Avis d'expert

Toyota 4Runner Trail 2021 : essai routier

6,9
10
SCORE AutoHebdo
Ce score est attribué par notre équipe d’experts après des tests approfondis de la voiture
  • DESIGN
    7/10
  • Sécurité
    6/10
  • HABITABILITÉ
    8/10
  • CONVIVIALITÉ
    8/10
  • CARACTÉRISTIQUES
    7/10
  • PUISSANCE
    6/10
  • CONFORT
    8/10
  • AGRÉMENT DE CONDUITE
    6/10
  • CONSOMMATION DE CARBURANT
    5/10
  • VALEUR
    8/10

Où étiez-vous il y a exactement 12 ans? Dieu sait qu’il s’en est passé des trucs depuis, mais s’il est une chose qui a bien su stoïquement résister au changement, c’est le 4Runner. La cinquième génération du robuste VUS de Toyota a en effet été introduite en septembre 2009 pour le millésime 2010, alors que son châssis remonte à … 2003. Chez Toyota, les camions ont la vie longue et ils le rendent au consommateur avec une fiabilité et une durabilité qui fait des jaloux dans l’industrie. Néanmoins, le constructeur nippon a su faire traverser les époques à son emblématique VUS en offrant diverses mécaniques et plusieurs livrées, au gré des tendances du moment. Et en ce moment, l’overlanding a la cote, et Toyota de nous offrir en entrée de gamme un 4Runner Trail prêt pour l’aventure. Vous montez?

Design : 7/10

Les amateurs de tout-terrain n’en ont de nos jours que pour l’overlanding, un terme qui couvre de longues sorties hors des sentiers battus, à la recherche de destinations recluses tout en faisant du camping sur le toit de son 4x4 la nuit venue. L’édition Trail du 4Runner fait écho à cette tendance avec sa configuration cinq places qui fait plus de place aux bagages, et à la monte en série d’une galerie de toit avec panier cargo de l’accessoiriste Yakima. Des garnitures et jantes noires complètent le look d’expédition, et les coloris sont limités au vert kaki et gris béton du modèle d’essai. Le tout lui donne une fière allure, même si on peut paraître un peu poseur en ville avec ce kit de brousse.

Pour toutes les livrées, le museau du 4Runner laisse perplexe et ses formes rappellent plus un véhicule de construction qu’un baroudeur à la Land Rover. Le reste de la caisse vieillit mieux, avec des formes équarries serties d’une fenestration généreuse. L’habitacle propose une belle sellerie tout tissu, rare de nos jours, et l’ensemble des touches et molettes sont dimensionnés à la sauce camion. Rien de techno, que des formes simples qui ne cachent pas leur âge, mais l’ensemble est plus élégant que la cabine des Tacoma. Oui le 4Runner a des rides et des cheveux gris, mais il les porte plutôt bien. L’ajout d’un jeu d’éclairage extérieur complet à DEL pour 2021 montre d’ailleurs un effort d’actualisation.

Puissance : 6,5/10

Toute la gamme 4Runner est mue par le même tandem mécanique, à savoir un moteur V6 de 4,0-litres à double arbre à cames en tête et 24 soupapes, bon pour 270 ch et 278 lb-pi de couple, boulonné à une bonne vieille boîte automatique à cinq rapports. Ce moteur de camion, installé de façon longitudinale entre les rails du châssis séparé, souffle comme un grand avec son ventilateur mécanique, très audible au démarrage, et son échappement enroué fait très utilitaire. Bien qu’il livre une capacité de remorquage de 5 000 livres et des performances correctes, le V6 semble peiner face aux 4 800 livres du 4Runner et il préfère de loin une conduite tout en douceur.

Comme le vrai 4x4 qu’il est, le 4Runner Trail offre un boîtier de transfert actionné par le conducteur, une molette rotative permettant de passer de deux à quatre roues motrices, ou encore de choisir la basse gamme pour du tout-terrain en conditions difficiles. Le mode intégral permanent n’est offert que sur le Limited, mais tous les 4Runner disposent de plaques de protection sous leurs organes vitaux.

Agrément de conduite : 6,5/10

Le 4Runner possède une architecture classique de camion avec châssis-échelle séparé et une suspension arrière à essieu rigide et ressorts hélicoïdaux. Ajoutez une garde au sol importante de 9,6 po, une souplesse d’amortissement et une articulation des éléments suspenseurs adaptées à la conduite hors route et vous avez un comportement plutôt balourd sur le bitume – le 4Runner tangue comme un land yacht des années 70, le grand capot plat plongeant et remontant au gré des freinages et accélérations.

Vous aurez compris que la conduite sportive associée aux multisegments modernes est tout à fait absente ici. Le 4Runner préfère une conduite relaxe, tout en souplesse et sa dégaine n’est pas sans rappeler celle des grands Tahoe et Yukon, le plaisir venant du grand confort de ce VUS authentique, et ce, peu importe l’état du bitume. Vous n’en pouvez plus des nids-de-poule? Le 4Runner les franchit sans drame. D’ailleurs, en poussant un peu les gaz sur un chemin de ferme on constate à quel point ce baroudeur est bien adapté ... à l’absence de route.

Convivialité : 8,5/10

Le 4Runner est heureusement livré de série avec des marchepieds latéraux de bonne longueur, car c’est qu’il est haut le bougre! Une fois au volant, on apprécie l’excellente visibilité offerte par la fenestration généreuse et la ceinture de caisse abaissée. Depuis la bonne vieille clé qu’on tourne pour démarrer le moteur aux grosses molettes de climatisation faciles à actionner avec des gants, rien dans le 4Runner ne pose de défi cognitif, un avantage issu d’un design d’une autre époque. Quelques commandes sont toutefois éparpillées, comme celle du contrôle de traction, installée … au plafond.

Un des inconvénients de la robustesse du 4Runner est le seuil très élevé de son coffre. La version Trail à deux rangées de sièges bénéficie d’un plancher plat surplombé d’un plateau coulissant. Même si ce dernier gruge quelques centimètres de hauteur, il vient faciliter le chargement en s’alignant au droit du pare-chocs arrière, question d’éviter des maux de dos. Et il peut supporter 440 livres! Il manquerait juste une tirette pour attraper le hayon ouvert, tout là-haut dans le ciel…

Sécurité : 6/10

Typiquement, les utilitaires à châssis-échelle n’offrent pas les mêmes protections que les véhicules monocoques en cas d’accident, et le 4Runner ne fait pas exception. L’IIHS lui accorde des notes qui vont de « pauvres » à « bonnes » en passant par « marginales » pour la protection des occupants lors des divers tests. Plus lissée, la NHTSA lui accorde globalement quatre étoiles, malgré des carences en risque de capotage.

Vu son âge avancé, le 4Runner est dépourvu de certains aides à la conduite telle l’assistance active au maintien de voie – on retrouve à sa place une simple alerte en cas de sortie de voie. Toyota a toutefois rehaussé le contenu sécurité de son vétéran en lui ajoutant il y a quelques années un système précollision, un régulateur de vitesse dynamique et une assistance au freinage.

Caractéristiques : 7/10

La gamme 4Runner s’articule en groupes d’options basés sur une livrée SR5 « standard ». Le Trail se veut curieusement un groupe crédité qui abaisse le tarif d’entrée du SR5. Il perd donc la troisième rangée de sièges, le similicuir, les sièges avant chauffants, la clé intelligente avec démarrage par bouton-poussoir, l’infodivertissement connecté avec SiriusXM, le toit ouvrant, la climatisation thermostatique et le siège passager à réglages électriques. Si l’un de ces items est essentiel pour vous, eh bien vous devez passer au SR5, livré d’office avec sept places, ou à l’un de ses groupes de surclassement. Le Trail gagne par contre des garnitures noires, la galerie de toit avec panier, des coloris exclusifs, le plateau de charge coulissant et… une glacière Toyota assortie avec sangles d’attache!

Offert à 2 710 $ de moins que le SR5, le 4Runner Trail offre tout de même un équipement décent au tarif demandé, et tant son insonorisation, la qualité de sa sellerie de tissu ainsi que sa chaîne audio de belle qualité camouflent bien le dégarnissage qu’il a subi. Tout l’équipement mécanique reste là, même l’attelage intégré et le harnais d’éclairage qui permettent au 4Runner de tracter 5 000 livres. Pour s’offrir plus de capacité tout terrain, les groupes TRD Hors-Route, Venture et TRD Pro ajoutent au contenu du Trail à cinq places, tandis que le Limited, plus luxueux avec ses cuirs et chromes, conserve les sept places du SR5, tout comme l’édition Nightshade. Aussi, tous les 4Runner disposent d’une lunette arrière qu’on peut abaisser électriquement.

Habitabilité : 8/10

Avec sa configuration cinq places, la version Trail du 4Runner n’a pas à faire de compromis pour loger une troisième banquette. On retrouve donc un coffre volumineux dont l’usage est facilité par ce plateau coulissant et qui se recouvre d’une toile cache-bagages. Les dossiers de la banquette arrière 60/40 se replient bien à plat grâce aux sièges basculants vers l’avant, et la géométrie de l’ensemble permet de tout replier sans retirer les appuie-têtes. Le coffre ainsi obtenu est bien plat et caverneux. On peut aussi passer des objets longs tels des skis dans une ouverture obtenue en rabattant l’appuie-bras central de la banquette.

Avec ses formes équarries, le 4Runner Trail loge aisément trois adultes sur sa banquette arrière, et ces derniers vont trouver amplement d’espace pour les jambes comme pour la tête. Il s’agit de l’un des rares « vrais » cinq places sur le marché. À l’avant, les grands baquets s’adaptent bien à divers gabarits et la console centrale n’est pas envahissante.

Confort : 8/10

Après m’être fait secouer à bord d’un Tacoma il y a quelques semaines, j’avais quelques appréhensions au moment de monter à bord du 4Runner. Heureusement, le VUS de Toyota à châssis-échelle profite de son architecture d’antan pour isoler la cabine des secousses de la route. Il en résulte un degré de confort que les véhicules monocoques atteignent rarement, et qui rappelle le rendement des grands VUS américains à la sauce Tahoe.

Les suspensions, aidées par les pneus à profil très haut, se moquent de l’état de la chaussée et offrent aux passagers un confort royal. S’ajoutent des sièges baquets bien conçus et on comprend alors la popularité de ce VUS là où le bitume rapiécé est roi. Évidemment, le conducteur va tôt réaliser que la direction est très vague et que les virages sont à consommer avec modération, le prix à payer pour cette sérénité. Les passagers vont aussi bien noter les bruits éoliens venant du panier de toit, ces derniers défiant la bonne insonorisation du 4Runner et le bas régime moteur offert sur autoroute par la bonne vieille boîte à cinq rapports. Heureusement, le panier Yakima est amovible.

Économie de carburant : 5/10

Malgré des performances moyennes qui incitent à une conduite tout en douceur, le 4Runner paie le prix de sa robustesse (et de son poids) à la pompe. Nous n’avons pu parcourir qu’un peu moins de 340 km sur les ¾ d’un réservoir d’essence ordinaire, pour une moyenne affichée de 14,5 L/100 km (contre 15,1 à la calculette) qui s’inscrit assez bien dans les cotes publiées dans l’Énerguide. Si le rendement du 4Runner s’approche de celui des grands VUS américains, sa consommation aussi!

Valeur : 8,5/10

Le 4Runner porte une aura de « Land Rover nippon » et jouit d’une fort belle réputation chez les amateurs de 4x4. Sa robustesse et sa durabilité sont également légendaires. Malgré cela, l’édition Trail est offerte à un tarif similaire à celui de multisegments classiques basés sur des architectures à traction avant. Quand on considère les prix moyens vertigineux des Wrangler, Bronco et autres Grand Cherokee, les 46 200 $ demandés représentent une excellente valeur dans le marché actuel. Le budget essence devra être prévu en conséquence toutefois, de même que celui des assurances, le 4Runner étant l’un des véhicules les plus volés au Canada selon le Groupement des assureurs automobiles. Le marché noir de l’exportation apprécie aussi les qualités de ce Toyota!

Conclusion

Avec une longévité sans pareil sur le marché, le 4Runner Trail n’a rien d’un jeune premier. Il épate plutôt la galerie par sa robustesse légendaire, ses excellentes cotes de fiabilité et son format bien étudié. En tant que VUS authentique, il faut savoir manier son boîtier de transfert à rouage intégral temporaire, et accepter ses prestations limitées sur le bitume. Il vous rendra alors de nombreuses années de bons services, en grand confort et en toute sérénité quand la météo se déchaîne ou que le bitume se dérobe. Vous comptez garder votre véhicule neuf pour douze ans ou plus? Le 4Runner Trail peut remplir ce mandat à bon prix, mais vous devrez prévoir un budget essence assez conséquent…

Les concurrents
Caractéristiques
Cylindrée 4,0L
Nb. de cylindres V6
Puissance 270 ch @ 5 600 tr/min
Couple 278 lb-pi @ 4 400 tr/min
Consommation de carburant 14,8 / 12,5 / 13,8 L/100 km ville/route/comb
Volume de chargement 1 311 / 2 515 L sièges rabattus
Modèle à l'essai Toyota 4Runner Trail 2021
Prix de base 46 200 $
Taxe climatiseur 100 $
Frais transport et préparation 1 840 $
Prix tel qu’essayé 48 140 $
Équipement en option
Aucun