Avis d'expert

Essai hivernal : Infiniti QX60 2019

6,7
10
SCORE AutoHebdo
Ce score est attribué par notre équipe d’experts après des tests approfondis de la voiture
  • DESIGN
    7,0/10
  • Sécurité
    7,0/10
  • HABITABILITÉ
    8,0/10
  • CONVIVIALITÉ
    6,0/10
  • CARACTÉRISTIQUES
    8,0/10
  • PUISSANCE
    7,0/10
  • CONFORT
    7,0/10
  • AGRÉMENT DE CONDUITE
    5,0/10
  • CONSOMMATION DE CARBURANT
    6,0/10
  • VALEUR
    6,0/10

Techniquement, au moment de cueillir la clé intelligente du QX60, nous sommes au printemps, mais il fait -8 °C ce matin, on contourne toujours des plaques de glace sur les trottoirs, il y a encore de la neige et l’Infiniti porte des Toyo Observe d’hiver. Oui, cet hiver n’en finit plus de finir, il éternise sa présence au-delà de nos attentes. Les mauvaises langues diront aussi du QX60 qu’il éternise sa présence parmi nous. Il entame en effet sa septième année sur le marché, alors qu’il a été lancé sous le nom de JX35 pour l’année-modèle 2013. Dans un segment de marché aussi compétitif que celui des multisegments intermédiaires de luxe, sept ans, c’est très long. Saura-t-il toujours séduire nos sens malgré ses tempes grises? Allez, on monte à bord pour voir.

Par une forte pluie une piétonne cagoulée est passée juste derrière le QX60 alors qu’on reculait – le véhicule a freiné de lui-même sans drame, comme dans une pub.

La vue

Dès sa naissance en tant que JX35, le QX60 a fait preuve d’un talent de grand séducteur. Et il est d’ailleurs plus grand en personne que sur photo, croyez-en quelqu’un qui fréquente les stationnements souterrains du centre-ville. Dès la première Q45, Infiniti a misé sur les courbes, que ses stylistes maîtrisent dans des arrangements symphoniques. Le Pathfinder, proche cousin de plateforme, semble souffrir d’embonpoint avec ses grandes tôles lisses. Le QX60, au contraire, semble sortir de chez le couturier, avec un peu de vent dans ses fringues. Bon, on sent que le design commence à vieillir, mais son élégance reste. De plus, son coefficient de pénétration dans l’air, à 0,33, n’est pas vilain du tout.

Le grand capot du QX60 abrite une énième version du fameux V6 « VQ » de Nissan-Infiniti. Ce moteur tout aluminium de 3,5 litres est monté transversalement, puisque cette plateforme est à la base conçue pour la traction avant. Ce moulin développe 295 chevaux à 6 400 tours et 270 lb-pi de couple à 4 800 tours. Si le couple est en retrait par rapport au nouveau 4-cylindres turbo du QX50, le robuste V6 atmosphérique autorise tout de même une capacité de remorquage de 2 268 kg (5 000 lb). Par ailleurs, le QX60 est précâblé pour le faisceau électrique d’une remorque. Notre véhicule d’essai disposait en ce sens d’accessoires de remorquage Infiniti très bien intégrés au pare-chocs arrière.

Au Canada, la traction intégrale réactive est offerte de série sur tous les QX60. La puissance est transmise aux roues par une boîte automatique à variation continue (CVT). Aucun verrouillage des quatre roues n’est possible, mais un mode « neige » est offert. Par ailleurs, il n’existe qu’un seul modèle dans la gamme, qu’on garnit à sa guise avec le voluptueux catalogue des options (on y revient…)

L’odorat

L’arôme du cuir flirte avec notre nez dès qu’on ouvre la portière qui, par ailleurs, s’éclaire à notre approche. Monter à bord prend ici tout son sens alors que la marche est passablement haute pour un multisegment, au point de rendre la chose inconfortable pour les moins verticalement nantis. C’est en côtoyant un Chevrolet Tahoe dans la circulation qu’on a réalisé à quel étage on logeait…

Les baquets avant, aux cuirs perforés chauffés et ventilés, disposent de huit réglages électriques côté conducteur et six, côté passager. Avec la colonne de direction télescopique et inclinable électriquement, la position de conduite idéale se trouve aisément et deux conducteurs peuvent mettre en mémoire leurs réglages. Dommage que les commandes rotatives de la température des sièges soient complètement en retrait de notre champ de vision; elles sont difficiles à utiliser, même au pif. En seconde rangée, les deux places extérieures sont chauffées et le passager central doit se contenter d’un appuie-bras comme dossier. On note que la banquette est divisée 60/40 et coulisse de façon à moduler l’espace avec la troisième rangée. Cette dernière est facilement accessible grâce aux sièges centraux qui se replient verticalement sur eux-mêmes.

Le toucher

Dans sa littérature, Infiniti vante les surfaces de contact en cuir véritable. Effectivement, les cuirs qu’on touche sont doux et transmettent une impression de qualité, tout comme le simili bois façon érable. On note aussi les surpiqûres contrastantes et ce capitonnage matelassé sur les sièges, forts jolis, mais cependant fort durs. Hélas, quand nos mains s’égarent, comme quand elles cherchent le fichu piton du volant chauffant complètement hors de vue, elles rencontrent de simples plastiques durs. Le haut du tableau de bord est capitonné, mais la nacelle courbée des instruments est en « dur ».

Les doigts gantés apprécient les multiples touches classiques permettant de contrôler la climatisation et la chaîne audio. La forme arrondie de la portion centrale du tableau de bord rend toutefois invisibles plusieurs touches audio, et le bouton de volume s’avère difficile à manipuler avec des gants en raison de la courbe de la planche de bord. Ces nombreux boutons permettent au moins de limiter les traces de doigts sur l’écran de 8 po du système InTouch.

Tout à l’arrière, la banquette deux places de la troisième rangée trahit sa vocation de classe économique réservée aux enfants par son capitonnage différent en similicuir lisse, son assise trop basse et un dégagement vertical insuffisant pour des adultes de bonne taille (mes 1,80 m compressent le revêtement du pavillon). Clairement, si vous comptez asseoir sept adultes de façon fréquente, lorgnez plutôt du côté des minifourgonnettes, luxueuses de nos jours et moins chères de surcroît.

Le goût

Contrairement aux berlines et utilitaires cinq places de la famille, le QX60 n’a pas le goût du sport et loge plus à l’antenne du bouffeur de kilomètres que du dévoreur de courbes. Rarement ai-je vu une direction si peu encline à maintenir son arc dans une longue courbe. Comme Fido qui tire la laisse pour retourner dans la maison sitôt sortie, le volant du QX60 manifeste une ferme intention à revenir au droit devant dès que possible. C’est aussi dans ce même type de courbe qu’on note un fort roulis et une baisse du flegme observé en ligne droite.

Pourtant, au premier abord, les suspensions semblent juste assez fermes, assurant un confort certain sur les inégalités sans verser dans le nautique. Les grands pneumatiques de 20 pouces à profil bas sont également assez secs au passage de fissures, nids de poule et autres balafres héritées de cet hiver pestilentiel. En contrepartie, on se serait donc attendu à un peu plus de tenue en virage. Dommage.

Le royaume du QX60, c’est définitivement la ligne droite. Sur l’autoroute, la direction est heureuse et précise en son centre, sans jeu aucun. Soit dit en passant, n’allez pas imiter les conducteurs en manque de confiance des pubs de Nissan car le « vieux » QX60 n’offre pas la direction pilotée des récents produits Nissan-Infiniti, même si le logo imprimé sur le bouton qui commande l’armada de capteurs est le même.

L’électronique embarquée gère par contre avec grande efficacité le régulateur de vitesse, assurant une adaptation automatisée aux vélocités des véhicules situés devant vous. Les capteurs continuent leur travail même quand on reprend le contrôle de l’accélérateur, et le QX60 ne se gêne pas pour freiner de lui-même si on tarde trop à le faire. On peut même s’amuser à lui laisser la gestion de la progression saccadée d’une file d’attente menant à un panneau d’arrêt.

Le freinage automatique d’urgence est présent en marche avant comme arrière, et il a pu démontrer son efficacité alors que par une forte pluie une piétonne cagoulée est passée juste derrière le QX60 alors qu’on reculait – le véhicule a freiné de lui-même sans drame, comme dans une pub. Vu le gabarit du véhicule, toutes les manœuvres d’accostage sont facilitées par des caméras 360 degrés.

Le QX60 offre, en sus du mode « Normal », des réglages « Eco », « Sport » et « Neige ». On remercie Dame Nature de ne pas nous avoir offert des conditions propices à l’essai de ce dernier mode. Entre Normal et Sport, bien malin qui saura dire le réglage choisi tant le rendu est subtilement différent. Quand à Eco, on vous met au défi de l’adopter, car il donne plus l’impression de tirer une remorque de 5 000 lb que de livrer de l’écoconduite. Insupportable.

L’ouïe

La fameuse lignée de moteurs V6 « VQ » d’Infiniti est connue pour sa sonorité aussi exquise que sportive. Dans le QX60, la bande audio cherche plus les basses fréquences d’une mécanique à l’américaine, avec un baryton plus « camion » qui annonce la puissance autoritaire d’un VUS classique. Sans devenir intrusif, les yeux fermés on se croirait plus dans la branche « Armada » qu’« Altima » de la famille.

La transmission CVT, cette mal-aimée des chroniqueurs, trouve ici un partenaire de route idéal. Bien malin celui qui saura la différencier d’une automatique conventionnelle tant son adaptation au V6 est parfaite (avec le « quatre » du QX50, c’est tout le contraire). Même ses rapports simulés sont plus sucrés qu’édulcorés. Cela vaut même pour un lancement de la cavalerie sur une rampe d’autoroute, les faux rapports étant passés à s’y méprendre. Ne cherchez pas les palonniers du QX50, son grand-frère n’en a que faire sur les lignes droites qu’il affectionne.

Serein sur les longs déplacements, le moteur du QX60 ne tourne qu’à 1 500 tours/min à 100 km/h, montant à peine en régime à 119 km/h alors qu’il ronronne à 1 750 tours/min, bien loin de sa limite de 6 600 tours. On l’entend donc à peine, et notre ouïe peut se délecter de la sonorisation Bose ambiophonique optionnelle à 15 haut-parleurs, prête à satisfaire les mélomanes « old school » avec son bon vieux lecteur CD, ou les cinéphiles avec les écrans vidéo optionnels incorporés à l’arrière.

Une expérience sensorielle que gâche un peu le système de ventilation, alors que le mode automatique lance la soufflerie à haut régime pendant des périodes soutenues, et fortes en décibels. On ne le remarque que plus en raison de l’insonorisation conséquente au prix du véhicule.

Et le sens des valeurs…

Le QX60 actuel achève-t-il sa campagne de séduction? Allez savoir, Infiniti a mis onze ans avant de renouveler le QX50 à cinq places. Il reste très populaire chez nous, vu son prix de base alléchant pour un véhicule « premium ». Et parlant de « premium », le QX60 préfère la super, qu’il a siroté au taux de 13,1 l/100 km en conduite mixte urbaine (13,4 selon mes calculs), un meilleur « score » que certains rivaux à petit moteur turbo. Il plaît aux yeux, à l’ouïe, au toucher et offre au nez le luxe des cuirs fins même si son goût du sport se limite aux lignes droites. Les options, nombreuses, gâchent toutefois un autre sens, celui des valeurs. La facture des ajouts au véhicule d’essai, 14 650 $, couvre le prix demandé par Nissan pour une Micra 2018 neuve à climatiseur et transmission automatique avec les promotions du moment. À vous d’établir si l’armada électronique optionnelle vous est plus pratique qu’une citadine analogique en rôle de support.

Caractéristiques
Cylindrée 3,5L
Nb. de cylindres V6
Puissance 295 ch @ 6 400 tr/min
Couple 270 lb-pi @ 4 800 tr/min
Consommation de carburant 12,5/9,0/ 10,9 L/100 km ville/route/comb
Volume de chargement 453,2 L / 1 145,8 L / 2 158,7 L derrière la 3e/2e/1re rangée
Modèle à l'essai Infiniti QX60 2019
Prix de base 48 695 $
Taxe climatiseur 100 $
Frais transport et préparation 2 045 $
Prix tel qu’essayé 65 490 $
Équipement en option
14 650 $ – Ensemble indispensable (sièges rehaussés de cuir, chaîne audio Bose à 13 haut-parleurs, mémoire pour sièges avant, support lombaire électrique / conducteur, navigation, caméra de recul avec détection d’objets en mouvement, essuie-glaces à détecteurs de pluie) 5 000 $; Ensemble proactif (régulateur de vitesse intelligent, prévention des collisions en marche arrière, aide au contrôle de la distance, capteurs sonar avant et arrière, contrôle actif en virage, mode Eco, détection et contrôle de sortie de voie, système d’intervention sur angle mort, feux de route automatiques) 4 800 $; Ensemble sensoriel (jantes 20 po, sonorisation Bose à 15 haut-parleurs, toit ouvrant et panoramique arrière, régulateur d’air ambiant, sièges avant chauffants et ventilés, sièges externes chauffants en 2è rangée, cuir matelassé, simili bois érable, hayon automatisé) 4 200 $; Peinture métallisée 650 $; Ensemble divertissement (deux écrans 8 po avec port HDMI 2 casques d’écoute sans fil, commandes sans fil, port USB audio et vidéo) 0 $