extérieures dispose d’un menu varié de massages ayant chacun trois degrés d’intensité et des durées paramétrables. L’acoustique est conséquente, la chaîne audio pouvant singer celle du Boston Symphony All, et la voiture de vous couper des intrusions du monde extérieur. La suspension pneumatique garde votre yacht privé bien d’équerre sur le pavage lunaire, et l’habitacle se configure selon quatre menus d’ambiance sonores, visuels et … olfactifs. Confort, vous dites?
Économie de carburant : 7,5/10
L’ordinateur de bord affichant la moyenne de chaque trajet, il nous est possible de vous rapporter que ce vaisseau amiral peut descendre sous la barre des 9 L/100 km sur les autoroutes urbaines. Notre moyenne de 14,3 L/100 km pour cet essai se rapproche de la cote Ville publiée, malgré la marche au ralenti pendant les séances photo et, surtout, pendant une longue période de surplace pour dégivrer les glaces après le verglas historique que le Québec a subi au mois d’avril. En somme, ce boudoir exécutif ne consomme pas plus qu’un VUS familial.
Valeur : 7,5/10
On dit que la valeur n’attend pas le nombre des années, et Genesis n’est qu’un bambin face à des marques aussi légendaires que Mercedes-Benz ou Rolls-Royce. La Série 7 de BMW débute à 147 000 $. Sa grande rivale, la Classe S de Mercedes, 143 000 $. Toujours chez les Allemands, seule l’Audi A8 L avec son ticket d’entrée à 103 200 $ s’avère moins coûteuse que la G90, tout comme la Porsche Panamera (110 962 $), mais ça, c’est avant les options… et il en faut beaucoup des options pour arriver au contenu offert de série dans la G90. Lexus, qui a montré que l’Asie peut boulonner une meilleure Mercedes avec sa LS, l’offre à 111 065 $, toujours avant options. La Genesis G90, au prix tout inclus de 115 000 $, représente donc une excellente valeur dans le segment de la berline de grand luxe.
Conclusion
Le départ de Jaguar de ce créneau a laissé la porte toute grande ouverte à Genesis pour combler l’offre du grand luxe selon une approche plus conservatrice. Avec ses cuirs Nappa, ses boiseries, son pavillon richement tapissé façon suède, ses agencements riches en couleurs, un contenu au-delà des caprices, elle saura séduire plus d’un exécutif. De plus, sa mécanique MHEV est tout à fait dans l’air du temps et lui offre des prestations plus qu’honorables, et l’ensemble est plus cohérent que la Lexus LS qui en fait un peu trop de nos jours. La G90 est la quintessence faite automobile, et votre comptable vous félicitera de votre modération quand vous lui apprendrez que la Rolls-Royce Ghost débute à plus de 400 000 $, avant options…
Cylindrée | 3,5 L |
---|---|
Nb. de cylindres | V6 |
Puissance | 409 ch @ 5 800 tr/min |
Couple | 405 lb-pi @ 1 300 tr/min |
Consommation de carburant | 13,6 / 9,6 / 11,8 L/100 km ville/route/comb |
Volume de chargement | 312 L |
Modèle à l'essai | Genesis G90 3.5T Prestige AWD 2023 |
Prix de base | 115 000 $ |
Taxe climatiseur | 100 $ |
Frais transport et préparation | Inclus |
Prix tel qu’essayé | 115 100 $ |
Équipement en option
Aucun
|